21.10.11

Analyse 14 (2011)

Paix et Justice au Moyen-Orient

STRASBOURG, le 21 octobre 2011


cpjmo@yahoo.fr


Victoire «Total» en Libye

Les puissances colonialistes regroupées au sein de l’OTAN voudraient nous faire croire qu’avec l’assassinat de Kadhafi la guerre en Libye est terminée.

Retour rapide sur l’histoire : «En 1939 les Italiens intègrent la Libye au territoire national. Après la campagne de Libye (1940-1943), la France et l’Angleterre administrent le pays.

Par le traité de paix de Paris du 10 février 1947, l’Italie renonce à ses droits, puis l’O.N.U. décide, en 1949, d’accorder l’indépendance à la Libye, au plus tard en 1952. La Libye est déclarée indépendante le 24 décembre 1951. L’Angleterre reçoit en location [une forme déguisée de colonialisme-NDLR] plusieurs bases stratégiques et le droit de maintenir des troupes dans le pays (1953). Les Etats-Unis édifient près de Tripoli la base de Wheelus Field, l’une des pièces maitresse de la stratégie américaine en Méditerranée et au Moyen-Orient.

Le premier septembre 1969, l’armée renverse la monarchie et le Conseil de la révolution, présidé par le colonel Kadhafi, proclame la république.

Pour assurer l’indépendance du pays, le gouvernement obtient (décembre 1969) l’évacuation des bases militaires britanniques et américaines. La British Petroleum est nationalisée en décembre.»

Nous voyons bien qu’avec la soi-disant «révolution libyenne» téléguidée par Nicolas Sarkozy et son ami Bernard Henry Lévy-ennemi juré de la souveraineté palestinienne- les anciennes puissances coloniales française, britannique et américaine font un retour remarqué en Libye. Elles vont récupérer leurs anciens privilèges, leur influence politique, leur position géostratégique et autres bases militaires.

Selon le quotidien Le Monde du 28 septembre : «Total est la première compagnie étrangère à reprendre la production de pétrole. Le groupe pétrolier français gagne ainsi la course-toute symbolique-lancée contre son concurrent italien ENI.» Par ailleurs, «un marché de la reconstruction estimé par le patronat français à 200 milliards de dollars (148 milliards d’euros) attend Bouygues et autres entrepreneurs français.

Derrière la victoire «Total» se dessine, en filigrane, la rage concurrentielle qui anime Français et Britanniques pour évincer les Italiens du marché libyen, longtemps la chasse gardée de Rome.

Il n’y a aucun doute que le peuple libyen se réorganisera et se battra, nous l’espérons, pour retrouver sa souveraineté.

La guerre pour la souveraineté de la Libye ne fait que continuer. Au cours de son histoire moderne, ce pays n’a connu que 42 ans de souveraineté sous le règne dictatorial de Kadhafi.

Les libyens forment un peuple instruit et n’accepteront jamais la transformation de leur pays en colonie occidentale.

16.10.11

Analyse 13 (2011)

Paix et Justice au Moyen-Orient

STRASBOURG, le 16 octobre 2011


cpjmo@yahoo.fr

Jeux d’échec au Moyen-Orient

Drôle de jeux. D’un côté les Etats-Unis, une puissance en déclin, croulant sous le poids des dettes, mais décidés, vaille que vaille, à conserver sa position dominante au Moyen-Orient et en Asie centrale, en maintenant ses bases militaires pléthoriques, véritable gouffre financier.

De l’autre côté, les puissances orientales, la Russie, la Chine et l’Iran, maillon faible desdites puissances, qui occupe pourtant une position, Ô combien stratégique, au Proche et au Moyen-Orient. Les réseaux de l’Iran en Afghanistan, en Irak, dans le Golfe persique, au Liban ou en Asie centrale font saliver plus d’un.

L’étrangeté de ce jeu d’échec découle des faiblesses d’une puissance mondiale dominatrice militairement et financièrement et qui serre chaque jour davantage l’étau autour de l’Iran, en empêchant ses avions de voler, en bloquant ses avoirs dans les banques, en diffusant des mensonges sur l’implication de l’Iran dans la soi-disant tentative d’assassinat de l’ambassadeur saoudien aux Etats-Unis. Dans ces conditions, l’Iran refuse de serrer la «main tendue» des Américains. Le jeu est étrange car le puissant paraît faible et désemparé et le faible se sent en position de force.

En effet, les Etats-Unis se trouvent face au même phénomène qu’ont connu les anciennes puissances coloniales britannique et française : un engagement militaire incessant aux quatre coins du monde conduisant à l’épuisement des forces vives de la nation, à l’enrichissement de l’industrie militaro-industrielle et des sociétés militaires privées affidées, provoquant des crises économiques à répétition et conduisant à l’appauvrissement de la société et à l’affaiblissement de la puissance coloniale.

Malgré son régime archaïque et son industrie militaire incapable de rivaliser avec celle des puissances occidentales, le régime des mollahs pourtant miné par une crise sociale et économique, mène une politique étrangère offensive dans la région. Lors du prochain retrait américain d’Irak et d’Afghanistan, les Etats-Unis ont besoin de sa «bienveillance». De plus, le chevauchement des intérêts antagonistes Washington-Téhéran au Moyen-Orient conduit les Etats-Unis à trouver un terrain d’entente avec l’Iran dont la puissance, même relative, le rend indispensable à une Pax americana au Proche et au Moyen-Orient. Certes, un Iran docile ou très affaibli serait vivement souhaité. D’où l’exercice de pressions croissantes sur l’Iran, en dehors des résolutions de l’ONU, pourtant aux ordres de l’Occident.

La propagande officielle veut donner l’impression que les Etats-Unis souhaitent en finir avec le régime iranien. Ce n’est qu’une impression. Les faits contredisent la propagande officielle. Même en Libye, l’OTAN patauge et applique la méthode Coué : «on a gagné».

La pression croissante exercée sur l’Iran poursuit un seul objectif : négocier avec l’Iran en position de force. Pour l’instant, l’Iran refuse de négocier dans ces conditions et l’avenir nous dira ce qu’adviendra de ce bras de fer qui fait monter la fièvre au Moyen-Orient.

Tout porte à croire que l’Iran ne cèdera pas aux pressions et chantages américains. Le jeu d’échec au Moyen-Orient continue depuis deux siècles. Attendons le prochain «coup» de l’Iran. Le gagnant de ce bras de fer marquera de son sceau l’avenir du Moyen-Orient.