28.9.09

Analyse 22 (le 28 septembre 2009). Iran, Palestine et Israël : 3 mensonges et une vérité.

Paix et Justice au Moyen-Orient

STRASBOURG, le 28 septembre 2009

cpjmo@yahoo.fr

Iran, Palestine et Israël:

3 mensonges et une vérité

Qui peut déloger Israël de la Cisjordanie ?

Lorsque les dirigeants sionistes israéliens se déclarent représentants des survivants de l’Holocauste ou héritiers du martyre juif, c’est un mensonge grotesque. En effet, le sionisme, en tant qu'idéologie constitutive de l'État israélien, prône la conquête territoriale et la pureté ethnique, ce que le commun des mortels qualifie de racisme. Ce sont, bien entendu, les Palestiniens (en Cisjordanie, en Israël et à Gaza) qui en font les frais. Le dernier rapport du Conseil des droits de l’homme de l’ONU, dirigé par Richard Goldstone ("juif et sioniste" selon sa fille) accuse Israël de crimes de guerre à Gaza en 2009. Selon le rapport, l’objectif de Tsahal était de «punir, humilier et terroriser». Les survivants juifs de l’Holocauste et ceux militants des droits de l’homme, condamnant les agissements anti-palestiniens des sionistes, se battent pour la cause palestinienne et refusent de voir en l'État d’Israël le représentant des juifs du monde entier.

Lorsque les dirigeants israéliens prétendent que critiquer l'État d’Israël et ses crimes en Palestine, relève de l’antisémitisme, c’est vouloir placer l'antisionisme au même niveau que l’antisémitisme. Il s’agit d’un deuxième mensonge inacceptable au service du sionisme conquérant, raciste et adepte de l’apartheid en Palestine, qui essaie de brouiller les pistes pour justifier l’injustifiable: le non respect de toutes les résolutions des Nations unies et le crime permanent contre le peuple palestinien.

Lorsqu'Ahmadinejad, président iranien, qualifie l'Holocauste de mythe, il raconte un mensonge, en confondant intentionnellement Israël, état sioniste, et les juifs qui ont subi humiliation, expropriation et un atroce génocide pendant la deuxième guerre mondiale.

Ces trois mensonges voilent une réalité, celle d’un changement de rapports de forces planétaire qui se déroule progressivement sous nos yeux depuis le 27 septembre 2007. A cette date, Condoleezza Rice, secrétaire d’état de l’administration Bush avait annoncé la tenue d’une conférence internationale destinée à discuter des moyens de garantir la stabilité politique de l’Irak. La Syrie et l’Iran étaient invités à participer à cette conférence. Dans l’article «le chant du cygne de l’unilatéralisme» (Communiqué n°23 du 4 mars 2007), nous avons analysé cette conférence comme étant le signe de l’impasse de l'unilatéralisme et la naissance de l’ère multilatérale, l’ère des puissances relatives.

Deux ans plus tard, le reflux de la puissance américaine se fait sentir partout dans la région. L'Irak ne connaît toujours pas la paix et le régime irakien se maintient grâce à la décomposition du pays. «Sachant que, dans la région autonome du Kurdistan irakien, seuls les peshmergas kurdes (sous uniforme irakien) sont habilités à manœuvrer et que, dans le Sud chiite, la presque totalité des troupes sont chiites, on peut conclure que l’armée irakienne reste loin du symbole de la réconciliation nationale» appelée de ses vœux par M. Maliki (premier ministre irakien) (1). Pendant ce temps-là, les attentats meurtriers continuent en Irak et on peut s’attendre à ce que le peuple irakien ne tarde pas à se ressaisir.

L’enlisement des armées occidentales en Afghanistan n’est plus un secret et selon certains analystes, pour sécuriser le pays «il aurait fallu pour cela environ 400 000 hommes, contre 100 000 aujourd’hui»(2). Comme au Vietnam.

Comme en Irak, en Afghanistan les mensonges les plus grotesques entourent l’intervention et les opérations militaires. Dans un entretien avec le journal Le Monde, Anders Fogh Rasmussen, le nouveau secrétaire général de l’OTAN, prétend que «la lutte contre la drogue est un succès». Il parle de la construction de 3500 écoles et affirme que «désormais 85% des Afghans ont accès aux services de santé essentiels»(3).

Concernant les «succès» contre la drogue, la secrétaire d'État américaine, Hillary Clinton, n’est pas du même avis et qualifie l'État afghan de «narco-state»(4).

Quant aux efforts de «construction», dont l’objectif serait d’attirer les faveurs des Afghans à l’égard de la présence militaire occidentale, Natalie NOUGAYREDE, journaliste au Monde, parle clairement de «l’hostilité des populations pachtounes à toute présence occidentale, quels que soient parfois les apports de la reconstruction»(2). D’autant plus que les armées occidentales sont prises dans une nasse qui pourrait se transformer en un nouveau Diên Biên Phu de l’OTAN (voir analyse 4 du 1er février 2009). Le ravitaillement des armées occidentales, par le Pakistan (Passe de Khyber) et par le Nord, sont constamment sous le feu de la résistance afghane et pakistanaise. «Depuis 2008, plus de 700 camions ont été détruits» à la Passe de Khyber(5).

Face à la Russie, les États-Unis ont préféré faire marche arrière et abandonné leur projet d’installation de bouclier antimissile en Europe orientale.

Le même phénomène s’observe avec l’Iran dont les propositions furent acceptées comme base de négociation avec l’Occident. Finies les conditions préalables pour discuter avec l’Iran, qui impose désormais son agenda.

Dans un article d’analyse intitulé : «le déclin annoncé des États-Unis», Marie-France TOINET livre quelques indices économiques du déclin de l’Amérique. De créditeurs jusqu’en 1985, les États-Unis sont devenus, pour la première fois depuis 1913, débiteurs. La chute fut très rapide: leur «stock» de dette extérieure (…) est devenu le plus élevé du monde, atteignant quelque 800 milliards de dollars en 1990. «Si l’on inclut les investissements en portefeuille dans la définition de la dette extérieure, les États-Unis sont de très loin le pays le plus endetté du monde»(5). Ou encore: «Les caisses d’épargne américaines (…) laissent une «ardoise» de plusieurs centaines de milliards de dollars.(…) Bref, l’appareil financier est en plein désarroi (…) L’infrastructure nationale a été laissée à vau-l’eau. La Federal Highway Administration estime que 23% des cinq cent soixante-quinze mille ponts sont structurellement défectueux et que le quart du réseau autoroutier est en mauvais état (...) Au total, les excès reaganiens ont accéléré le déclin américain».

Il est à souligner que les dépenses militaires colossales américaines en Irak et en Afghanistan, qui coutent chaque jour quelques 500 millions de dollars à la trésorerie américaine, aggravent d’autant plus le poids de ses dettes.

Faut-il souligner que le déclin est un phénomène qui peut s’étaler sur plusieurs dizaines d’années.

Actuellement, le rapprochement économique et financier se développe entre l’Amérique Latine et l’Afrique. Leur l’objectif serait de s’émanciper de l’asservissante domination des institutions financières euro-américaines.

Force est de constater que depuis l’ère Bush, deux camps se font face: l’Occident, mené par les États-Unis et l’Orient, au sein duquel sont présents différents pays, allant de la Russie, de la Chine, de l’Iran, jusqu’aux pays d’Amérique Latine tels que le Venezuela, la Bolivie et le Nicaragua. L'Iran constitue le fer de lance du camp Orient.

Signe des temps : la Colombie, avec qui le Venezuela a une frontière commune, a octroyé sept bases militaires aux États-Unis, provoquant l’inquiétude du Venezuela, de la Bolivie, du Brésil et de l’Argentine. Le Venezuela et la Bolivie, en dénonçant une menace pour la stabilité régionale, ont déclaré que cet accord «masque une stratégie globale de domination des États-Unis»(7).

Pour l’instant, les deux camps Occident-Orient sont dans un équilibre instable. Mais, la situation évoluant vite, dans un futur proche, la naissance d’une nouvelle alliance militaire, concurrente de l’OTAN, n’est pas à écarter. Cette nouvelle alliance militaire reposera-t-elle sur le traité de Shanghai? Affaire à suivre.

Le Moyen-Orient (Liban et Palestine) est le principal champ de bataille de l’affrontement Est-Ouest. C’est dans un tel climat qu’il faut analyser les impasses des «pourparlers de paix» israélo-palestiniens. Impasses, car la situation se débloquera le jour où les rapports de force militaire tourneront à l’avantage de l’Orient. Sinon, Israël continuera le blocus inhumain de Gaza, le massacre des Palestiniens et la colonisation de la Cisjordanie. La pureté ethnique, si chère aux sionistes, est à ces prix-là. Mahmoud Abbas n’en ignore rien.

De même, un blocage entre les partisans des deux camps empêche le Liban de former son gouvernement. Pour débloquer la situation, un clash militaire (où et de quelle ampleur?) serait-il indispensable? A suivre.

(1) Cécile Hennion et Sylvain Cypel- Le Monde du 23-24 août 2009.

(2) Natalie NOUGAYREDE- Le Monde du 10 septembre 2009.

(3) Le Monde du 05 septembre 2009.

(4) Le Monde du 18 septembre 2009.

(5) Le Monde du 10 septembre 2009.

(6) Manière de voir- Octobre-novembre 2009.

(7) Le Monde du 30-31 août 2009.

3.9.09

Analyse 21 (2009)

Paix et Justice au Moyen-Orient

STRASBOURG, le 3 septembre 2009


cpjmo@yahoo.fr


État palestinien: demain on rase gratis


Les «négociations de paix» israélo-palestiniennes sont à nouveau à la mode. Depuis leur apparition, le scénario reste immuable: voyage d’un émissaire américain au Moyen-Orient suivi d’échange de poignée de mains devant les caméras de télévision du monde entier entre l’émissaire et le premier ministre israélien; dissertation sur le pourcentage de territoires revenant aux Palestiniens; divergence sur le statut de Jérusalem; promesse d’une rencontre tripartite; efforts et sacrifices supplémentaires demandés aux Palestiniens. Et finalement «imminence» d’un accord à «portée de main» avant…la fin du monde !


D’aucuns pensent qu’avec Barack Obama et son émissaire, George Mitchell, les chances de la paix augmentent. Or, les négociations actuelles butent comme toujours sur l’extension des colonies en Cisjordanie. Selon les informations disponibles, «M. Obama demande un «gel» pour au moins un an. L’entourage de M. Netanyahou laisse entendre qu’Israël pourrait accepter six mois»(1). On voit bien qu’on est encore très loin des pourparlers sur la constitution d’un État palestinien, alors qu’en réalité la construction de nouvelles colonies se porte à merveille, anéantissant tout espoir pour les Palestiniens.


Selon un diplomate américain qui s’exprimait sous couvert d’anonymat: «préserver le statut quo et gagner du temps face aux pressions, Israël a toujours su faire cela avec grand talent»(1).


Y a-t-il vraiment des pressions sur Israël ? Si B. Obama était vraiment sincère, pourquoi n’exigerait-il pas l’application des résolutions des Nations unies par ses amis israéliens? En effet, l'État d’Israël est un État hors la loi qui n’a respecté aucune des résolutions des Nations unies dont l’application faciliterait amplement la création d’un État palestinien.


Selon les experts, 121 colonies ont été établies en Cisjordanie, rendant impossible la création d’un État palestinien, faute de continuité territoriale. Selon Washington Post «Quand Jimmy Carter disait (en 1980) que les colonies sont des «obstacles à la paix», il y avait 61500 colons. Quand Ronald Reagan estimait (en 1982) que les colonies n’étaient «en rien nécessaires à la sécurité d’Israël», les colons étaient 105 595. Aujourd’hui, ils sont 479500»(2).


Comme la proposition de paix saoudienne en 2002, la «feuille de route» du Quartet en 2003 et le processus d’Annapolis en 2007, Barack Obama pourrait obtenir son «processus de paix» en 2009 ou en 2010, en reléguant, plus tard, le «processus de paix» au président suivant, et ainsi de suite. Pendant ce temps là, la colonisation de la Cisjordanie continuera avec l’aval tacite des «amis» occidentaux d’Israël, renforçant la position des tenants de la création d’un «État binational», autre nom du «Grand Israël» si cher aux sionistes «purs sangs».


Magnanimes avec leurs amis, les États-Unis sont fermes avec leurs adversaires. Les Émirats arabes unis (base militaire des États-Unis) ont récemment saisi «un navire transportant clandestinement des armes nord-coréennes destinées à l’Iran», en violation de la résolution 1874 (3). Application des résolutions des Nations unies pour les uns, indulgence pour les autres. Ainsi va le respect de la loi internationale par les Américano-sionistes.


Depuis l’été 2006, Israël n’est victorieux dans aucun conflit(4). Les guerres d’Irak et d’Afghanistan, suivies de la crise économique, ont affaibli et endetté les États-Unis.


Il règne actuellement une situation «ni guerre, ni paix» au Moyen-Orient qui ne peut pas durer. La résistance libanaise se porte bien. Malgré le blocus inhumain de la bande de Gaza, le Hamas n’abdique pas. Face à la résistance farouche des Afghans, la situation militaire se dégrade chaque jour et la contestation monte dans les pays engagés en Afghanistan. Faut-il continuer à dépenser des milliards et à perdre des militaires dans un pays qualifié d’imprenable?


La situation pourrait basculer à tout moment, rompant l’équilibre fragile des forces qui prévaut actuellement dans la région. Le rêve de puissance de l'État d’Israël ne résistera pas à ces transformations attendues.

Le Moyen-Orient est gros de nouveaux conflits.


(1) Sylvain CYPEL-Le Monde du 26 août 2009.

(2) Le Monde du 30 mai 2009.

(3) Le Monde du 30-31/ août 2009.

(4) Analyse 10 du 13 avril 2008.