Paix et Justice au Moyen-Orient
STRASBOURG, le 23 mars 2013
Le droit de violer le droit humain et international
La
propagande officielle, diffusée par des médias largement acquis aux puissances
militaires et économiques nord-américaines et européennes, donne toujours une image
de ces puissances comme étant soucieuses et respectueuses du droit
international et des droits humains.
La
main posée sur le cœur et sur l’Evangile, les représentants desdits pays
stigmatisent les pays «voyous», situés souvent en Asie ou en Afrique,
principales zones d’influence des puissances colonialistes. Certains dirigeants
de ces pays sont traduits devant la Cour Pénale Internationale (CPI), qui n’est
pourtant pas reconnue par les Etats-Unis. Et il y a de quoi. Les dirigeants de
cette puissance, malgré un Président prix «Nobel de la Paix», sont conscients
des crimes commis par l’armée américaine en Irak, en Asie ou en Europe ;
crimes encouragés et couverts par différentes administrations américaines.
Israël,
l’allié stratégique des Etats-Unis au Proche et au Moyen-Orient, n’est pas
mieux loti. En effet, état violeur permanent du droit international, Israël est
accusé de pratiquer l’apartheid en Palestine- lequel est pourtant qualifié de
crime contre l’humanité- . Dernier exemple, «le ministre israélien des
transports a institué, lundi 4 mars, deux lignes de bus entièrement réservées
aux Palestiniens.» (1) Pour des organisations de défense des droits
de l’homme israéliennes «les bus Afikim sont ceux de la ségrégation» (1).
Lorsqu’un
Israélien est aux mains des «terroristes» palestiniens, la presse occidentale
est bruyante, voire excitée et agitatrice. Mais, elle ne dit rien des
conditions de détention des milliers de prisonniers palestiniens (évalués à 8000 !), femmes, hommes enfants, emprisonnés sans jugement, dont le
seul «crime» est leur appartenance ethnique. Une dépêche de 9 lignes seulement
a été consacrée à Arafat Jaradat, 30 ans, mort dans une prison israélienne et
dont le corps autopsié montrait des blessures et des fractures sur le corps et
des contusions sur le visage de la victime (2). Si le même
traitement avait été infligé à un Israélien par un groupe palestinien, la
presse occidentale aurait crié au terrorisme.
En
plus de ses pratiques racistes à l’égard des Palestiniens, l’état d’Israël ne
cesse de violer le droit à la souveraineté territoriale et politique de ses
voisins, pourtant états membres de l’ONU. Ainsi, l’armée israélienne s’autorise
le survol journalier et permanent des territoires libanais-vingt mille
violations [israéliennes de l’espace aérien libanais] sont répertoriées chaque
année (9)-, et syrien. «Le ministre israélien de la défense, Ehoud
Barak, a reconnu implicitement que son pays avait mené le raid aérien qui a
visé, mercredi 30 janvier, un centre de recherche militaire dans la banlieue de
Damas…» (3)
Récemment,
six anciens patrons du Shin Beth, service de renseignement israélien, se sont
élevés contre les assassinats ciblés ou «exécutions extrajudiciaires»
qui, selon eux, ne font pas gagner une guerre. Sauf que ces assassinats,
pratiqués au nom de la «sécurité» d’Israël, causent beaucoup de dégâts
collatéraux. «Une partie de la famille de ce responsable militaire
[Salah Shehadeh] du Hamas a aussi été tuée après le largage d’une bombe d’une
tonne sur la maison où il résidait, à Gaza.» (3)
Le
traitement inhumain des prisonniers palestiniens est tel que des responsables
militaires ou sécuritaires s’insurgent, surtout lorsqu’ils sont à la
retraite ! Ami Ayalon se souvient de la première fois où il s’est rendu au
centre d’interrogatoire de Jérusalem : «C’était dans la prison de
Jérusalem, la pire possible, elle date des Turcs. Les conditions sont telles
que tout homme normal avouerait qu’il a tué Jésus…Là, on fait pression sur un
homme qui comprend qu’il finira par cracher le morceau et que le plus tôt sera
le mieux.» (4)
Bref,
les bus de ségrégation ; la torture des prisonniers palestiniens ; la
violation de la souveraineté des Etats voisins et les assassinats
extrajudiciaires sont des pratiques courantes d’un Etat proclamé par la presse
occidentale comme étant le seul Etat «démocratique» et, donc, «civilisé» de la
région.
Pour
assurer leur domination planétaire, les Etats-Unis utilisent les mêmes
pratiques. Ils ont organisé l’enlèvement des opposants, placés dans des prisons
secrètes en Pologne, en Lituanie et en Roumanie et ont appelé cela le «versant
illégal de la guerre contre le terrorisme». Ainsi, le 17 février
2003, Abou Omar, de son vrai nom Oussama Hassan Nasr, est enlevé en pleine rue
à Milan. (5) Qui peut mieux faire ?
Un
autre opposant affirme avoir subi des tortures dans une prison secrète de la
CIA sur la base militaire polonaise de Stare KiejKuty. (5) Un
rapport de l’organisation Open Society Justice Initiative recensait 136 «victimes»-mais
«peut-être bien plus»- de la coopération entre l’administration Bush et
des Etats étrangers. Cinquante-quatre pays auraient collaboré de diverses
manières à des actions illégales de la CIA. (5) C’est ce qu’on peut
appeler une «internationale des enlèvements et des tortionnaires» ! Une
«internationale» composée essentiellement de pays qui ont choisi le «camp de la
liberté» dirigé par les Etats-Unis.
Les
Américains abusent également et amplement des exécutions extrajudiciaires.
Ainsi, John Brennan, choisi par Barack Obama pour diriger la CIA, défend devant
le Sénat les assassinats ciblés par drones. Le sénateur indépendant Angus King
estime que, dans les assassinats ciblés, la CIA joue «le rôle du procureur,
du juge et du bourreau». (6) Force est de constater que le prix
«Nobel de la Paix» n’a pas beaucoup réussi à Barack Obama qui continue à
soutenir les assassinats extrajudiciaires ; car, dans la logique de Barack
Obama et de ses compères, la vie d’un Pakistanais, d’un Afghan ou d’un Yéménite
n’a pas le même poids que celle d’un Américain.
Le
Monde .fr avec l’AFP du 03 mars 2013 révèlent qu’en février, dix civils
afghans, dont cinq enfants, avaient été tués dans un bombardement de l’armée
américaine dans la province du Kunar. Rien qu’en 2004, la CIA a effectué 320
frappes au Pakistan, tuant au moins 139 civils. (7) Bravo Monsieur Barack Obama. Merci à l’équipe
qui a choisi le titulaire du prix «Nobel de la Paix».
Après
le prix «Nobel de la Paix», il serait temps de décerner le prix «Nobel de
l’humanisme» à Barack Obama et à ses alliés européens !
Qui
se ressemble, s’assemble. Les émirats, «amis» américains du Golfe Persique, sont
en mesure de rafler tous les prix, réservés aux droits de l’homme et aux
libertés. Ainsi, dans une chronique intitulée «nos amis liberticides du Golfe»,
le journaliste Gilles Paris, dénonce : «parodies électorales (…),
puissance répressive exorbitante du droit, prédation des ressources pour le
profit d’un clan» (8), caractérisent ces petites monarchies, mises
en place par les colonialistes britanniques, dans le seul but de siphonner à
bas coup le pétrole de la région.
Force
est de constater que la Cour Pénale Internationale (CPI) et le prix «Nobel de
la Paix» ne sont que des instruments de domination planétaire, au service des
puissances colonialistes occidentales.
(1) Laurent
Zecchini- Le Monde du 07 mars 2013.
(2) AFP- Le Monde du
26 février 2013.
(3) AFP- Le Monde du
05 février 2013.
(4) Samuel
Blumenfeld et Gilles Paris- Le Monde du 12 mars 2013.
(5) Benoît Vitkine-
Le Monde du 15 février 2013.
(6) Sylvain Cypel-
Le Monde du 09 février 2013.
(7) Corine Lesnes-
Le Monde du 04 décembre 2012.
(8) Gilles Paris- Le
Monde du 1er mars 2013.
(9) Laure Stephan-
Le Monde du 19 octobre 2012.