24.1.07

Communiqué n° 15


Paix et Justice au Moyen- Orient
STRASBOURG le 28 janvier 2007

cpjmo@yahoo.fr


Les prémices de la chute de l’Empire ?


LORD CURZON, le vice-roi britannique des Indes de 1899 à 1906 disait : «Turkestan, Afghanistan, Transcaspienne, Perse- pour beaucoup de gens, de tels noms évoquent seulement un mystérieux lointain, le souvenir d’aventures étranges, une tradition romanesque désuète. Pour moi, je l’avoue, il s’agit là des pièces d’un échiquier sur lequel se dispute la partie pour la domination du monde.»

EN 2007, ces propos pertinents restent encore d’actualité, à condition d’ajouter l’Irak à la longue liste de pays et contrées faisant partie du «centre névralgique» du monde.

POUR avoir une idée de l’importance stratégique du Moyen-Orient en général et de l’Irak en particulier sur la physionomie actuelle du monde, il suffit d’analyser les changements induits dans les rapports de forces planétaires suite à l’invasion de l’Irak par les Etats-Unis. D’abord, la «guerre préventive» américaine contre l’Irak, suivie de son occupation, concrétisa l’enterrement définitif de l’ancien ordre bipolaire, issu de la deuxième guerre mondiale. Ensuite, la conquête de l’Irak (le second accès à l’Océan indien de l’ancienne puissance coloniale britannique) modifia stratégiquement les rapports de forces en faveur des Etats-Unis, non seulement au Moyen-Orient, mais à l’échelle mondiale. En effet, une puissance planétaire doit contrôler absolument les principales sources d’énergie. L’intervention américaine en Irak (deuxième réserve pétrolière au monde) a permis aux Américains de mettre la main sur tous les robinets (sauf ceux de l’Iran) de pétrole du Moyen-Orient. C’est un énorme moyen de pression sur les «amis» et concurrents des Etats-Unis qui, grâce à leur puissance maritime, contrôlent, en outre, les principales routes maritimes du commerce mondial.

L’ENLISEMENT, synonyme d’échec cuisant, des Etats-Unis en Irak annonce-t-il une modification des rapports de forces mondiaux? Pour Richard Haas, président du «Council on Foreign Relations», la réponse est oui: «La guerre de l’Irak marquera la fin de l’influence américaine au Moyen-Orient, comme la deuxième guerre mondiale a marqué la fin de l’influence européenne.» A son tour, à l’occasion des vœux du corps diplomatique, Jacques Chirac a défendu un monde multipolaire où l’émergence de nouvelles puissances «marque la fin de la domination séculaire et sans partage de l’Occident».

LES GRANDES manœuvres planétaires de positionnement ont d’ores et déjà commencé. Dans le but de retarder la chute inévitable du «faucon» américain, l’Allemagne et le Japon, les alliés et anciens vaincus de la deuxième guerre mondiale, se rangent désormais derrière le «patron» américain, complètement discrédité et à bout de souffle. «Horst Köhler, le président allemand, estime qu’il serait «stupide et myope » de «rester les bras croisés» et de laisser les Américains seuls face au «désastre» irakien.» (Le Monde du 14/11/2006). De son côté, Tokyo se rapproche de l’OTAN. Car Washington veut une OTAN à vocation mondiale. Dans cet objectif, l’Agence de défense japonaise a été transformée, mardi 9 janvier 2007, en «ministère de la défense» et le Japon ne cache plus ses ambitions planétaires.


LES OPPOSANTS à la politique guerrière, dévastatrice et ruineuse des Etats-Unis, qui a conduit ceux-ci dans l’impasse, ne restent pas les bras croisés.

LES BRITANNIQUES et les Français, prévoyants, se démarquent, en douceur, des Etats-Unis. On parle même de «crispation transatlantique». «Le Foreign office a repris les contacts en coulisse avec Damas et Téhéran.» (Le Monde du 20/01/07) ; et Paris compte envoyer un émissaire de haut rang à Téhéran.

AFIN de montrer son importance stratégique, ses ambitions sur la scène internationale, la Russie a coupé le robinet de son pétrole à l’Occident et équipe l’Iran de missiles antiaériens de technologie avancée TOR-M1. De son côté, la Chine a testé avec succès son missile capable de neutraliser des satellites.

TOUT indique que, sur le plan des objectifs militaires, seul Israël reste entièrement sur la même longueur d’onde que les Etats-Unis. Le voyage en Syrie de Mahmoud Abbas, président de l’Autorité palestinienne, porteur éventuel de quelque «promesse israélienne», signifie-t-il une tentative des israéliens de neutraliser la Syrie dans l’objectif d’une confrontation avec l’Iran? Les américano-israéliens n’ont pas réussi leur politique de division pour encourager la guerre civile en Palestine. Réussiront-ils leur politique de division consistant à casser le front irano-syrien?

IL EST heureux de constater que les dégâts causés au modèle américain par la politique de G.W.Bush et de ses comparses, sont énormes. «Dans le tiers monde, le modèle américain, le marché, la démocratie ne sont plus pris au sérieux. Quand nous parlons des droits de l’homme, on nous répond Abou Ghraib.» dit Francis Fukuyama, le père idéologue du néoconservatisme. Par ailleurs, il estime que "pour restaurer l’image des Etats-Unis dans le monde, il faudrait une génération". Toujours selon lui, «l’Irak est sans doute le plus grand désastre de politique étrangère depuis le Vietnam.» .»(Le Monde du 14-15/01/07).

MALGRE les bruits pressants de bottes dans le Golfe persique, tout n’est pas encore joué. Les Démocrates, conscients des dégâts causés par la politique guerrière et obscurantiste de G.W.Bush dans le monde, ont l’intention de résister à sa politique réactionnaire, qualifiée «la plus marquée à droite, sinon de l’Histoire» par Peter Hain, ministre de l’Irlande du Nord, numéro deux du Labour.

UNE GUERRE déclenchée contre l’Iran, quelle que oit sa forme (bombardements des sites nucléaires,…) est tout simplement qualifiée de «folle» aussi bien par F.Fukuyama que par tous les spécialistes de la région. Une guerre contre l’Iran ne fera qu’accélérer la chute du «faucon» américain.

18.1.07

Communiqué n° 14


Paix et Justice au Moyen- Orient
STRASBOURG le 21 janvier 2007
cpjmo@yahoo.fr



Le colonialisme «moralisateur»


Comme tout phénomène social, politique et économique, le colonialisme évolue et s’adapte à son environnement. Le colonialisme américain n’échappe pas à cette règle.

SON évolution récente comporte deux phases: la première remonte à l’époque de Jimmy Carter (1976-1980) qui, pour gommer la défaite américaine au Vietnam et contrer l’offensive de l’Union soviétiques, a mis au point une «nouvelle pratique» diplomatique: le combat pour les «droits de l’homme». C’est en son nom que le monde assista à la conquête de l’Afghanistan puis de l’Irak, pour répandre la «démocratie» et les «Droits de l’Homme» américains, avec les conséquences que l’on connaît : permanence de la violence et de la brutalité colonialistes (on parle de 650000 victimes irakiennes), scandale de la prison Abou Graïb en Irak, destruction des infrastructures irakiennes et afghanes, développement de la culture du pavot en Afghanistan, corruption galopante dans les pays conquis, guerre civile, vietnamisation de l’Irak et irakisation de l’Afghanistan, etc.

AFIN de poursuivre ses guerres colonialistes, contestées au sein même des Etats-Unis, l’administration Bush a mis au point une «nouvelle pratique»: «moraliser» l’occupation. C’est la deuxième phase de l’évolution du colonialisme américain. L’«honneur» de la «moralisation» revient au général David Petraeus, successeur du général George Casey, co-auteur du nouveau manuel antiguérilla définissant la doctrine de l’armée américaine pour combattre l’insurrection. Selon le nouveau manuel: «Une opération militaire qui tue cinq insurgés est contre- productive si les dommages collatéraux conduisent au recrutement de cinquante autres.» Ou encore: «perdre la légitimité morale revient à perdre la guerre.» En tout, 241 pages de «leçons de morale» s’adressent aux militaires américains. Reste à savoir si, même «moralisateur», le colonialisme arrivera à s’imposer à un peuple avide de son indépendance, de sa souveraineté, de sa liberté et de sa dignité? Il est certain que l’Histoire répondra, une fois de plus, par la négative.

EN plus de certains généraux de l’armée américaine, la «nouvelle stratégie» guerrière de l’administration de G.W.Bush soulève le scepticisme des milieux politiques américains et européens. L’Amérique n’a-t-elle pas déjà perdu sa légitimité morale, donc la guerre?

Tensions franco-américaines et divergences franco-allemandes


SUR le Moyen-Orient, les «leçons de morale» du nouveau commandant sur le terrain des troupes américaines en Irak n’arrivent pas à apaiser la tension entre Paris et Washington. A l’occasion des vœux du corps diplomatique, Jacques Chirac a critiqué l‘«aventure» irakienne de Washington qui a «fragilisé la stabilité de la région».

TOUT indique que la persistance du chaos en Irak et de l’instabilité au Moyen-Orient, suite à l’intervention américaine, a des conséquences sur l’unité européenne et touche désormais l’amitié franco-allemande. En effet, début janvier 2007, en visite officielle aux Etats-Unis, la chancelière allemande, Angela Merkel, sans en informer l’Elysée, a obtenu un accord de principe de G.W.Bush pour la convocation prochaine d’une réunion du Quartet sur le Proche-Orient.

DE son côté, les responsables allemands n’ont pas été consultés lors du lancement d’une «initiative commune» France-Espagne-Italie, appelant à la tenue d’une réunion internationale sur le Proche-Orient.

IL est à souligner que Paris et Berlin s’opposent également sur l’attitude à adopter à l’égard de la Syrie. Alors que Chirac boycotte le régime syrien, Berlin a envoyé à Damas, en décembre, le chef de la diplomatie allemande, Frank-Walter Steinmeier.


S’AGIT-IL d’un lâchage de Paris par Berlin qui, pour obtenir de nouvelles zones d’influence au Moyen-Orient, se serait rapproché du couple Etats-Unis-Israël, actuels maîtres des lieux ? La campagne anti-iranienne menée actuellement en Allemagne, serait-elle en rapport avec le rapprochement Allemagne-Etats-Unis- Israël?

LA «moralisation» du colonialisme est le symptôme d’une crise profonde qui secoue toute la classe politico-militaire américaine quant à la poursuite des guerres colonialistes au Moyen-Orient. Pour Ted Kennedy, sénateur démocrate, «L’Irak est le Vietnam de George Bush.» Il y a également crise en Israël où le premier ministre, rattrapé par la justice israélienne, est contesté par les siens. Il y a enfin crise au sein de la «coalition», où Britanniques et Polonais veulent réduire leurs troupes tandis que l’Australie ne les augmente pas.

LES « leçons de morale» du colonialiste américain et l’envoi de troupes supplémentaires en Irak traduisent le refus des Etats-Unis d’accepter la modification des rapports de forces qui se profile dans l’intérêt des nations du Moyen-Orient, dont la souveraineté est violée, depuis deux siècles, par les anglo-américains. Dans leur refus, les Etats-Unis iront-ils jusqu’à embraser toute la région et à étendre la guerre à l’Iran et à la Syrie?

12.1.07

Communiqué n° 13


Paix et Justice au Moyen- Orient
STRASBOURG le 14 janvier 2007
cpjmo@yahoo.fr


La méthode coué d’un Empire obtus


Dans le cadre de sa «nouvelle stratégie de victoire», G.W.Bush a décidé d’envoyer 21500 soldats supplémentaires en Irak.

Lors de l’audition devant la commission des forces armées du Sénat, Robert Gates, le nouveau secrétaire à la défense américaine, à la question d’un sénateur qui lui demandait : «Sommes- nous en train de gagner en Irak?» a répondu sans équivoque : «Non, monsieur.» Cet avis est amplement partagé par Henry Kissinger, l’ancien secrétaire d’Etat américain qui juge impossible une victoire militaire américaine : «Si vous voulez dire par victoire militaire claire, un gouvernement irakien dont l’autorité s’étende à l’ensemble du pays, qui en finisse avec la guerre civile et les violences interconfessionnelles, je ne pense pas que cela soit possible» (Le Monde du 21/11/06).

Pour asseoir son autorité sur l’ensemble du territoire, le gouvernement irakien doit s’appuyer sur son armée. Peut-on véritablement parler de «l’armée irakienne», dans la mesure où, depuis l’intervention américaine, des doutes existent quant à l’existence même de la nation irakienne, dévastée par une guerre civile entre différentes communautés : Sunnites contre Chiites et Kurdes et vice versa? La tension inter Chiites n’est pas moindre. La lutte pour le pouvoir déchire l’ensemble de la société irakienne. C’est le «chaos irakien». «L’armée irakienne est divisée en bataillons largement homogènes de sunnites, chiites et kurdes dont les unités refusent de manière régulière d’obéir aux ordres de la direction civile légale si ces ordres vont à l’encontre des souhaits de leurs chefs religieux ou ethniques » (Peter W . Galbraith- Le Monde du 22/12/06).

Officiellement la «souveraineté irakienne» a été transférée au gouvernement irakien «démocratiquement élu», alors que l’Irak est toujours sous la botte de l’occupant américain. Mais Le premier ministre irakien s’est plaint récemment de ne «pas pouvoir déplacer une seule compagnie de l’armée irakienne sans l’accord des Américains» (Le Monde du 15/11/06). Un gouvernement sans souveraineté et sans armée est donc sans autorité. C’est le bilan de l’intervention américaine en Irak, première étape de la «démocratisation» du Moyen-Orient par les Etats-Unis !

L’intervention en Irak ayant été jugée «un désastre» par Tony Blair, le premier ministre britannique. Londres et Varsovie, alliés de Washington, ont annoncé le retrait de leurs soldats d’Irak fin 2007.

Malgré les évidences sur le terrain, maintes fois reprises par les alliés des Etats-Unis, G.W.Bush répète inlassablement, à qui veut l’entendre, «Nous allons gagner (…) Nous sommes sur la voie du succès». Et ce d’autant plus que : «Les forces armées (américaines) sont à ce point ébranlées et démoralisées qu’elles ne parviennent pas à regarnir leurs rangs qu’en enrôlant des grands- mères de 41 ans » (Martin Van Creveld- Le Monde du 20/12/06). En effet, l’armée américaine a porté l’âge maximum des engagés à 41 ans et nettement revu à la baisse ses exigences en matière d’aptitudes physiques et intellectuelles et le Pentagone a demandé l’autorisation au Congrès de porter à 42 ans la limite d’âge du recrutement (Le Monde du 8/12/06).

Les propos de G.W.Bush traduisent l’attitude d’un Empire obtus, qui ne comprend qu’une seule logique, celle de l’agression et de la guerre qui l’a conduit à sa déroute humiliante au Vietnam.

6.1.07

Communiqué n° 12


Paix et Justice au Moyen- Orient
STRASBOURG le 31 décembre 2006
cpjmo@yahoo.fr



La carte palestinienne de Bush- Blair


L’accolade Olmert- Abbas sera-t-elle le baiser de la mort du Président palestinien ?

Suite à l’enlisement de l’administration de G.W.Bush en Irak, une commission, du nom de Baker- Hamilton, fut mise en place pour aider les Etats-Unis à atteindre «leurs objectifs au Moyen-Orient». Pour sortir de la crise, plusieurs scénarios ont été proposés dont «un dialogue constructif» avec la Syrie et l’Iran et le traitement du «problème du conflit israélo-palestinien.»

Par la bouche des «responsables du département d’Etat», Washington n’a pas écarté le principe d’une discussion directe avec l’Iran et la Syrie. Certaines capitales ont même rêvé de la «collaboration» de la Syrie afin de briser l’axe Damas - Téhéran et contribuer ainsi à l’isolement de l’Iran. Les ministres espagnol et allemand des affaires étrangères se sont rendus à Damas pour convaincre la Syrie de «se tourner vers l’Ouest» en lui faisant miroiter «une aide européenne en cas de son évolution favorable» vers l’Occident. Jusqu’au dernier moment la Syrie a multiplié les ouvertures en direction d’Israël, espérant pouvoir récupérer le plateau du Golan en contrepartie de ses éventuels bons offices en Irak et dans la région. De son côté, Tony Blair avait dépêché à Damas Nigel Sheinwald, son principal conseiller diplomatique.

Quelles sont les revendications de Damas et de Téhéran? Pour Damas, il s’agit, ni plus ni moins, de récupérer le plateau du Golan et de faire reconnaître son rôle d’acteur régional face à Israël. Quant à l’Iran, sans vouloir détailler ses revendications, ce pays ne cache pas sa volonté de se protéger des visées agressives des Américano-britanniques, de restreindre leur marge de manœuvre au Moyen-Orient, de limiter la puissance israélienne et de faire reconnaître son rôle de «grande puissance» régionale, rivale des puissances occidentales. Les pourparlers américano-britanniques avec Damas et Téhéran ont vite montré leurs limites. Pour «stabiliser» la situation en Irak et au Moyen-Orient au profit du couple américano-britannique, le «coût» à payer à l’Iran et à la Syrie semblait trop élevé. G.W. Bush a même affirmé, mercredi 20 décembre, qu’il n’envisageait aucune discussion approfondie avec Téhéran et Damas. Ce qui signifie, en langage diplomatique, que les «discussions» pour résoudre l’ensemble des problèmes du Moyen-Orient attendront un nouveau rapport de forces militaire et politique. Des turbulences en perspective…

La troisième recommandation, le traitement du «problème israélo-palestinien», fut donc adoptée. Cette voie semble moins coûteuse et moins risquée pour les intérêts immédiats des américano-britanniques. Même si, selon les responsables militaires et diplomatiques occidentaux eux-mêmes, la situation en Irak et en Afghanistan ne cesse de se détériorer rapidement ; de plus, rien n’indique que les Américains arriveront à y rétablir leur crédibilité et leur puissance. La France a même annoncé le retrait de ses «forces spéciales» d’Afghanistan.

Un cessez-le-feu entre Israël et les Palestiniens à Gaza a été conclu le 26 novembre et le lendemain, Ehoud Olmert, le premier ministre israélien, s’est déclaré prêt à une «paix réelle» sous certaines conditions.

«La carte» palestinienne semble plus facile à manœuvrer et moins coûteuse. Contre quelques levées de barrages, la construction d’une série d’«échangeurs» le long de la route 60, ou la restitution d’une partie (100 millions sur les 500 millions de dollars) de taxes douanières palestiniennes confisquées par Israël, les américano-britanniques comptent mettre l’équipe de Mahmoud Abbas dans leur poche et la renforcer au détriment du Hamas. «Les Etats-Unis cherchent à renforcer les services de sécurité, c’est-à-dire la garde présidentielle. Plusieurs dizaines de millions de dollars devraient être débloqués à cette fin par le Congrès américain.» De même, Ehoud Olmert constate qu’«il faut tout faire pour renforcer Mahmoud Abbas.»(Le Monde du 20/12/06). Bref «pacifier» le front palestinien en le divisant, dans le but de s’occuper ensuite du front Nord (Liban, Syrie,…).

Dans la soirée du samedi 23 décembre, Ehoud Olmert et Mahmoud Abbas se sont rencontrés et donnés l’accolade à Jérusalem. L’avenir dira si cette accolade est plutôt le baiser de la mort qui discréditera définitivement Mahmoud Abbas aux yeux des Palestiniens humiliés, ou si elle aidera à résoudre la question palestinienne? On peut en douter, sachant que les droits nationaux du peuple palestinien ne sont pas à l’ordre du jour de Bush-Blair-Olmert.

Tout porte à croire que la «carte palestinienne» aura pour conséquence de retarder la résolution des problèmes du Moyen-Orient et qu’une fois les effets de cette «carte» dissipés, les problèmes, y compris la question palestinienne, referont surface avec encore plus d’acuité et de douleurs pour les peuples de la région.

En attendant, les Etats-Unis multiplient les provocations. En guise d’avertissement à l’Iran, les Etats-Unis envisagent de déployer des porte- avions dans le golfe Persique en 2007. De son côté, l’armée américaine a arrêté en Irak des Iraniens dont des responsables militaires. Ces arrestations ont provoqué le mécontentement de Jalal Talabani, président irakien, qui a affirmé que deux Iraniens avaient été invités «dans le cadre de la coopération sécuritaire entre les deux pays.» (Le Monde du 27/12/06). Vu le discrédit américain grandissant au Moyen-Orient et l’impuissance de son armée à venir à bout de l’insurrection armée en Irak, on peut penser que, pour asseoir son autorité inexistante dans le pays, le gouvernement irakien cherche l’aide de l’Iran, suffisamment influent en Irak. L’intrusion officielle de l’Iran dans le pré carré américain a dû déplaire à l’Oncle Sam. S’agit-il d’un avertissement adressé au gouvernement irakien, sans souveraineté ni autorité ?

«La carte» palestinienne de Bush-Blair donne le signal de départ d’une nouvelle période de tensions, de provocations et de guerres au Moyen-Orient.