18.3.07

Communiqué n° 25

Paix et Justice au Moyen- Orient
STRASBOURG le 18 mars 2007
cpjmo@yahoo.fr

De la guerre froide à
l’équilibre de la terreur

De quoi ont peur les Etats-Unis? Ils sont la plus grande puissance financière du monde et la plus grande puissance militaire qu’a connu l’Humanité. Le budget de la défense américaine dépasse le PIB (richesse nationale produite) russe, la deuxième puissance militaire mondiale. Par ailleurs, les Etats-Unis sont épaulés par des puissances nucléaires, technologiques et financières comme la Grande-Bretagne, la France, l’Allemagne, le Canada, l’Australie ou Israël, presque tous équipés de missiles intercontinentaux, de navires de guerre et des sous-marins lance missiles les plus modernes. A eux seuls, les Etats-Unis et ses amis nucléaires totalisent des milliers de têtes nucléaires disséminées de par le monde. Ils ont des bases militaires un peu partout aux quatre coins du monde. Et pourtant, l’Iran, sans arme atomique, sans missiles intercontinentaux, sans moyens financiers capables de rivaliser avec ceux colossaux des Etats-Unis et de ses amis; cet Iran disposant d’une technologie militaire et civile moins développée que celle de l’Occident, fait «peur» aux Etats-Unis et à leurs amis. A tel point que l’«arrogance mondiale»- comme aiment l’appeler les Iraniens- représentée par les Américains, met tout en oeuvre, y compris les Nations-Unies et son Conseil de sécurité, pour faire plier l’Iran, qui ose défier la «communauté internationale», parce qu’il continue à enrichir de l’uranium à des fins civiles.

Ce n’est, donc pas la puissance financière, militaire ou technologique de l’Iran, une naine en comparaison du colosse occidental, qui inquiète l’Occident mené par les Etats-Unis. Le problème, il est ailleurs

Ce qui inquiète l’Occident depuis 1979, date de la victoire de la Révolution iranienne, c’est la révolte et la résistance de plus en plus acharnées de tout l’Orient, des pays arabo-musulmans, des peuples opprimés d’Amérique latine et de d’Afrique qui refusent sa domination colonialiste oppressante et humiliante qui bafoue la souveraineté des pays en perpétuant sa suprématie et en imposant sa Loi aux peuples et nations opprimés. Cette résistance est, bien entendu, inspirée par l’Iran qui montre la voie. A lire les informations concernant la «Grande offensive de l’OTAN» en Afghanistan, on apprend que «des centaines de combattants du Moyen-Orient, d’Afrique et d’Asie centrale s’y seraient joints aux talibans» (DNA du 07/03/07). De leur côté, les Américains, Britanniques, Français, Allemands, Japonais, Canadiens, Néerlandais, etc., sont sur le pieds de guerre pour «défendre» l’Afghanistan, «leur» butin. Une «guerre mondiale» en quelque sorte, au cours de laquelle les civils paient, malheureusement, un lourd tribu.

Ailleurs, la situation n’est pas plus calme. La tension ne cesse de monter en Somalie, au Maghreb, au Pakistan où les partis islamistes ne désarment pas en organisant des attentats suicides. Le mobile des attentats? «La haine des Américains » selon Ghulam Mohatarem, ancien général et ministre de l’Intérieur de la province de Sindh (Courrier international du 1er au 7 mars). Pour quelle raison l’écrivain Jonathan Littell, premier Américain à obtenir le prix Goncourt en novembre 2006, obtient-il la nationalité française? «On me refusait de plus en plus de boulots à cause de mon passeport américain, comme au Pakistan» avait-il expliqué pour justifier sa demande (DNA du 10/03/07). En Orient, la politique de G.W.Bush a ravivé le racisme anti-américain.

Les pays arabes du Golfe persique se sentent menacés par la montée de la contestation intérieure. En cas de «troubles sociaux» et faute de confiance dans l’armée nationale, la «sécurité» desdits pays sera assurée par les pays occidentaux (la France, la Grande-Bretagne, les Etats-Unis).

L’agitation révolutionnaire existait déjà à l’époque où l’Union soviétique jouait un rôle positif dans l’Histoire de l’humanité, avant son effondrement en 1991. Cette agitation prend des proportions plus importantes sous l’impulsion de l’idéologie islamiste, conservatrice et à l’antipode du communisme, mais accessible à une grande partie des masses musulmanes qui sont peu cultivées. D’autant plus que la contestation est inspirée par un pays dont le régime se réclame «République islamique», tenant tête aux Etats-Unis, symbole de l’oppression mondiale.

Si la «guerre froide» caractérisait l’époque où, face à la montée du communisme, l’Occident tentait de circonscrire l’«incendie révolutionnaire», notre époque sera caractérisée par «l’équilibre de la terreur», terme cher à certains stratèges israéliens. En effet, selon Ephraim Kam, «expert réputé des questions iraniennes à l’Institut national des études stratégique (INSS) de Tel-Aviv» (Le Monde du 07/03/07), en cas d’acquisition de la bombe atomique par l’Iran, un semblable «équilibre de la terreur» pourrait s’instaurer au Proche –Orient et l’Etat hébreu devra composer. Ce, d’autant plus que «le régime iranien n’a pas fait montre d’une propension à l’aventurisme militaire» (LM du 07/03/07).

Ce qu’oublie de préciser Ephraim Kam c’est que composer avec l’Iran ne suffira pas à ramener la paix aux colonialistes. L’Iran n’est qu’un maillon de la chaîne de la résistance à la suprématie américaine. Plus que d’avoir un caractère militaire, l’«équilibre de la terreur» a un fort caractère moral. En effet, le discrédit moral des colonialistes précède la résistance militaire des opprimés ainsi que la défaite militaire des colonialistes. C’est actuellement le cas. Même le général David Petraeus, le commandant en chef des forces militaires américaines en Irak, reconnaît le discrédit moral des Etats-Unis en Irak, en déclarant, le 8 mars, qu’«il n’y a pas de solution militaire au conflit en Irak

La domination de l’Orient par l’Occident a trop duré. La résistance à la suprématie américaine s’avère de longue durée. Tout porte à croire que cette résistance ira jusqu’à son terme, jusqu’à l’instauration de régimes politiquement indépendants dans tous les pays arabo-musulmans. Chaque aventure militaire américaine contre un pays oriental ne fera que précipiter l’échéance inéluctable de la libération anti-colonialiste.

L’avenir nous dira si la tenue d’une conférence internationale destinée à discuter des moyens de garantir la stabilité politique de l’Irak est le début de la «sagesse» américaine?

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