31.3.07

Communiqué n° 27

Paix et Justice au Moyen- Orient
STRASBOURG le 1er avril 2007
cpjmo@yahoo.fr


Le rêve de puissance du colonialiste britannique
et l’activation du «réalignement»!

Il fut un temps où le «Soleil ne se couchait pas sur l’Empire britannique». Depuis la fin de la deuxième guerre mondiale, ce temps est révolu. Mais, l’ancienne «super puissance» mondiale, ne voulait pas y croire.
Afin de retrouver sa place d’ancienne puissance mondiale, plusieurs tentatives militaires furent entreprises, dont celle conduisant, avec la France et Israël, à l’occupation du canal de Suez en 1956, après sa nationalisation par Gamal Abdel Nasser, chef charismatique de la République égyptienne naissante. Mais les menaces conjointes des Etats-Unis et de l’URSS mirent fin à l’aventure militaire des colonialistes crépusculaires franco-britannique.

En 2003, l’invasion illégitime de l’Irak par les Etats-Unis donna une nouvelle occasion aux colonialistes britanniques de retrouver, voire de «récupérer», ne serait-ce qu’une partie, de «leur» Mésopotamie et de «leur» Golf persique. C’était oublier que les temps ont bien changé.

Les pays du Moyen-Orient ne sont plus ce qu’ils étaient: arriérés, largement féodaux, tribaux, sans infrastructures développées, non instruits mais pillés sans vergogne et maintenus en sous-développement à l’aide des régimes soumis aux puissances occidentales «civilisées». Après la deuxième guerre mondiale, le développement social, économique et scientifique, quoique encore insuffisant, a transformé les pays du Moyen-Orient. Des régimes issus des coups d’état militaires ont contribué à transformer le paysage politique, social et scientifique des pays arabes de la région. Le développement du commerce et de l’industrie a contribué au renforcement de la bourgeoisie nationale anticolonialiste. Même s’il ne reste plus rien des régimes progressistes arabes, la culture anticolonialiste prédomine largement. Avec l’invasion de l’Irak, les américano-britanniques ont sous- estimé cette culture. Dès les premiers jours de l’occupation, les envahisseurs ont du faire face à la résistance acharnée des Irakiens. A peine quatre ans après l’invasion de l’Irak, l’unilatéralisme américain est en lambeaux et la question du retrait de l’armée américaine, la plus puissante du monde, se pose avec acuité. La Chambre des représentants et le Sénat américains ont adopté un projet de loi finançant la guerre, mais exigeant le rapatriement des troupes américaines pour 2008.

De son côté, l’armée britannique, discréditée et contestée dans son propre pays, se retire en douceur. «Blair ne quitte pas l’Irak parce que la mission est accomplie . Il part parce qu’il est arrivé à la conclusion qu’elle ne peut pas l’être (…) les Britanniques ayant même dû installer leur consulat à l’aéroport parce qu’ils n’arrivent plus à le protéger à Bassora.» dit le professeur Juan Cole, l’un des principaux spécialistes de l’Irak (Le Monde du 23/02/07). Quelle issue tragique! Le colonialiste britannique n’arrive même pas à assurer la sécurité d’une ville conquise.

Les temps ont bien changé, car des puissances régionales émergent et tiennent tête aux colonialistes. La capture de 15 militaires britanniques par la marine iranienne, humiliante pour l’ancienne puissance colonialiste, est le signal de l’émergence d’une nouvelle puissance dans le Golfe. Il semble évident que les marins capturés vont servir de monnaie d’échange lors des négociations entre l’Iran et la «communauté internationale».

A lire certaine presse occidentale, «L’Iran, s’il veut retrouver sa place au sein de la communauté internationale, n’a qu’une solution : le dialogue diplomatique et le respect des règles internationales.» (éditorial du journal Le Monde du 27/03/07).

Quelle est la nature de la «place» au sein de la «communauté internationale»? S’agit-il de la même «place» que celle occupée par les régimes saoudien, jordanien, pakistanais ou égyptien? Depuis la révolution de 1979, l’Iran a montré qu’il refuse d’occuper une place de marionnette au sein de la «communauté internationale». Parler de «respect des règles internationales» alors que les Etats-Unis, la Grande- Bretagne et Israël ne les respectent pas, relève, soit de l’ignorance soit de la malhonnêteté intellectuelle. Selon quelles «règles internationales» l’Irak a-t-il été envahi par les armées occidentales? Même le roi Abdallah, pourtant l’allié sûr des Etats-Unis, qualifie l’occupation de l’Irak d’«illégitime».

Le «respect des règles internationales» par tous les états du Moyen-Orient est vivement souhaité par les peuples de la région. Pourquoi ne pas commencer par appliquer la résolution 242 du Conseil de Sécurité qui statue qu’Israël devrait se retirer de tous les territoires occupés en 1967?

Actuellement, afin de faire de l’ombre à l’Iran, une campagne mondiale se déroule pour gonfler le rôle de l’Arabie saoudite dans le jeu moyen-oriental. Le sommet de la Ligue arabe des 28 et 29 mars 2007 à Riyad, est l’occasion de mettre en selle une «Sainte Alliance» nommée «réalignement». «Le professeur» Gary Sick, ex-membre du conseil de sécurité nationale américaine donne la définition suivante : Le «réalignement» vise à créer une alliance entre Israël et les sunnites modérés. «Les Ētats-Unis, Israël et les principaux états sunnites (NDRL: l’Ēgypte ,l’Arabie saoudite,…) sont d’accord sur une chose: l’Iran devient trop fort, trop menaçant, et il faut faire quelque chose», a-t-il expliqué à la radio publique NPR (Le Monde du 28-29/01/07). Autrement dit, «réaligner» toute la réaction moyen-orientale au service des intérêts géostratégiques et financiers des Ētats-Unis (Communiqué n°17- 11 février 2007). Les «réalignés» ont commencé par réactiver le plan de paix arabe proposé en mars 2002, lors du sommet de Beyrouth. Auparavant, pour casser l’unité syro-iranienne, M. Solana avait «travaillé» les Syriens. Il a répété à Damas que la Syrie appartient à «la famille arabe et euro-méditerranéenne», et non perse (Le Monde du 16/03/07).

L’échec du sommet arabe, dont l’objectif était de consacrer l’Arabie saoudite comme «principale puissance arabe», était écrit d’avance. L’envoi de deux délégations libanaises rivales à Riyad en dit long sur la «puissance fédératrice» saoudienne. Malgré l’accueil conditionnel du plan de paix du roi Abdallah par Israël, Le Monde du 29 mars 2007 annonçait à juste titre : «L’impasse israélo-palestinienne au sommet de Riyad.»

Toutes les tentatives des Etats-Unis pour briser l’élan émancipateur de la région et imposer leur «paix» au Moyen-Orient sont vouées à l’échec. Le recul de l’influence des Etats-Unis et de son allié britannique continuera et aucune «alliance» et autre «réalignement» n’arrêteront la marche de l’Histoire.

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