Paix et Justice au Moyen-Orient
STRASBOURG, le 17 juin 2007
Palestine :
A mi-chemin de la construction d’un Etat
«Ils» voulaient (et veulent encore) remodeler le Moyen-Orient, l’organiser selon leurs intérêts stratégiques, créer une grande région soumise politiquement et économiquement sous la coupe de l’empire américain.
Six ans après l’accession de G.W.Bush à la tête de l’état le plus puissant qu’ait jamais connu l’humanité, les ravages de la politique conquérante de l’administration Bush sont là : après avoir dépensé plus de 500 milliards de dollars et perdu plus de 3500 militaires et assimilés en Irak, ce pays est toujours à feu et à sang. Echec après échec, toutes les politiques déjà testées ailleurs, et qui ont montré leur inefficacité, ont été (et sont) testées en Irak, en Afghanistan et en Palestine, avec les résultats que l’on sait. La dernière en date consiste à créer des auxiliaires locaux de maintien de l’ordre colonialiste ; ils sont composés de sunnites collaborateurs regroupés au sein d’un «conseil de salut d’Al-Anbar», dont une extension politique se nomme «Réveil d’Al-Anbar» qui a installé ses bureaux dans la «zone verte»! L’objectif du «Réveil d’Al-Anbar» est de combattre l’insurrection. La France, le Royaume uni et les Etats-Unis avaient déjà pratiqué cette politique en Algérie, en Malaisie et au…Vietnam.
Comme nous l’avons écrit dans le communiqué 20 du 20 février 2007 : «Les actions «antiterroristes» menées par les Etats-Unis au Moyen-Orient ont produit l’effet contraire : le renforcement des «islamistes» dans les pays arabo-musulmans du Moyen-orient et de l’Asie centrale (…). Du côté de la Palestine, les actions israéliennes s’inspirant de l’unilatéralisme américain (s’appuyer sur la force brute pour imposer sa politique coloniale et néo-coloniale, ne reconnaître aucun interlocuteur), ont produit l’effet contraire à celui recherché par Israël : le renforcement du Hamas».
Dans le communiqué 35, daté du 22 mai : «Moyen-Orient, Palestine : le vent tourne » nous avons écrit : «L’accord de la Mecque du 8 février 2006 entre le Fatah et le Hamas (…) n’a marqué qu’un répit, dans la longue guerre menée par les Etats-Unis pour dominer la région. Sitôt l’accord conclu, les Etats-Unis ont entrepris le renforcement de l’appareil militaire du Fatah (…). Tout porte à croire que les combats entre le Fatah et le Hamas continueront jusqu’à la victoire finale de ce dernier».
Depuis le jeudi 14 juin, la bande de Gaza est entièrement contrôlée par le Hamas. Mahmoud Abbas et son équipe, en voulant donner satisfaction à l’Occident, se sont mis hors jeu des aspirations historiques du peuple palestinien.
Tout porte à croire que Israël et la «communauté internationale» (Etats-Unis et Union européenne), mécontents de la défaite du Fatah, feront payer cher la victoire du Hamas aux habitants de la bande de Gaza.
Comme les Etats-Unis en Irak, Israël est engagé, en Palestine, dans une «guerre irrégulière», également nommée «guerre asymétrique», impliquant d’une part une armée régulière, de l’autre des éléments irréguliers ne représentant pas officiellement un Etat. «Le problème, en guerre irrégulière, n’est pas la victoire militaire pour les insurgés. Il est de rendre la victoire militaire impossible pour l’adversaire et de le lasser (…). Bref, une situation sans issue victorieuse» (Gérard CHALIAND- L’Amérique en guerre- Edition du Rocher).
On peut ne pas être d’accord avec l’idéologie médiévale du Hamas; mais sa victoire se confond avec celle du peuple palestinien qui, depuis 40 ans, est impliqué dans une «guerre asymétrique» contre l’armée israélienne: la première Intifada suivie de la reconnaissance internationale de l’OLP en tant que représentant du peuple palestinien, le retour d’exil de Yasser Arafat, la formation de l’Autorité palestinienne, la deuxième Intifada, le retrait israélien de la bande de Gaza et de quelques localités de Cisjordanie.
Actuellement, la radicalisation gagne les camps palestiniens du Liban et menace de s’étendre en Jordanie, dans les pays arabes du Golfe persique et en Egypte, où la corruption et la fraude électorale placent les fondamentalistes en position de force morale.
La construction d’un Etat palestinien requiert la libération de la bande de Gaza et celle de la Cisjordanie du joug du colonialiste israélien. Malgré le mur, les «check points» à profusion de l’armée israélienne et les colonies illégales, les Palestiniens ont montré qu’ils sont capables de conduire un conflit prolongé et arriveront à s’imposer un jour en Cisjordanie, comme ils l’ont fait dans la bande de Gaza. L’Etat palestinien finira par naître sur les cendres du colonialisme israélien.
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