25.11.07

C.62- Les enseignements des deux guerres mondiales

Paix et Justice au Moyen-Orient

STRASBOURG, le 25 novembre 2007

cpjmo@yahoo.fr

Les enseignements des deux guerres mondiales


La réunion d’Annapolis est vouée à l’échec


Avant les deux guerres mondiales, deux «superpuissances» faisaient la pluie et le beau temps sur le globe:

L’empire colonial britannique, sur lequel le Soleil ne se couchait pas, était constitué, entre autres, d’un vaste territoire de 4 millions de kilomètres carrés, et d’où sont issus quatre des Etats du monde contemporain: l’Inde, le Pakistan, le Bengladesh et la Birmanie. «Avec la seule occupation du sous-continent indien, les Anglais disposaient d’un ensemble plus étendu et plus peuplé que l’empire romain à son apogée» (Bouda Etemad, la Possession du monde, rapporté par «Le livre noir du colonialisme»).

L’empire colonial français, vaste territoire, allant de l’Indochine (Vietnam, Cambodge et Laos) à l’Afrique, comprenait l’«Afrique blanche » (Tunisie, Maroc, Algérie) et l’«Afrique Noire», ensemble d’une dizaine de pays maintenant «indépendants». Après la première guerre mondiale, cet Empire, (de 1919 à 1946) s’étendait sur 12 millions et demi de kilomètres carrés, avec une population de 70 millions d’habitants, contre seulement 550000 km2 et 42 millions d’habitants (en 1946) pour la métropole.

Que restera-t-il de ces deux empires à l’issue des deux guerre mondiales? L’un et l’autre en sont sortis exsangues, épuisés et affaiblis, ne trouvant leur salut que dans le plan Marshal des Etats-Unis qui, après la Deuxième Guerre mondiale dévastatrice, a déversé des dizaines de milliards de dollars pour leur reconstruction. A leur tour, les deux puissances colonisatrices se sont retournées contre les peuples colonisés qui, pourtant, les avaient aidé à combattre l’ennemi nazi. Il n’en fallait pas plus pour accélérer la décolonisation, encouragée par l’un des grands vainqueurs de la Deuxième Guerre mondiale: l’URSS.

Le recul inévitable de l’influence des anciens empires s’accompagna de la perte de l’hégémonie de la Grande Bretagne, au profit des Etats-Unis, puissance montante qui, grâce à sa machine militaire, s’installa sur les dépouilles de l’empire britannique, et notamment, sur la route stratégique du transport maritime, allant du détroit de Malacca à Gibraltar.

Toutes les études montrent que si la guerre enrichit l’industrie d’armement et les marchands d’armes, elle épuise la richesse nationale, appauvrit le peuple, affaiblit l’économie nationale, dont toutes les ressources sont mobilisées au service des projets guerriers. Ainsi, Georges Bush a-t-il mis son veto à l’assurance- maladie de plusieurs millions d’enfants sans couverture médicale, tout en demandant au Congrès près de 42 milliards de dollars supplémentaires pour la guerre en Irak et en Afghanistan (LM du 03/10/07).

Aux Etats-Unis dont l’armée, après six ans de guerre en Afghanistan et quatre ans en Irak, a été «déséquilibrée», le peuple s’est appauvri et l’économie- avec ses répercussions dans le monde entier- traverse une zone de turbulence sans issue véritable. Une note des analystes de la Deutsche Bank a évalué à 400 milliards de dollars (273 milliards d’euros) les pertes pour le secteur bancaire mondial, liées à l’effondrement du marché des crédits immobiliers à risque aux Etats-Unis. Par ailleurs, plus d’un million de foyers américains ont déjà fait l’objet d’une saisie depuis janvier 2007 (Le Monde du 14/11/07).

Les uns après les autres, les alliés des Etats-Unis les abandonnent. Le Japon remet en question le ravitaillement par sa marine des forces alliées engagées en Afghanistan (LM du 16/11/07). Les travaillistes australiens ont remporté les élections en promettant de se désengager en Irak.

La perte de crédit des Etats-Unis dans le monde est manifeste. Dans un article d’analyse, paru dans Le Monde du 13/11/07, Sylvie Kaufmann remarque, à juste titre: «c’est aujourd’hui vers la Chine que la communauté internationale se tourne pour faire pression sur la Birmanie, pas vers les Etats-Unis. Et en Asie du Sud- Est, c’est aussi la Chine qui comble le vide diplomatique laissé par l’administration Bush».

L’affaiblissement des Etats-Unis se répercute sur tout l’Occident, désireux de «démocratiser» (vassaliser) le monde entier. On le voit bien au Liban, où, selon M. D’Alema, premier ministre italien, les «Européens espéraient faire du Liban un pôle de stabilité et un modèle de démocratie» (LM du 24/11/07). Autrement dit, comme les Américains qui ont échoué à «démocratiser» l’Irak, les Européens ont échoué à leur tour à «démocratiser» le Liban! C’est l’impasse. Même la France, le parrain traditionnel, est discréditée et n’arrive pas à remettre en selle ses protégés.

Dans l’espoir de conserver leur hégémonie mondiale, les va-t-en-guerre américains seront-ils en mesure de déclancher une nouvelle aventure militaire contre l’Iran et la Syrie? La guerre est une partie d’échec avec des conséquences inattendues. Les guerres du Golfe (1991 et 2003) suivies de l’enlisement des Etats-Unis en Irak, ont renforcé la guérilla anti-américaine et la position régionale de l’Iran, qui, de l’aveu même des militaires américains, représente un «défi» pour l’armée américaine.

Il est indéniable que la Chine (dont les navires de guerre sillonnent déjà en mer d’Oman), la Russie, même l’Iran sortiront «grandis» d’une éventuelle guerre américaine contre l’Iran. Ce raisonnement vaut également pour Israël qui devra réfléchir sérieusement avant de s’engager dans une aventure militaire dans un environnement régional très hostile.

Il n’en reste pas moins que cette situation «ni guerre, ni paix» ne peut pas durer éternellement. Les Américains insistent sur le fait que la réunion d’Annapolis représente une «chance» de sortie de crise (due à l’agression américaine au Moyen-Orient). Afin de casser le front anti- américain, les Etats-Unis essaient d’amadouer la Syrie en l’invitant à la réunion d’Annapolis. Mais tout porte à croire que les Américano-israéliens seront incapables d’y faire des concessions substantielles. La réunion d’Annapolis sera donc vouée à l’échec. La seule «victoire» d’Annapolis sera de réunir, autour d’une même table, les régimes réactionnaires arabes et Israël, une sorte de «front uni» pour «consolider» la structure colonialiste régionale.

Comme au Liban, l’Etat palestinien et la restitution du Golan syrien devront attendre. Pour débloquer la situation, un «clash» paraît inévitable et, avec l’aide de Mahmoud Abbas, la bande de gaza reste un objectif accessible aux américano-israéliens, affaiblis et discrédités à l’échelle mondiale.

18.11.07

C.61- De la Somalie aux frontières chinoises

Paix et Justice au Moyen-Orient

STRASBOURG, le 18 novembre 2007

cpjmo@yahoo.fr

De la Somalie aux frontières chinoises


Quel est le plus grand champ de guerre depuis la Seconde Guerre Mondiale? C’est sans doute celui qui couvre une vaste région, allant du centre de l’Afrique aux frontières chinoises, en passant par le Proche, le Moyen-Orient et l’Asie centrale.


En Somalie, en Irak et en Afghanistan, les peuples affrontent directement la terreur colonialiste, alors qu’au Pakistan, depuis la reprise de la mosquée Rouge par l’armée pakistanaise en juillet 2007, la guerre larvée s’est transformée en affrontement direct entre l’armée et la résistance qui appelle à combattre les Etats-Unis et son soutien local, le dictateur Pervez Musharraf.

Parallèlement aux difficultés rencontrées par les américano- britanniques sur le terrain, les dissensions inter- colonialistes font place à l’«entente cordiale». Le rapprochement franco- américain en est un exemple.

Tout comme l’opposition française à l’intervention américaine en Irak, la nouvelle «lune de miel» franco-américaine a des raisons économiques et stratégiques. En effet, en 1991 puis en 2003, suite à leur offensive générale, les Etats-Unis ont reconquis leur position hégémonique au Moyen-Orient et la France a fini par y perdre du terrain, en particulier en Irak (où elle occupait une situation privilégiée, tandis que les Américains étaient absents), en Arabie saoudite et au Qatar, troisième réserve mondiale de gaz (9,3%). C’est, en quelque sorte, la «guerre pour des marchés» qui opposait la France aux Etats-Unis. Situation bien résumée par Claude de Kémoularia, ancien ambassadeur français aux Nations Unies : «Il existe au Qatar une sympathie du cœur envers la France… mais la France n’a pas le pouvoir. Quelles que soient nos relations proches, c’est la puissance politique, économique et militaire qui prime» (Le Monde du 11-12/05/2003).

Affaire bien entendue par Sarkozy qui accepta le rôle hégémonique des Américains, lesquels, en contrepartie, ouvrirent, quoique timidement, «leurs» marchés aux produits et entreprises français. Après la réconciliation franco- américaine, le Qatar annonça l’acquisition de 80 Airbus et, en janvier, N. Sarkozy se rend à Riyad, avec l’espoir de sceller d’importants contrats industriels (LM du 11-12/11/07). Après la pluie, le beau temps!

Sur le plan stratégique, la France, en tant que puissance colonialiste, ne peut qu’être satisfaite du retour du «colonialisme à visage humain», même si, ou surtout parce que, les Etats-Unis n’ont plus le superbe d’antan. Il serait naïf de croire qu’un seul homme (N. Sarkozy) peut décider, du jour au lendemain, de modifier la politique étrangère de la France. Le trio N. Sarkozy, B. Kouchner, H. Morin, représente l’aile militariste de la bourgeoisie française. La rupture entre François Bayrou et Hervé Morin (ministre de la Défense) consacre la rupture entre l’aile «chrétienne- démocrate» et l’aile militariste au sein de la formation centriste qu’était l’UDF. D’ailleurs, les électeurs d’extrême droite ne s’y sont pas trompés en apportant leurs voix au candidat Sarkozy.

Prêtant main- forte aux Américains, et à la grande joie du complexe militaro- industriel français, la France a l’intention d’ouvrir un nouveau front au Tchad et au Soudan. L’activisme français frappe par sa vigueur. D’aucuns suggèrent que N. Sarkozy aurait remplacé T. Blair, ancien premier ministre britannique, traité de caniche de Bush. Certains se demandent pourquoi la bourgeoisie française parie-t-elle sur les Etats-Unis, un cheval perdant?

Hormis les intérêts économiques (recherche de l’hégémonie politique et des matières premières, consommation massive d’armes,…), le soutien apporté par la France, et dans une moindre mesure par l’Allemagne, aux Etats-Unis, a pour objectif de souder le front lézardé du colonialisme occidental, en perte de vitesse et, à long terme, menacé d’effondrement par la montée en puissance des mouvements de résistance dans les pays arabo- musulmans. Il s’agit des mouvements, a effet domino, qui menacent tout l’édifice colonialiste qui s’étend des frontières chinoises jusqu’en Afrique. Ces mouvements de libération sont aussi importants que ceux des communistes du vingtième siècle qui avaient conduit à l’effondrement des Anciens régimes monarchistes, depuis l’Allemagne jusqu’en Chine.

L’enlisement en Irak de l’armée américaine et son affaiblissement, les difficultés rencontrées par l’OTAN en Afghanistan et la montée en puissance de la résistance pakistanaise encouragent la résistance dans tous les pays arabo- musulmans. Pour éteindre l’incendie révolutionnaire au Pakistan, Benazir Bhutto a été appelée à la rescousse.

En Irak, tout porte à croire que les Etats-Unis ont appelé l’Iran à l’aide. En effet, on n’entend plus parler des résistants chiites (l’armée du Mahdi) et, de son côté, «l’armée américaine a libéré, vendredi 9 novembre, neuf Iraniens arrêtés en Irak» (LM du 11-12/11/07). Cette «libération» serait-elle la partie visible de l’iceberg de la collaboration en Irak entre les deux pays? Une autre facette de cette collaboration fut dévoilée face à l’imminence de l’intervention turque au Nord de l’Irak. En effet, Washington et Téhéran ont formé un front uni face à la Turquie. Peut-on conclure, pour autant, que les Etats-Unis et l’Iran, vont finir par s’entendre sur tous les dossiers?

Pour les colonialistes, l’hégémonie politique, basée sur la force militaire, prime sur toute autre considération. Concernant l’Iran, actuellement, deux tendances coexistent aux Etats-Unis : celle des «intellectuels néoconservateurs», coupés des réalités, qui poussent à l’affrontement armé avec l’Iran et celle des militaires, conscients des limites de l’armée américaine «déstabilisée», qui freinent une aventure militaire contre l’Iran. En effet, selon le général Casy, le chef d’état- major: «l’armée de terre américaine est «déséquilibrée» après six ans de guerre en Afghanistan et quatre ans en Irak, et demeure exposée à des demandes imprévisibles dans une ère de «conflit persistant». Toujours selon le général Casy: «déséquilibrée ne signifie pas dire cassée» (LM du 10/10/07).

Face à la pression des «néoconservateurs», en perte de vitesse aux Etats-Unis, le chef des opérations militaires américaines au Moyen-Orient, l’amiral William Fallon, hausse le ton: traiter le dossier iranien représente «un défi» a reconnu l’amiral pour qui: «Et tout cela n’est pas facilité par les articles incessants qui n’en finissent pas de sortir et selon lesquels il va y avoir une nouvelle guerre d’un jour à l’autre, ce qui n’est tout simplement pas la direction que nous voulons prendre» (LM du 14/11/07).

Autrement dit, un affrontement militaire avec l’Iran risque de conduire tout simplement à «casser» ce qui reste de l’armée américaine, incapable de mener une guerre de longue durée, dans une région hostile, à 10 000 km de chez elle.

Aux néoconservateurs, il ne reste plus que l’épouvantail Dick Cheney, tandis que la caravane du changement des rapports de force au Moyen-orient continue son chemin!

11.11.07

C.60- L'économie américaine, otage du complexe militaro- industriel

Paix et Justice au Moyen-Orient

STRASBOURG, le 11 novembre 2007

cpjmo@yahoo.fr

L’économie américaine, otage

du complexe militaro- industriel


Certains journalistes ou agences de presse ont le «don» de donner un titre à un article dont le contenu contredit le titre! Si ce n’était de la désinformation volontaire destinée à propager des informations mensongères (une majorité de lecteurs ne lit que le titre), ce «don» trahirait un certain amateurisme. En voici un exemple. Le Monde du 05/06/07 titrait une dépêche de l’AFP et de Reuter : «M. Ahmadinejad évoque à nouveau la destruction d’Israël». La lecture de la dépêche nous apprend que, pour M. Ahmadinejad: «Avec l’aide de Dieu, le compte à rebours de la destruction du régime sioniste a été enclenché grâce aux enfants du Liban et de la Palestine». Il y a quand même un fossé entre «détruire un pays» et «détruire un régime»!

Le mensonge est grotesque. Il fait partie intégrante de la campagne internationale de désinformation, orchestrée par l’administration de G.W.Bush qui a conquis le pouvoir par tricherie, il y a sept ans.

Rappelons- nous des mensonges sur les «armes de destructions massives» détenues par le régime de Saddam Hussein. Orchestrée par la Maison Blanche, une mise en scène hollywoodienne aux Nations Unies du secrétaire d’état de l’époque, avait montré des flacons de substances chimiques, fabriquées par des laboratoires ambulants dont l’existence n’a jamais été prouvée. Et, pour couronner le tout, des inventions mensongères sur les liens hypothétiques entre le régime de Saddam Hussein et Al Qaida !

Soit dit en passant que la France, puissance colonialiste, n’est pas de reste. Pour préparer une intervention colonialiste au Darfour (Soudan), des mensonges ont été fabriqués sur les «orphelins» darfouris, conduisant au scandale de l’action de l’association «Arche de Zoé», instrumentalisée par les tenants de l’«ingérence humanitaire»!

Faut-il rappeler que tous ces mensonges servent à enfouir les vraies raisons des interventions colonialistes au Moyen-Orient, en Asie centrale et en Afrique: la recherche de matières premières, du pétrole, du gaz, de l’uranium, l’établissement de bases militaires, la domination des voies de communication et l’hégémonie politique.

Comme les précédentes, cette nouvelle vague colonialiste, commencée en 1978 par l’invasion de l’Afghanistan par l’Union soviétique, montre des signes d’essoufflement. Des fissures apparaissent même dans l’édifice. La Grande Bretagne se désengage totalement. Le Pakistan, pièce maîtresse de la domination américaine en Asie centrale, vacille à son tour. Selon Françoise Chipaux: «L’emprise des talibans pakistanais, soutenus par Al- Qaida, déborde des zones tribales» (Le Monde du 08/11/07). Le deuxième coup d’état du dictateur Musharraf a exacerbé les tensions de la société pakistanaise, majoritairement anti-américaine. Le mensonge grotesque des Américains consistait à faire passer Musharraf pour un démocrate. Sûrement encouragé par les Etats-Unis, le récent coup d’état montre bien que la démocratie n’a pas le même sens pour les colonialistes et pour les peuples. Sinon, pourquoi les Américano-israéliens, soutenus par l’Union européenne, ont-ils refusé la victoire du Hamas lors d’élections authentiquement démocratiques en Palestine?

Irak, Afghanistan, Pakistan: force est de constater que les Etats-Unis ont atteint la limite de leur puissance et n’arrivent plus à s’imposer comme bon leur semble. Parlant de la guerre d’Irak, Frank Rich, The New York Times, écrit : «Notre situation est plus grave qu’elle ne l’était pendant la guerre du Vietnam» (Courrier international du 20 au 26/09/2007). Actuellement, les diplomates américains refusent de servir à Bagdad. Désormais, ils seront nommés de "force".

En prenant en compte les intérêts des emprunts relatifs aux dépenses engagées pour la guerre, le coût total «officiel» des guerre en Irak et en Afghanistan s’approche de la somme colossale de 1000 milliards de dollars (plus que moitié du PNB français, cinquième puissance économique mondiale). Pour le complexe militaro- industriel américain et les «sociétés militaires privées» (Blackwater, DynCorp International et Triple Canopy), proches du parti républicain, la guerre d’Irak et d’Afghanistan, c’est du pain bénit. Selon l’audit concernant DynCorp, le «désordre» serait tel au département d’Etat que l’administration est incapable de savoir ce que cette société a «fait spécifiquement » des 1200 millions de dollars que le département d’Etat lui a alloués depuis 2004 (LM du 26/10/07). Selon le politologue Allison Stanger, du Middlebury College, «les contrats irakiens ne sont que le sommet de l’iceberg». Dans ces conditions, serait-il étonnant que la crise financière et bancaire des Etats-Unis, commencée au mois d’août, se transforme en crise économique? De nombreux experts n’excluent pas que l’économie américaine entre en récession début 2008 (LM du 03/11/07).

Les dépenses militaires, les gabegies et le pillage de l’économie par le complexe militaro- industriel, couplés aux déficits budgétaires et au développement de la pauvreté des ménages américains, sont en train de ruiner la première économie du globe. L’affaiblissement du billet vert n’est que la manifestation logique des difficultés que traverse l’économie américaine.

Se basant sur «les multiples revers enregistrés au Moyen-orient» par les Etats-Unis, D. Vernet (Le Monde du 07/11/07) observe un renforcement du «clan des « réalistes» au département d’Etat.» C’est que Washington réfléchit à changer sa stratégie diplomatique globale. Le «changement» consisterait-il à donner un rôle aux Russes et créer un directoire à trois, composé d’Américains, d’Européens et de Russes sur les affaires du Vieux Continent?

Cette analyse manque de pertinence. La bourgeoisie américaine a donné carte blanche à l’administration de G.W.Bush pour imposer l’hégémonie dictatoriale des Etats-Unis sur le globe. Un démenti rapide de l’analyse de D. Vernet vient des Russes qui ont gelé le traité sur les forces conventionnelles (FCE), qui limitait les armements sur le continent (LM du 09/11/07).

Certes, l’administration actuelle est consciente de son échec et de son affaiblissement. Mais, elle serait incapable de modifier substantiellement sa politique, basée sur l’unilatéralisme, la peur, le chantage, la menace et la guerre à tout va. Le chaos et la guerre profitent, avant tout, à l’industrie d’armement et aux sociétés militaires privées. Sont-ils profitables à l’économie et au leadership mondial américain? La réponse est, sans nul doute, négative.

L’Amérique est une puissance affaiblie et blessée. N’oublions qu’elle n’est pas encore morte.

4.11.07

C.59- Ces fauteurs de guerres, venus de très loin

Paix et Justice au Moyen-Orient

STRASBOURG, le 04 novembre 2007

cpjmo@yahoo.fr

Ces fauteurs de guerres, venus de très loin


Le deuxième coup d’état du dictateur Musharraf. L’Amérique et ses alliés en grande difficulté!


Comme nous l’avons écrit dans le communiqué 58 du 28 octobre, une fois de plus, la fièvre est montée d’un cran au Moyen-Orient. Le bruit de bottes vient, cette fois-ci, de la frontière turco- irakienne où l’armée turque a massé près de 100000 hommes. Apparemment, l’enjeu serait l’«éradication» de la guérilla kurde du PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan) qui opère depuis le territoire irakien.

Invité par les Etats-Unis, de s’abstenir de toute intervention au Kurdistan, le premier ministre turc s’adresse à ses «amis», en termes peu amènes: «Est-ce que les gens ne se demandent pas ce que les Américains sont venus chercher en Irak, 10000 km de chez eux. Moi je suis dérangé [par le PKK]. En quoi les Américains étaient-ils dérangés par l’Irak?» (Le Monde du 27/10/07).

Il est à souligner que, depuis 2003, la base aérienne d’Incirlik en Turquie sert de plaque tournante au transit américain, aussi bien pour l’offensive contre Saddam Hussein que pour le ravitaillement des troupes en Irak et en Afghanistan. Quatre ans après l’invasion de l’Irak, la Turquie «se réveille» et sent la peau de banane que l’«ami» américain lui a glissé sous le pied. Il s’agit de la création d’un «gouvernement régional kurde autonome», première étape de la création d’un «Grand Kurdistan», menaçant l’intégrité territoriale de la Turquie et de l’Iran.

En effet, il existe une guérilla kurde, au nom fort «sympathique» de «Parti pour une vie libre au Kurdistan » (Pejak), représentant l’aile iranienne du PKK (Cécile Hennion- LM du 02/03/07).

Quel est le degré d’autonomie du Pejak? Selon Rostam Joudi, du PKK: «Objectivement, un rapprochement américain du Pejak est possible (…) Pour échapper aux pressions américaines, Téhéran s’est rapproché de la Syrie et de la Turquie (…) Les Iraniens ont déployé d’importantes forces à la frontière. Nous ne refusons pas l’aide des Américains» (Cécile Hennion- LM du 02/03/07). Et dire que l’«aide» américaine n’est jamais innocente…

Outre le Pejak, les autres composantes de la sédition kurde (le Parti Démocratique du Kurdistan Iranien (PDKI) et le Parti communiste Kurde iranien (Komala)) s’accusent mutuellement de faire le jeu américain.

Actuellement, aux frontières iraniennes de la Turquie et de l’Irak, deux camps se font face: d’un côté les Américains, désireux de décomposer la Turquie et l’Iran, en créant le «Grand Kurdistan»- deuxième Israël- au coeur du Moyen-Orient. A ce titre, la sédition kurde (si louable fut-elle à l’origine) est instrumentalisée par les Etats-unis et ses alliés (français, britanniques, …). De l’autre côté, l’Iran, la Turquie et les patriotes irakiens, opposés au dépeçage de l’Irak et hostiles à un Etat kurde à la botte des Etats-Unis.

Encouragées par les Américains, qui autorisent l’utilisation du sol irakien par les kurdes turcs et iraniens, les provocations et excursions kurdes sont fréquentes aux frontières de l’Iran et de la Turquie. A son tour, l’Iran avait lancé la menace, mercredi 28 février, d’une incursion militaire dans le Kurdistan irakien au cas où les autorités irakiennes ne se décidaient pas à expulser les groupes armés kurdes qui y ont trouvé refuge (LM du 02/03/07). A en croire Cécile Hennion: «A plusieurs reprises en 2006, l’aviation turque et l’artillerie iranienne ont pilonné, parfois de concert, les positions des rebelles de Qandil» (LM du 02/03/07).

Quelles sont les limites de l’unité d’action entre l’Iran et la Turquie? Successeurs des Empires Perse et Ottoman, puissances rivales, les deux pays ont livrés, au cours de l’Histoire, plusieurs batailles dont l’enjeu était la Mésopotamie. S’ils sont d’accord pour combattre la sédition kurde, l’Iran voit d’un mauvais œil la présence massive de l’armée turque, alliée des Etats-Unis, au Kurdistan irakien, à l’ouest de ses frontières: Où s’arrêtera l’armée turque? Qu’en sera-t-il du champ pétrolifère de Kirkuk? Se retirera-t-elle après avoir «nettoyé» le Kurdistan irakien (où l’Iran dispose certainement de réseaux d’influence)? Autant de questions qui devraient tarauder les autorités iraniennes dont certains cercles souhaiteraient, sans doute, «récupérer» la Mésopotamie, après le départ des Etats-Unis?

Vu le fiasco de leur aventure irakienne et afghane, la crise que les Etats-Unis traversent actuellement (risque de récession économique, baisse continuelle du billet vert, augmentation du prix du pétrole, baisse des stocks énergétiques stratégiques, croissance vertigineuse des dépenses militaires, etc.) et les obstacles de poids que sont l’Iran et la Turquie, incitent à croire que le plan de «remodelage» s’essouffle progressivement.

L’intervention probable de l’armée turque, suivie de la chute prévisible du «gouvernement autonome kurde», sonnera définitivement le glas des rêves de «remodelage» du Moyen-Orient. Ce, d’autant plus que, comme leur patron américain, les alliés des Etats-Unis sont en difficulté: La résistance somalienne relève la tête à Mogadiscio, la capitale, et mène la vie dure aux Ethiopiens, auxiliaires des Américains dans la Corne de l’Afrique. Au Pakistan, les attentats- suicides se succèdent et la «magie» Benazir Bhutto ne semble pas avoir agi dans le sens souhaité. Devant l’aggravation de la situation interne, Pervez Musharraf a suspendu la constitution en décrétant l’état d’urgence. Il s’agit de son deuxième coup d‘état.

Organisée à Syrte en Libye, la «conférence de paix» sur le Darfour s’est achevée par un fiasco. La «magie» Kadhafi, de son côté, ne fonctionne plus, depuis que ce dernier a plié l’échine devant la puissance de l’Occident. Par ailleurs, l’envoi de 3000 militaires de l’union Européenne au Tchad, avec une forte composante française, s’avère compliqué.

Selon le ministre australien de la défense, l’enjeu est, on ne plus clair: «Le Moyen-Orient, pas seulement l’Irak mais la région entière, est un important fournisseur d’énergie, de pétrole en particulier, pour le reste du monde (…) Et les Australiens, et nous tous, devons bien considérer ce qui arriverait en cas de retrait prématuré des troupes en Irak» (LM du 07/07/07).

Les tensions, les divisions et les guerres perdureront au Moyen-orient et en Afrique, tant que les fauteurs de guerre, ces gens réputés «civilisés», porteurs de «bonnes paroles démocratiques et humanistes» venus de très loin, n’auront pas été mis à la porte.