Paix et Justice au Moyen-Orient
STRASBOURG, le 09 décembre 2007
George Bush, un président sous tutelle
L’équipe Bush est la fraction la plus réactionnaire, voire fasciste, de la haute bourgeoisie militariste américaine.
A son arrivée au pouvoir il y sept ans, George Bush et les va-t-en-guerre de son équipe avaient tout misé sur une «économie de guerre», une économie qui devait mobiliser la richesse nationale américaine (économie colossale, comportant 25% de la richesse produite dans le monde) au service de la conquête territoriale (Afghanistan, Irak, Moyen-orient, et plus). Il s’agissait d’imposer la présence inconditionnelle des forces militaires américaines aux carrefours stratégiques du monde.
Il faut reconnaître que, suite à l’effondrement de l’URSS, George Bush et son équipe ont gagné partiellement leur pari. Partiellement ; car la conquête projetée s’est enlisée en Irak, épuisant et démoralisant la plus puissante armée du monde. L’impasse est totale en Afghanistan où l’OTAN est sur la défensive. De son côté, l’allié israélien n’a pas réussi à liquider une petite organisation comme le Hezbollah libanais qui, pendant un mois et demi, a tenu tête à la puissante armée israélienne.
Le doute, voire la peur, se sont installés dans le camp des colonialistes qui se posent des questions sur leur capacité à affronter le Hamas dans la bande de Gaza, à poursuivre le combat avec le Hezbollah, à défier l’armée iranienne qui nargue les armées colonialistes dans le Golfe persique.
La mobilisation de la richesse nationale au service da la guerre a certes enrichi le complexe militaro-industriel, avec l’ensemble de ses sociétés ainsi que les entreprises liées directement à la haute bourgeoise militariste. Mais, du même coup, la société civile a été privée des subventions de l’Etat, tandis que l’entretien ou l’aménagement de vastes zones du territoire américain ont été délaissés. Economie de guerre oblige.
Dans son ensemble, la société américaine a été muselée, voire terrorisée. La CIA, «protectrice» de l’Amérique, «berceau de la démocratie», s’est mise à détruire des documents compromettants sur la torture des détenus politiques étrangers. «En six ans, ce gouvernement a envahi un pays en violation de la charte des Nations Unies, justifié la torture, refusé de demander des mandats pour installer des écoutes, organisé la fuite d’informations secrètes dans des objectifs partisans, fait arrêter sans preuve des milliers d’Américains musulmans, emprisonné sans inculpation à Guantanamo des centaines d’entre eux et revendiqué son pouvoir d’ignorer des centaines de lois adoptées en bonne et due forme» (THE NATION- cité par Courrier international du4 au 10 octobre 2007).
C’est que l’équipe Bush est la fraction la plus réactionnaire, voire fasciste, de la haute bourgeoisie américaine. Toute la société américaine est désormais contaminée par les mensonges et les mesures anti-humanitaire de cette équipe, qui a érigé la loi de la guerre, la cruauté, l’humiliation de l’humanité, la barbarie, la destruction, en loi suprême. Sa «fierté»: ramener l’Irak 50 ans en arrière; ramener le Liban 15 ans en arrière; ramener l’Afghanistan à l’âge de pierre; ramener l’Iran cinq à dix à ans en arrière!
Irak, Afghanistan, Palestine, Liban riment avec ruine, prison et torture. Des centaines de milliers d’habitants des dits pays ont été massacrés, déplacés, emprisonnés, torturés, violés et continuent à l’être. Et voilà que le chef d’état-major interarmées américain, le général Richard Myers, prétend qu’«il n’y a jamais eu dans l’histoire de la guerre- et la guerre par nature est cruelle- une campagne plus humaine que celle menée par la coalition depuis le 19 mars de l’an dernier jusqu’à aujourd’hui, et cela inclut les opérations à Fallouja» (Le Monde du 17/04/04).
La cruauté n’épargne personne, même pas les donneurs d’ordre ou les exécutants. Le journaliste Sylvain CYPEL a évoqué, dans Le Monde du 16 novembre 2007, une enquête sanitaire américaine selon laquelle: «six mois après leur retour, 20,3% des militaires d’active et 42,4% des réservistes américains ont besoin d’un «traitement psychique»». Toujours selon ce journaliste, «la chaîne CBS a diffusé une enquête, mercredi d’où il ressort que 6250 américains miliaires ont mis fin à leurs jours en 2005. Ce taux de suicide est 2,3 fois plus important que la moyenne américaine. Et dans la tranche des 20-24 ans, regroupant ceux envoyés en Irak ou en Afghanistan, elle l’est 3,6 fois plus.» En moyenne, cela représente 16 suicides par jour! Force est de constater que l’équipe Bush et ses généraux n’ont pas la même idée de l’humanité que le commun des mortels.
Le 6 novembre 2006, l’élection a mi-mandat a sifflé la fin de la partie. George Bush et son équipe des va-t-en-guerre ont causé trop de dégâts. Depuis, c’est la descente aux enfers pour George Bush qui a perdu de son autorité, tandis que ses adversaires de la société civile gagnent en audience. Selon l’AFP, citée par Le Monde du 10/11/07, «Après la Chambre des représentants, le Sénat américain est passé outre à un veto du président George Bush contre un texte de loi sur l’aménagement des voies d’eau et la navigation fluviale.»
Sur le plan international, la situation n’est guère meilleure. La Turquie, pourtant allié solide et de longue date des Etats-Unis, mécontente de la politique américaine au Kurdistan irakien, a réussi à imposer son agenda aux Etats-Unis de G. Bush. Sous la pression de la Turquie, la consultation sur le statut de Kirkuk (ville pétrolière) a été reportée en 2008. Ce qui empêcherait le Kurdistan irakien, «région autonome», d’accéder à l’autonomie financière.
Vu la faiblesse du dollar et l’inflation concomitante, les pays arabes du Golfe Persique ont décidé de créer une monnaie commune. Ces pays n’hésitent plus à s’approcher de l’Iran, invitant, pour la première fois, le président iranien à la dernière réunion du Conseil de coopération du Golfe (CCG).
Le coup de grâce à la politique belliciste de George Bush a été donné par le dernier rapport de la direction du Renseignement national américain qui regroupe seize principales agences d’espionnage des Etats-Unis. Selon ce rapport, Téhéran a gelé son programme nucléaire militaire à la fin de l’année 2003. Dès lors, des voix se lèvent aux Etats-Unis pour demander l’ouverture de pourparlers entre Washington et Téhéran. Tout cela annonce un changement stratégique de Washington vis-à-vis de l’Iran. La politique étrangère de l’après Bush se met doucement en place.
La moindre attitude rappelant la politique de George Bush est immédiatement sanctionnée par l’opinion publique américaine. Hilary Clinton, jadis favorite de l’électorat (et préférée de George Bush), chute dans les sondages.
Que reste-t-il de George Bush? Rien que l’ombre d’un ex-puissant président du plus puissant pays du monde, dorénavant réduit à un homme d’Etat sous tutelle.
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