23.12.07

C.66- Les deux Palestine

Paix et Justice au Moyen-Orient

STRASBOURG, le 23 décembre 2007

cpjmo@yahoo.fr

Les deux Palestine


Depuis sa création, Israël a montré qu’il ne tolère pas l’existence d’Etats souverains à ses frontières


Selon le «Le Petit Robert», la guerre froide se caractérise par un état de tension, d’hostilité entre États, comme ce fut le cas entre l’URSS et les États-Unis. Cette définition, tout en reflétant une part de vérité, manque de pertinence. En effet, derrière les tensions entre l’URSS et les États-Unis, se profilaient les oppositions séculaires entre l’Occident oppresseur et l’Orient oppressé.

La puissance militaire, morale et économique du camp socialiste était d’un grand soutien pour les mouvements de libération nationale qui défiaient l’hégémonie mondiale de l’Occident. Menaçant l’URSS de bombardement atomique, les Etats-Unis mirent tout en œuvre pour défendre leur suprématie. Leur acharnement leur permit de maintenir la Corée du Sud, Taiwan et le Sud Vietnam (ce dernier pour une courte durée) dans le camp occidental. Situation qui perdure sous forme de deux Etats coréens et deux Etats chinois.

Après l’effondrement de l’URSS, le colonialisme occidental, drapé d’une enveloppe humanitaire, est reparti de plus belle, étendant sa terreur des Balkans à l’Asie centrale. Les invasions militaires, les bombardements, les destructions dans les pays du Moyen-Orient ont créé un immense champ de bataille où s’affrontent désormais les armées occidentales et les peuples et nations de la région. Les pressions exercées par Israël, le bras armé de l’Occident, ont conduit à l’éclatement des mouvements de résistance palestiniens et, comme durant la guerre froide, à la création de deux entités palestiniennes. Celle de Mahmoud Abbas, dans le camp occidental, et celle du Hamas, qui continue son combat anticolonialiste. L’objectif déclaré des deux camps étant la création d’un Etat palestinien.

La quasi absorption du Fatah de Mahmoud Abbas par Israël est conforme aux rêves des sionistes de créer le «Grand Israël». Cette absorption n’a pas encore modifié la situation du peuple palestinien qui survit grâce à son patriotisme, à sa capacité exceptionnelle de résistance, à son courage et... à l’aumône internationale. Même la promesse de 7,4 milliards de dollars d’«aide», le 17 décembre à Paris, n’a pas dissipé les craintes d’un fiasco du «plan de paix» Bush- Olmert. Selon la Banque Mondiale: «l’aide internationale sans la liberté de mouvement reste impuissante à relever l’économie palestinienne». Et selon le constat de Salam Fayyad, premier ministre de Mahmoud Abbas: «le conflit n’est pas économique mais politique».

Depuis sa création, Israël a montré qu’il ne tolère pas l’existence d’Etats souverains à ses frontières. Ses multiples tentatives (agression et annexion territoriale, assassinats de personnalités notamment libanaises, sabotages) pour déstabiliser les États voisins en témoignent. Pourquoi serait-il disposé à accepter la création d’un Etat souverain palestinien en Cisjordanie et dans la bande de Gaza?

Le conflit israélo-palestinien fait partie des conflits qui s’imbriquent les uns dans les autres: Afghanistan, Irak, Liban, Syrie, Iran. La division du mouvement palestinien offre aux colonialistes un répit qu’ils mettront à profit pour consolider leurs positions, on ne peut plus critiques, sur d’autres fronts. Le «plan de paix» Bush- Olmert, un leurre, consiste à financer l’occupation israélienne par la «communauté internationale», complice de crime contre un peuple en danger de liquidation. Pendant ce temps, la construction du mur, de nouvelles colonies, de nouveaux «check- points» ainsi que l’arrestation et l’assassinat systématique de Palestiniens continuent au vu et au su du «monde civilisé».

L’«autre» Palestine, qui ne joue pas comme Mahmoud Abbas la carte trompeuse du «plan de paix», resserre ses rangs, menacée d’une agression prochaine. Cependant, lors de la cérémonie organisée à la mémoire des victimes palestiniennes des «assassinats ciblés», «l’on voit côte à côte, les drapeaux et les membres du Mouvement de la résistance islamique (Hamas) et du Fath» (LM du 20/12/07).

En pleine euphorie, après la disparition de l’URSS, le colonialisme occidental a eu «les yeux plus grands que le ventre» mais maintenant peine à supporter le poids militaire, humain et financier d’un conflit qui s’étend de la frontière chinoise à la Corne de l’Afrique. Signe révélateur : Comme ses collègues américains et britanniques, le président français est arrivé en catimini en Afghanistan. C’est que, malgré leur puissante aviation, les forces occidentales ne sont pas en sécurité en Afghanistan. Pourtant, à entendre les «doctes chefs militaires» du quartier général de l’ISAF: «les talibans ne représentent plus une «réelle menace militaire»». Selon Laurent ZECCHIANI, envoyé spécial du Monde : «le rapport des forces est facile à établir: sans l’aide des 52700 soldats occidentaux, dont 1200 Français, les forces gouvernementales (environ 57000 soldats et 71000 policiers) seraient balayées par les talibans» (LM du 21/12/07). Le journaliste nous apprend également que «l’année 2007 aura été la plus sanglante depuis 2001 en Afghanistan (…) Kaboul n’est plus une enclave de paix.»

Face à l’enlisement de l’OTAN, les militaires français s’interrogent sur la stratégie de la coalition : «Que veut-on faire en Afghanistan» (Dernière Nouvelles d’Alsace- 23/12/07). C’est la démoralisation, prélude à un échec qui ne tardera pas à venir. Situation bien formulée par un conseiller politique de l’OTAN : «Les insurgés n’ont pas besoin de vaincre, il leur suffit de ne pas perdre » (LM du 21/12/07). Ce qui est vrai pour l’Afghanistan, l’est également pour la Palestine. Comme l’édifice planétaire de l’Empire britannique d’autrefois, sous les coups de boutoir de la résistance palestinienne, celui des colonialistes israéliens finira par s’écrouler.

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