30.3.08

Analyse 9

Paix et Justice au Moyen-Orient

STRASBOURG, le 30 mars 2008

cpjmo@yahoo.fr

Vive la résistance irakienne !


Si ça ne marche pas au Liban, on reprend en Palestine. Si ça échoue en Afghanistan, on reprend en Irak


Depuis plusieurs jours, un combat acharné oppose l’armée fantoche de Nouri Al-Maliki, à la résistance irakienne, à Bagdad, à Bassora et dans un certain nombre de villes irakiennes. La cruauté des forces d’occupation occidentale n’a d’égale que leur mépris de la culture et de la civilisation orientale. En effet, les villes et leur population sont pilonnées par l’armée et l’aviation américaines, tuant des civils et détruisant l’infrastructure déjà en ruine.

Georges Bush, ses alliés et le gouvernement de Nouri Al-Maliki n’ont retenu de leçon, ni des guerres récentes en Palestine, au Liban et en Afghanistan ni de celle plus anciennes. Selon Georges Bush, l’Irak vivait désormais «un moment crucial de son histoire.» Il s’agit, bien entendu, de l’Irak de Bush et de ses obligés irakiens, bien différent de celui des patriotes et anticolonialistes, pour qui Nouri Al-Maliki est «traître à la solde de Bush» (cité dans l’article de Patrice Claude- Le Monde du 30/03/08).

A l’été 2006, lors de l’invasion du Sud Liban par l’armée israélienne, le même Georges Bush avait déclaré que le Proche-Orient se trouvait à un: «moment charnière de son histoire». Pour Georges Bush, ce conflit faisait «partie d’un combat plus vaste qui se livre dans la région entre la liberté et le terrorisme» (LM du 20-21/08/06). On connaît la suite. La résistance du Hezbollah a fait échouer le plan d’agression israélienne, dont l’armée a perdu, de ce fait, son aura d’«invincibilité», tandis que la résistance libanaise est sortie renforcée de l’épreuve.

Les résistances anticolonialistes au Moyen-Orient bénéficient d’un large soutien populaire. Vouloir détruire le Hezbollah, le Hamas ou l’armée du Mahdi revient à vouloir liquider tout un pan (estimé à des centaines de milliers, voire des millions) de la population, déterminée à payer le prix pour venir à bout de l’occupation étrangère.

D’aucuns pensent que la guerre actuelle en Irak est un affrontement entre les Etats-Unis et l’Iran par milices interposées. Les mêmes bruits, diffusés par la propagande occidentale, avait cours lors de la guerre du Vietnam, où la résistance vietnamienne était comparée à une «milice», opérant pour le compte du «communisme international». L’Iran est une terre d’asile pour les résistants irakiens, comme la France l’a été pendant la guerre d’Espagne, ou la Chine pendant la guerre du Vietnam.

Peut-on réduire la guerre en Irak à une «guerre entre chiites», comme titrait Le Monde du 30/03/08? Vouloir limiter cette guerre à une guerre «inter- chiite», c’est vouloir réduire la lutte révolutionnaire anticolonialiste à une banale guerre inter- ethnique.

Certes, la guerre actuelle en Irak fait «partie d’un combat plus vaste, qui se livre dans la région» entre les forces colonialistes et les forces révolutionnaires, tant en Irak qu’en Afghanistan, en Palestine et au Liban. Tout porte à croire que les forces d’occupation américaines cherchent une victoire, permettant de proclamer que leur agression était justifiée, qu’elle était une nécessité «historique», pour répandre la «démocratie» américaine par la force. Si ça ne marche pas au Liban, on reprend en Palestine. Si ça échoue en Afghanistan, on reprend en Irak.

Depuis l’été 2006, partout au Moyen-Orient, c’est l’impasse, si ce n’est l’échec, qui suit la politique d’agressions répétées des américano-israéliens. Voilà ce que disait en 2006, Hervé de Charrette, ancien ministre des affaires étrangères : «Erreur des Américains qui ont cru que leur initiative de Grand Moyen-Orient visant à démocratiser- de gré ou de force- cette région conduirait à un «chaos constructeur» d’où émergeraient la paix et la sécurité. Le Liban? Il est tragique : on a le chaos sans la construction, le retrait sans la sécurité, le renforcement des extrémistes sans la démocratisation (…) La stratégie de Grand Moyen-orient a échoué: tout le monde le sait à Washington et désormais, volens nolens, le débat est ouvert» (LM du 25/08/06).

De son côté, Massimo D’Alema, ministre italien des affaires étrangères en 2006, a dit sans détour que «l’Irak est une tragédie, et les projets de «nouveau Moyen-Orient» un désastre. Les Etats-Unis ont besoin de l’Europe, cette fois» (LM du 26/09/06). L’engagement progressif de la France en Afghanistan et l’envoi prochain de mille militaires français en Afghanistan révèle, entre autre, les difficultés croissantes rencontrées par les forces de l’OTAN, face à cet «ennemi invisible» qui gagne du terrain au Moyen-Orient.

Dans ces conditions, les armées américaine et irakienne, démoralisées et démotivées, ont-elles vraiment une chance de réussite?

Nul doute que Georges Bush, par ses aventures militaires inconsidérées, a joué un «rôle historique» dans l’effondrement attendu de l’Empire américain.

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