16.1.11

Analyse 1 (2011)

Paix et Justice au Moyen-Orient

STRASBOURG, le 16 janvier 2011

cpjmo@yahoo.fr

La fuite du dictateur tunisien

Après avoir réprimé violemment et pendant un mois la contestation légitime du peuple tunisien, Ben Ali, le dictateur tunisien, a pris la fuite vendredi 14 janvier 2011. C’est une grande victoire du peuple tunisien dont la joie est partagée par les démocrates du monde entier, associés aux milliers de tunisiens expatriés.

Depuis plus de 23 ans, les Tunisiens vivent un cauchemar sous la dictature féroce de Ben Ali et associés (la famille de sa femme en fait partie): ils ont formé une bande mafieuse à la tête de l'État. Le poids de l’économie informelle en Tunisie pèse 42% du PIB (Produit intérieur brut, évalué à 32,8 milliards de dollars selon «Bilan du Monde» 2009). En effet, Ben Ali et sa bande ont inondé le marché de produits chinois et empoché, au passage, des milliards d’euros qu’ils n’ont jamais reversé dans les caisses de l'État. La faillite grandissante de l’industrie et de l’artisanat locaux, entraînant le chômage massif des Tunisiens, surtout les diplômés, en sont les conséquences directes. Pour le FMI, l’économie tunisienne était un «exemple» à suivre. Quelle honte lorsqu’on connait les révoltes du pain en Égypte, en Jordanie, en Algérie ou en Tunisie.

Les dictateurs égyptien, jordanien, algérien, marocain ou autres potentats du Moyen-Orient tireront-ils, une fois pour toutes, les leçons de la révolte en Tunisie? Bien sûr que non. En effet, un autre membre de ladite mafia, Mohammed Ghannouchi, s’est déclaré «président par intérim» cédant, ensuite, sa place au président du parlement dont les membres sont choisis par la police politique tunisienne.

Tout porte à croire que le «système», pour se maintenir en place, a préféré sacrifier Ben Ali sur l’autel de ses intérêts. Ce d’autant plus que l’armée, le soutien principal de Ben Ali, a changé rapidement son fusil d’épaule et «fraternisé» avec la population, tout en lâchant ses chiens nocturnes (ses milices) dans les rues de Tunis, sous couvre-feu, pour causer des dégâts importants dans la ville.

Certains parlent déjà du début d’une ère démocratique en Tunisie. C’est oublier que, primo, l'État mafieux en Tunisie ne lâchera pas son emprise tant que les moyens de répression (police et armée) lui restent fidèles. Secundo, les voisins de la Tunisie, ainsi que la «communauté internationale» voient d’un mauvais œil l’ébauche d’une démocratie dans un petit pays entouré d’un océan de dictatures.

Force est de constater qu’en l’absence d’organisations démocratiques puissantes, brisées par la répression, la torture et les assassinats, le système mafieux risque fort de reprendre bientôt les choses en main, en imposant son agenda au pays.

Pessimiste ? Non, réaliste. Une chose est sûre : avec Ben Ali, le peuple tunisien a fait sauter un verrou important. Pour la suite, faisons lui confiance. Son combat continuera de plus belle !

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