Paix et Justice au Moyen-Orient
STRASBOURG, le 15
août 2012
Syrie : une guerre sans merci oppose les Etats-Unis aux Russes et aux
Iraniens
Certains attendent
impatiemment le jour et l’heure du déclenchement d’un conflit armé entre les
Etats-Unis et l’Iran, alors que la guerre opposant les Etats-Unis à la Russie
et l’Iran fait rage, devant nos yeux, en Syrie. Le but recherché par les
Etats-Unis en Syrie a été exprimé par Mme Clinton, ministre
américaine des affaires étrangères, lors de sa visite en Turquie : «casser
les liens entre l’Iran, le Hezbollah et la Syrie»(1), principal
obstacle à l’hégémonie planétaire sans partage des Etats-Unis.
C’est ainsi que, selon
les dires du secrétaire général de l’ONU, la Syrie est devenue le théâtre d’un
conflit par procuration entre grandes puissances. La revue de presse qui suit
montre bien que la guerre en Syrie dépasse largement le cadre national et revêt
un caractère international.
A en croire les médias
occidentaux, les tâches sont bien partagées entre les puissances militaires
occidentales et leurs obligés locaux. Les Américains s’occuperaient de «matériel
de communication, renseignement, et activités de la CIA qui, à partir de la
Turquie, s’efforcerait d’identifier des groupes «fiables» en Syrie»(2).
Dans le jargon
américain, groupes «fiables» signifie des groupes au service des
intérêts américains. La journaliste relève bien que «l’axe principal choisi
désormais pour valoriser l’engagement occidental va être l’aspect
«humanitaire»-les guillemets sont de la journaliste- ce qui n’est pas sans
rappeler le traitement de la guerre de Bosnie.» Autrement dit, la Syrie, après
la Yougoslavie. Il est logique de penser qu’après Damas, Téhéran sera la
prochaine cible.
Sous la supervision de
la CIA, les insurgés syriens ont déjà «libéré» des villages du nord de la
province, disposant ainsi d’une «profondeur stratégique», leur
permettant de s’approvisionner en armes et en combattants(3). Selon
le New York Times, certains groupes rebelles-fiables !!!- auraient reçu
tout récemment des premières livraisons de missiles antiaériens thermo-guidés.»(3)
De son côté, la
Turquie a massé 2600 soldats et 170 véhicules et blindés à quelques kilomètres
de sa frontière. Le premier ministre turc a même qualifié la Syrie de «pays
ennemi»(4). Selon l’un des commandants de l’Armée syrienne libre
(ASL) : «la Turquie est entrée dans une guerre secrète mais sans
merci contre Damas.»(4)
La Jordanie, autre
obligé local du néocolonialisme, se met de la partie et provoque des incidents
armés à la frontière syrienne.
La tension ne cesse de
croître au Moyen-Orient. En effet, Téhéran a rétabli le visa pour les
ressortissants turcs et mis en garde la Turquie contre une aventure militaire
en Syrie.
Avec l’intervention
médiatisée de Bernard Henry Lévy (BHL) dans le conflit, la «profondeur
stratégique» des insurgés s’agrandit. L’émissaire itinérant et
va-t-en-guerre du néocolonialisme, mécontent de l’envoi d’un «groupe
médico-chirurgical militaire» français en Jordanie, pousse à une intervention
militaire en Syrie.
L’arrestation des 48
Iraniens présumés «gardiens de la révolution», montre l’implication directe de
l’Iran dans le conflit.
Le peuple syrien se
trouverait ainsi devant un choix : la «démocratie néocolonialiste»
proposée par les Etats-Unis ou la dictature médiévale de la charia prônée par
la république islamique. Les médias occidentaux ne parlent jamais des vrais
révolutionnaires syriens-pourtant ils existent- indépendants des puissances
étrangères-donc non «fiables»- qui se battent pour une Syrie souveraine
dotée d’un régime démocratique respectueux d’un état de droit.
Dans les conditions actuelles
où l’insurrection est écrasée sous le poids de l’intervention des puissances
étrangères, une Syrie libre et indépendante de toute ingérence étrangère
peut-elle exister un jour ? La question mérite d’être posée.
Une chose est sûre :
la guerre sera longue et aucune partie-occidentale ou orientale-ne lâchera facilement
la proie syrienne. C’est le rapport de force, sur le terrain, qui décidera de
l’issue finale.
(1) AFP, Reuter- Le Monde du 14/08/2012.
(2) Natalie Nougayrède- Le Monde du 5-6/08/2012.
(3) Christophe Ayad- Le Monde du 10/08/2012.
(4) Florence Aubenas- Le Monde du 12-13/08/2012.
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