Paix et Justice au Moyen-Orient
STRASBOURG, le 27
juillet 2015
Les
Docteurs Folamour du Moyen-Orient
Bassma Kodmani est
l'archétype même de ces opposants syriens qui se jettent dans les bras de n'importe qui pour se débarrasser de Bachar
Al-Assad,
L'opposition syrienne voue une haine tenace à
l'égard de Bachar Al-Assad, président syrien, qui a beaucoup de sang sur les
mains. Le régime syrien, régime dictatorial de type fasciste, commet des crimes
atroces à l'égard de la population sans défense en bombardant aveuglement des
localités conquises par l'opposition armée.
Bassma Kodmani est l'archétype même de ces
opposants syriens qui, exaspérés par l'atrocité du régime syrien, se jettent
dans les bras de n'importe qui pour se débarrasser de Bachar Al-Assad. Comment ?
Il suffirait que l'Iran, "principal
allié du régime de Damas" accepte "la
paix en Syrie".(1)
Nous sommes en droit de nous interroger sur la
nature de la paix proposée par Bassma Kodmani dont la position reflète celle
d'une partie de l'opposition syrienne.
Une paix se conclut entre deux adversaires. Avec
quel adversaire le couple formé par le régime syrien et l'Iran devrait-il faire
la paix ? Il y a certes les opposants divisés de la scène syrienne (opposants
dits modérés et djihadistes) et leurs soutiens étrangers : les Etats-Unis, la
Turquie, le Qatar, l'Arabie saoudite, Israël, pour ne citer que ceux qui sont
en première ligne. Questions :
- Quelle est la nature des rapports
existant entre l'opposition et ses soutiens étrangers ?
- Les soutiens étrangers de l'opposition
syrienne se soucient-ils vraiment de la démocratie et de l'état de droit
en Syrie ?
Lorsque Bassma Kodmani écrit : "Les pays arabes du Golfe et la Turquie ayant
massivement augmenté leur soutien à l'opposition armée depuis le début de
l'année 2015, la situation militaire semblait en passe de basculer en faveur de
l'opposition", elle admet tacitement que la réactivité de l'opposition
armée syrienne dépend de ses soutiens étrangers dont l'aide lui fait gagner du
terrain. C'est avouer que l'opposition est devenue le bras armé des puissances
étrangères qui l'arment quand bon leur semble.
Parmi les soutiens de l'opposition syrienne, Bassma
Kodmani cite le régime d'Erdogan, ennemi juré de la communauté kurde de Turquie
qui demande un peu de liberté et de droits à un régime qui refuse de
reconnaitre les droits légitimes et élémentaires, en particulier culturels et
politiques, des Kurdes de Turquie.
La complicité de l'Etat turc à l'égard de l'Etat
islamique (EI) ou Daech (acronyme arabe de l'EI), n'est un secret pour
personne. La Turquie est une des voies clés des approvisionnements en hommes et
en matériel de l'EI.
Depuis l'attentat-suicide du 20 juillet 2015
perpétré à Suruç(2) (la Turquie l'attribue à l'EI), le gouvernement
donne l'impression de revenir sur sa politique complaisante à l'égard des
djihadistes de l'EI. Les médias annoncent même le bombardement des positions
djihadistes en territoire syrien. "Plusieurs
sites internet (Incanews, Ummet-i Islam) faisant l'apologie de l'EI ont été
bloqués. (…) La vague d'arrestation [en Turquie] a toutefois épargné les villes
de Urfa et de Gaziantep où les djihadistes ont pignon sur rue, puisqu'ils y ont
leurs bases arrières pour leur repos, leurs soins médicaux ou leurs
approvisionnements."(3)
On voit bien que le virage anti-EI de l'Etat turc a
des limites. En effet, "l'ennemi
numéro un pour la Turquie reste les Kurdes"(4). Une chose est
sûre : la Turquie partage les mêmes intérêts stratégiques avec l'Etat
islamique, l'opposition syrienne et ses "amis" du Golfe Persique :
contenir l'influence iranienne en Syrie, en Irak, au Yémen et au Moyen-Orient.
Les soutiens étrangers, appelés les "amis du
peuple syrien", instrumentalisent les djihadistes (Etat islamique ou Al
Nosra) ainsi que l'opposition dite modérée. Celles-ci se met consciemment au
service des puissances étrangères qui imposent leur agenda aux milices armées.
A en croire Hélène Sallon, journaliste au quotidien Le Monde, "Depuis le
début des frappes de la coalition contre l'EI en Irak et en Syrie, les
Américains évitent de viser le régime et d'ébranler Assad. Il y a un accord
tacite avec l'Iran." Cette même
ligne a été imposée aux rebelles syriens que Washington s'est engagé, après
de longues tergiversations, à former et à armer pour combattre l'EI.(5) Alors,
où est l'autonomie des "rebelles syriens" vis-à-vis de leurs amis les
puissances étrangères qui les forment et les arment ?
L'opposition dite modérée se fait également
"aider" par Israël cet Etat colonialiste- gardien d'une prison à ciel
ouvert nommée Gaza - qui soigne ses blessés. "Des rencontres discrètes ont lieu régulièrement dans la ville de
Tibériade entre militaires israéliens et représentants de l'ASL (Armée
syrienne libre)". Enfin Israël a commencé à fournir à celle-ci des armes
légères(6). Les rapports de la Fnuod (une force des
Casques bleus stationnée sur le plateau du Golan depuis 1974) révèlent que les
rencontres entre militaires israéliens et rebelles syriens [parmi lesquels des
islamistes du Front Al-Nosra, branche syrienne d'Al-Qaïda] sont quasi
quotidiennes depuis au moins dix - huit mois. (7)
Les Etats-Unis, la Turquie, l'Arabie saoudite, le
Qatar, Israël et les "rebelles syriens" ("modérés" ou
islamistes à la sauce Al-Nosra et Etat islamique) constituent les adversaires
du régime de Damas et de son soutien iranien. Un anticolonialiste et révolutionnaire ne peut pas choisir entre ces
deux camps antidémocratiques. Les uns font régner la terreur moyenâgeuse
dans la société (l'Arabie saoudite, le Qatar), les autres bombardent leur
propre peuple (la Turquie) ou instaurent l'apartheid social (Israël) au vu et
au su de l'humanité.
Voici ce qu'écrit Hélène Sallon à propos de
l'Arabie saoudite et les "trente ans de financement par la monarchie
wahhabite de mouvements salafistes et djihadistes au Moyen-Orient, qu'elle a
été incapable de maîtriser, à l'instar d'Al - Qaida et de son émanation, l'Etat
islamique (EI)"(8) dont les pratiques criminelles et
esclavagistes sont connues du monde entier.
Comme nous l'avons souvent écrit, les jeunes Etats
syrien et irakien sont des Etats artificiels(9) dont les frontières
ont été dessinées dans les bureaux du Foreign office britannique. Tout porte à
croire que l'Irak et la Syrie, sous leur forme actuelle, sont voués à
disparaître, pour donner naissance à d'autres pays dont les frontières seront
discutées entre les puissances impliquées dans l'actuel bras de fer régional,
en particulier américaine, russe et iranienne. L'Iran est la seule puissance
militaire qui dispose de troupes au sol (via les milices du Hezbollah), donc
bien placée pour s'adjuger un vaste territoire en Irak et en Syrie.
L'Iran a le potentiel pour devenir la future
superpuissance militaire régionale que l'Arabie saoudite, Israël et la Turquie,
unis au sein des "amis du peuple syrien", essaient de contenir.
L'armement et la formation de l'ASL (Armée syrienne libre) ou autres formations
djihadistes du type Front Al-Nosra servent les intérêts géopolitiques des pays
impliqués qui n'en ont rien à cirer des aspirations démocratiques du peuple
syrien. Ne pas comprendre ce Grand jeu géopolitique qui secoue le Moyen-Orient
c'est rester à côté de la plaque.
L'avenir nous dira si le sort de la région se
trouve déjà dans les clauses secrètes des accords de Vienne discutés âprement
entre l'Iran et les pays du P5 + 1(10) ? En attendant les docteurs
Folamour du Moyen-Orient continuent à s'écharper au prix de dizaines de
milliers de morts civils, des millions de déplacés et de destructions
innombrables du patrimoine de l'humanité en Syrie, en Irak et au Yémen.
1) Le Monde du 23 juillet 2015.
2) Pour
l'opposition kurde, l'attentat-suicide de Suruç a été encouragé ( voire
commandité selon certains opposants kurdes ) par l'Etat turc qui continue à
bombarder les positions du PKK (Parti des travailleurs kurdes) en Irak. Les
combattants kurdes de toute obédience sont les ennemis communs de l'Etat turc
et de l'Etat islamique.
3) Marie Jégo
- Le Monde du 22 juillet 2015.
4) Selon des
sources militaires françaises de haut niveau, rapportées par Nathalie Guibert
(à Paris), Marie Jégo, Stéphane Lauer et Hélène Sallon (à Paris) - Le Monde des 26-27 juillet 2015.
5) Hélène
Sallon - Le Monde du 23 juillet 2015.
6) Pascal
Sadarnac - Dernières Nouvelles d'Alsace
(DNA) du 08 septembre 2014.
7) Nissim
Behar - Libération du 08 décembre
2014.
8) Hélène
Sallon - Le Monde du 16 juillet 2015.
9) L'Arabie
saoudite, le Yémen, la Jordanie, le Liban, Israël, le Qatar, le Koweït, les Emirats
Arabes Unis, le Pakistan en font partie.
10) Etats-Unis,
Russie, Chine, France, Royaume-Uni, Allemagne et Iran
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