STRASBOURG le 30 novembre 2006
cpjmo@yahoo.fr
Au Moyen-Orient, les bruits de bottes sont permanents
Quel est «cet acteur régional» qui se cache derrière l’assassin de Pierre Gemayel?
Pourquoi Israël propose-t-il un «plan de paix» aux Palestiniens ?
Le 29 novembre Nouri Al- Maliki, premier ministre irakien, s’est rendu en Jordanie pour rencontrer G.W.Bush et l’informer des pourparlers des autorités irakiennes avec leurs homologues iraniens et syriens (grands bénéficiaires des erreurs stratégiques américaines en Irak) en vue de «stabiliser» (selon la terminologie officielle) la situation chaotique en Irak. En effet, l’intervention américaine en Irak a rompu tous les équilibres politiques et socio-économiques du pays. L’instauration de nouveaux équilibres dépend de facteurs qui, actuellement, échappent aux protagonistes. Le pouvoir n’appartient plus à l‘«Etat irakien», qui n’a plus d’existence réelle, ni aux troupes étrangères retranchées dans leurs casernes. Il appartient à la rue, ou plus exactement, aux différentes milices, sunnites et chiites, liées d’une manière ou d’une autre aux pays voisins de l’Irak. Pourquoi cette rencontre en Jordanie? On est tenté de dire que le président américain n’ose plus se rendre en «Irak démocratique»! Comment en est-on arrivé là ?
A l’origine, l’Etat irakien a été créé par l’occupant britannique après l’élection, sous son égide, d’une «Assemblée constituante» en février 1924. Les chiites avaient refusé de participer au scrutin, ce qui permit aux sunnites arabes, minoritaires, mais soutenus par la couronne britannique, de s’emparer du pouvoir, avec l’objectif de défendre les intérêts stratégiques et pétroliers de l’Angleterre, superpuissance de l’époque. Sans véritable base sociale propre, s’appuyant exclusivement sur la puissance politique et militaire britannique, la monarchie des «Al- Hachémi», régna sur l’Irak d’une main de fer, pendant 34 ans.
La fin de la deuxième guerre mondiale, en sonnant le glas de l’hégémonie planétaire britannique, a favorisé la montée en puissance de l’Union soviétique, et provoqué la division du monde en deux blocs hostiles. Profitant du nouveau rapport de forces à l’échelle mondiale, les militaires nationalistes irakiens renversèrent le régime corrompu des «Al- Hachémi» le 14 juillet 1958. Le nouveau régime, anti- impérialiste, comptait principalement sur le soutien soviétique.
Une rapide étude historique de l’Irak montre que ce pays est le résultat d’un rapport de forces sur le plan mondial. Tout régime mis en place devait, pour se maintenir, s’appuyer sur une puissance étrangère capable de s’imposer à ses concurrents.
L’Union soviétique ayant disparu en 1991, la Russie n’était plus en mesure de soutenir le régime de Saddam Hussein. Celui-ci, devenu une proie facile pour les Etats- Unis, fut renversé le 9 avril 2003.
Ainsi, l’Etat irakien créé par une puissance étrangère (britannique), soutenu par une autre puissance étrangère (soviétique) a-t-il été renversé et dominé par une troisième puissance étrangère (américaine).
On est en droit de s’interroger sur l’histoire de ce vaste territoire, proclamé pays autonome depuis 81 ans, composé d’une mosaïque d’ethnies et de communautés sans lien historique ni culture commune. Au sein même de la communauté chiite, quel lien «historique» peut-il exister entre les chiites arabes et ceux d’origine persane? Quelle communauté d’intérêts lie entre eux les sunnites kurdes, tous d’origine indo-européenne, et les sunnites arabes et turcmans ? Sont-ils tous les héritiers de Babylone ou de la civilisation mésopotamienne ?
Avec l’écroulement de l’Etat autoritaire de Saddam Hussein, le nationalisme des ethnies a trouvé un terrain favorable pour s’exprimer. Une chose est certaine: la politique consistant à démembrer, décomposer, exacerber les tensions inter-ethniques ou religieuses, a été de tout temps une constante de la politique des puissances occidentales pour asseoir leur suprématie. Si le démembrement de la Yougoslavie était prémédité, la décomposition de l’Irak semble davantage une conséquence de l’intervention américaine.
L’«erreur» stratégique des Etats-Unis en Irak a permis la montée en puissance de l’Iran et de la Syrie, hostiles à la présence des Etats-Unis au Moyen-Orient, contribuant par là- même, à la naissance d’une puissante coalition de pays, allant des frontières afghanes au Liban, au bord de la Méditerranée.
Le Liban est le maillon faible de la «coalition» des pays opposés à Israël. L’assassinat de Pierre Gemayel, le 21 novembre, est-il une tentative d’exacerber les tensions inter-ethniques et religieuses de ce jeune pays, empêtrant la «coalition» dans des problèmes insolubles? Voici ce qu’a dit un haut diplomate irakien: «Si l’un des acteurs de la région cherchait à envenimer un peu plus les relations entre Washington et Damas pour entraver celles que la Syrie veut resserrer avec nous, cela ne marchera pas» (Le Monde du 23/11/06). Qui se cache derrière: «l’un des acteurs de la région» ? L’ancien ministre Soleiman Frangié a même rejeté sur la majorité la responsabilité de l’assassinat (Le Monde du 23/11/06).
A entendre les analystes de la propagande officielle, porte- paroles des intérêts des puissances colonialistes, la réponse est claire: «à qui profite le crime?». «Il profite à la Syrie (…) Mais il profite aussi à Téhéran et à tous les orphelins de la Syrie au Liban» (Antoine Sfeir- DNA du 25/11/06). Voici une «analyse» à l’emporte pièce, sans preuves, ni enquête. Actuellement, de nouveaux défis attendent la Syrie qui devra assumer le rôle important de «garant de la stabilité régionale». L’assassinat de Pierre Gemayel ressemble à un piège, tendu par les défenseurs du statut quo (partisans du chaos «constructif») qui tentent de prouver que la Syrie ne peut pas jouer un rôle de stabilisateur.
Les semaines et les mois à venir seront «chauds» . Après l’échec américain en Irak, les rapports de force évoluent rapidement au Moyen-Orient. Pour faire face à la montée en puissance de l’axe irano-syrien et pour se désengager et calmer le front palestinien, Israël vient de proposer un «plan de paix» aux Palestiniens.
Au Moyen-Orient, les bruits de bottes sont permanents et une proposition de paix peut cacher une préparation à la guerre.
A l’origine, l’Etat irakien a été créé par l’occupant britannique après l’élection, sous son égide, d’une «Assemblée constituante» en février 1924. Les chiites avaient refusé de participer au scrutin, ce qui permit aux sunnites arabes, minoritaires, mais soutenus par la couronne britannique, de s’emparer du pouvoir, avec l’objectif de défendre les intérêts stratégiques et pétroliers de l’Angleterre, superpuissance de l’époque. Sans véritable base sociale propre, s’appuyant exclusivement sur la puissance politique et militaire britannique, la monarchie des «Al- Hachémi», régna sur l’Irak d’une main de fer, pendant 34 ans.
La fin de la deuxième guerre mondiale, en sonnant le glas de l’hégémonie planétaire britannique, a favorisé la montée en puissance de l’Union soviétique, et provoqué la division du monde en deux blocs hostiles. Profitant du nouveau rapport de forces à l’échelle mondiale, les militaires nationalistes irakiens renversèrent le régime corrompu des «Al- Hachémi» le 14 juillet 1958. Le nouveau régime, anti- impérialiste, comptait principalement sur le soutien soviétique.
Une rapide étude historique de l’Irak montre que ce pays est le résultat d’un rapport de forces sur le plan mondial. Tout régime mis en place devait, pour se maintenir, s’appuyer sur une puissance étrangère capable de s’imposer à ses concurrents.
L’Union soviétique ayant disparu en 1991, la Russie n’était plus en mesure de soutenir le régime de Saddam Hussein. Celui-ci, devenu une proie facile pour les Etats- Unis, fut renversé le 9 avril 2003.
Ainsi, l’Etat irakien créé par une puissance étrangère (britannique), soutenu par une autre puissance étrangère (soviétique) a-t-il été renversé et dominé par une troisième puissance étrangère (américaine).
On est en droit de s’interroger sur l’histoire de ce vaste territoire, proclamé pays autonome depuis 81 ans, composé d’une mosaïque d’ethnies et de communautés sans lien historique ni culture commune. Au sein même de la communauté chiite, quel lien «historique» peut-il exister entre les chiites arabes et ceux d’origine persane? Quelle communauté d’intérêts lie entre eux les sunnites kurdes, tous d’origine indo-européenne, et les sunnites arabes et turcmans ? Sont-ils tous les héritiers de Babylone ou de la civilisation mésopotamienne ?
Avec l’écroulement de l’Etat autoritaire de Saddam Hussein, le nationalisme des ethnies a trouvé un terrain favorable pour s’exprimer. Une chose est certaine: la politique consistant à démembrer, décomposer, exacerber les tensions inter-ethniques ou religieuses, a été de tout temps une constante de la politique des puissances occidentales pour asseoir leur suprématie. Si le démembrement de la Yougoslavie était prémédité, la décomposition de l’Irak semble davantage une conséquence de l’intervention américaine.
L’«erreur» stratégique des Etats-Unis en Irak a permis la montée en puissance de l’Iran et de la Syrie, hostiles à la présence des Etats-Unis au Moyen-Orient, contribuant par là- même, à la naissance d’une puissante coalition de pays, allant des frontières afghanes au Liban, au bord de la Méditerranée.
Le Liban est le maillon faible de la «coalition» des pays opposés à Israël. L’assassinat de Pierre Gemayel, le 21 novembre, est-il une tentative d’exacerber les tensions inter-ethniques et religieuses de ce jeune pays, empêtrant la «coalition» dans des problèmes insolubles? Voici ce qu’a dit un haut diplomate irakien: «Si l’un des acteurs de la région cherchait à envenimer un peu plus les relations entre Washington et Damas pour entraver celles que la Syrie veut resserrer avec nous, cela ne marchera pas» (Le Monde du 23/11/06). Qui se cache derrière: «l’un des acteurs de la région» ? L’ancien ministre Soleiman Frangié a même rejeté sur la majorité la responsabilité de l’assassinat (Le Monde du 23/11/06).
A entendre les analystes de la propagande officielle, porte- paroles des intérêts des puissances colonialistes, la réponse est claire: «à qui profite le crime?». «Il profite à la Syrie (…) Mais il profite aussi à Téhéran et à tous les orphelins de la Syrie au Liban» (Antoine Sfeir- DNA du 25/11/06). Voici une «analyse» à l’emporte pièce, sans preuves, ni enquête. Actuellement, de nouveaux défis attendent la Syrie qui devra assumer le rôle important de «garant de la stabilité régionale». L’assassinat de Pierre Gemayel ressemble à un piège, tendu par les défenseurs du statut quo (partisans du chaos «constructif») qui tentent de prouver que la Syrie ne peut pas jouer un rôle de stabilisateur.
Les semaines et les mois à venir seront «chauds» . Après l’échec américain en Irak, les rapports de force évoluent rapidement au Moyen-Orient. Pour faire face à la montée en puissance de l’axe irano-syrien et pour se désengager et calmer le front palestinien, Israël vient de proposer un «plan de paix» aux Palestiniens.
Au Moyen-Orient, les bruits de bottes sont permanents et une proposition de paix peut cacher une préparation à la guerre.
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