Paix et Justice au
Moyen-Orient
STRASBOURG, le 17 juillet 2017
Merci
monsieur George W. Bush !
Un incendie qui n'est pas prêt de s'éteindre
Avant
d'envahir l'Irak, George W. Bush consulta certains dirigeants du Proche et
Moyen-Orient dont le roi de Jordanie. Ce dernier prédit que le renversement du pouvoir
irakien ouvrirait la «boite de Pandore».
Ivre de la
«poussée vers l'Est» de l'OTAN et de la diffusion de l'influence occidentale
dans l'ancien pré-carré russe (facilitée par l'effondrement du mur de Berlin et
de l'Union soviétique), George W. Bush n'écoutait que les «néoconservateurs» pressés d'imposer les «valeurs occidentales» par
la force, en procédant à la «nation
building» - reconstruire une nouvelle nation à l'image américaine - non
seulement en Europe de l'Est, mais surtout au Proche et Moyen-Orient. Enhardi,
il proposa même de créer un «Grand Moyen-Orient» américain, s'étendant des
frontières chinoises à l'Atlantique.
Lesdits «néoconservateurs» évoquaient la «nation building» qui fut appliquée à
l'Allemagne et au Japon sortis vaincus et exsangues de la seconde guerre
mondiale. Evocation qui voulait suggérer un avenir prometteur aux Irakiens
redoutant l'invasion de leur pays par la plus puissante armée du monde dont on
sait que le « passage » dans un pays (le Vietnam par exemple) est
synonyme de destruction massive et de massacre de civils.
Le
parapluie soviétique n'existait plus et des pays comme l'Irak, la Syrie, la
Libye paraissaient des proies faciles à «avaler». L'administration Bush
souhaitait ainsi compléter la reconquête américaine de l'ancien espace
soviétique. Les chefs militaires promettaient aux soldats qu'ils seraient
accueillis comme des «sauveurs» par les Irakiens persécutés par le régime de
Saddam Hussein. Sur le papier, tout paraissait à portée de main. Seulement sur
le papier ! Car le Moyen-Orient n'est pas l'Europe Orientale et l'Irak n'est
pas l'ex-Yougoslavie (re)balkanisée, découpée en de multiples «pays»
ethno-confessionnels !
Les Etats-Unis exportent le chaos au
Moyen-Orient
L'agression
américaine s'appuie toujours sur le «chaos
constructif» : créer le chaos pour imposer ses desseins géopolitiques. Ce
fut le cas en Irak, en Syrie, au Liban et en Libye où les pouvoirs centraux,
représentés aux Nations unies, furent attaqués, soit par des armées
occidentales, soit par des mercenaires venus d'ailleurs, mais bénéficiant du
soutien financier et militaire des pays occidentaux et de leurs alliés
régionaux.
Deux
facteurs ont fait échouer les projets néoconservateurs. Le premier, c'est le
fort sentiment anticolonialiste des peuples et nations du Proche et
Moyen-Orient qui se manifeste également sous forme de sentiment anti
occidental, en particulier anti américano-britannique. En effet, le peuple
irakien, soutenu par les peuples et nations épris de paix du monde, opposa une
forte résistance à l'agression américano-britannique. Plus de 5000 militaires
américains y ont laissé leur vie sans parler des dizaines de milliers de
blessés.
Le
deuxième facteur est la présence de l'Iran dans la région qui s'est engouffré
dans la brèche «chaotique» ouverte par l'administration Bush, en avançant
méthodiquement ses pions au point d'arriver à partager le pouvoir en Irak avec
les Etats-Unis. Ce n'est pas tout.
Le chaos au Liban, en Syrie et en Libye
Après
l'Irak, les Etats-Unis ont tenté d'exporter le chaos au Liban par l'armée
israélienne interposée. La défaite cinglante de l'armée israélienne au Sud
Liban en 2006 poussa les alliés occidentaux de la région à encourager une
guerre de religion au Liban pendant la guerre de Syrie dans laquelle s'investirent
activement l'Arabie saoudite, la Turquie et la Qatar. Selon France 24 de mai
2012 «A Tripoli, dans le nord-ouest du pays, des affrontements confessionnels
entre partisans et détracteurs du régime de Damas ont plongé la ville dans un
chaos total pendant plus de trois jours. Les violences ont éclaté samedi soir
après l'arrestation de Chadi Mawlawi, un salafistes, une branche extrémiste du
sunnisme, âgé de 27 ans et soupçonné d'être un «terroriste» par les autorités
libanaises.»
La
vigilance de la classe politique libanaise, de la population vaccinée contre le
chaos, de l'armée libanaise et du Hezbollah a fait échouer le conflit
confessionnel qui a quand même fait plusieurs victimes.
En 2011,
la révolte justifiée du peuple syrien donna l'occasion aux occidentaux et à
leurs alliés locaux d'intervenir massivement en Syrie, par djihadistes
interposés, arrivant en Syrie via la Turquie, elle-même servant de base
arrière. Ils ont réussi à fragmenter la Syrie, à y semer un chaos
indescriptible. Le soutien apporté par l'Iran, le Hezbollah libanais et
l'aviation russe aux forces armées syriennes a empêché la chute du régime
syrien.
Force est de constater que depuis 1980, la
provocation du chaos au Moyen-Orient se solde par le renforcement de l'Iran,
par l'extension de sa zone d'influence, de sa «profondeur stratégique», de ses
multiples milices et, récemment, par celui de la Russie qui engage ses forces
aériennes.
Acculé par
l'activisme iranien dans la région, Rex Tillerson, ministre américain des
Affaires étrangères, propose de changer pacifiquement le régime de la
république islamique. Le chaos est gravé dans le gène de la diplomatie
américaine.
Suite au
«Printemps arabe» en 2011, une révolte éclata en Libye donnant l'occasion à la
France (opération Harmattan) et à la Grande Bretagne (opération Ellamy) de
renverser le régime du colonel Kadhafi. Le Canada, la Norvège, le Danemark, la
Grèce, la Belgique, les Etats-Unis, la Pologne et le Qatar annoncèrent officiellement qu'ils participeront aux côtés
de la France et de la Grande Bretagne. La guerre se poursuit actuellement en
Libye dans la confusion totale. Les djihadistes en profitent pour s'implanter
dans un grand pays, en proie au chaos interminable et divisé en plusieurs
fiefs, dirigés par différentes milices et armées soutenues par des puissances
militaires occidentales et la Russie.
Après la
conquête de l'Irak, George W. Bush annonça que maintenant «le monde est plus sûr». Or, depuis la chute du régime de Saddam
Hussein, les djihadistes anti occidentaux gagnent du terrain partout dans le
monde au point de menacer la Pax americana du Proche et Moyen-Orient jusqu'aux
Philippines, répondant ainsi au chaos américain.
Comme nous
l'avons écrit dans l'analyse 6 (2017) : «Al-Qaida,
qui ne comptait que 400 membres à la veille des attaques de New York et de
Washington, est aujourd'hui forte de plusieurs dizaines de milliers de membres,
de millions de supporteurs et de sympathisants, pour ne s'en tenir qu'à
l'organisation fondée par Oussama Ben Laden.» En Afghanistan «les talibans contrôlent plus de 40% du
territoire et 35% de la population et leur emprise ne cesse de se renforcer»
(Jacques Follorou-Le Monde du 5
juillet 2017). Merci qui ? Merci monsieur George W. Bush et ses «néoconservateurs» !
Faut-il
rappeler que les djihadistes obscurantistes n'ont aucune chance de réussir, à
moins qu'ils modifient radicalement leur comportement rétrograde et s'adaptent
à la modernité. «Désormais, les talibans
entendent montrer qu'ils administrent des pans entiers du territoire comme un
véritable État (…) il n'y a plus
d'interdits visant la télévision, les téléphones ou les cigarettes et les
filles peuvent, disent-ils, aller à l'école.» (Jacques Follorou-Le Monde du 5 juillet 2017). Il faut un
début à tout.
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