25.3.07

Communiqué n° 26 (le 25 mars 2007). La deuxième étape d'une guerre sans fin.

Paix et Justice au Moyen- Orient STRASBOURG le 25 mars 2007 cpjmo@yahoo.fr 

                                       La deuxième étape d’une guerre sans fin

9 avril 2003: la chute de Saddam Hussein, suivie de la conquête de l’Irak par les Etats-Unis, a enterré définitivement l’ancien ordre bipolaire, issu de la deuxième guerre mondiale, et a conduit à la naissance d’un «nouvel ordre mondial» unipolaire. Selon un scénario concocté par le pouvoir américain, la conquête de l’Irak devait conduire, par le biais de «contagion démocratique», à l’extension de la suprématie américaine dans le «Grand Moyen-Orient», et à l’absorption de l’Iran et de la Syrie. Le fiasco irakien mis un terme à ces «beaux projets» néo-colonialistes américains. Le 7 novembre 2006, lors des élections de mi-mandat, le peuple américain, las de la guerre, retira sa confiance à G.W.Bush et son clan. Cependant pour un observateur attentif de ces élections, il serait naïf:

1- d’occulter le conflit opposant les représentants du complexe militaro-pétrolier aux représentants de la haute finance liée à l’industrie civile (Brzezinski, Pelosi, chef de file démocrate à la Chambre des représentants et autre J.Carter), sensibles à l’image des Etats-Unis dans le monde. 2- de croire que les démocrates sont dépourvus de visées colonialistes. Les démocrates et les républicains peuvent diverger sur la méthode, mais ils sont d’accord pour maintenir, voire renforcer, la suprématie militaire et politique américaine. Si la guerre d’Irak représente la première étape de la nouvelle politique colonialiste américaine, la deuxième étape de cette politique a commencé le 7 novembre 2006, date des élections de mi-mandat. Son objectif consiste à affronter l’Iran, ses alliés syriens, libanais et les mouvements islamistes de libération nationale, qui ont le vent en poupe au Moyen-Orient. Pour l’instant, vu l’enlisement de l’armée américaine en Irak et l’opposition croissante du mouvement anti-guerre aux Etats-Unis et en Europe, le pouvoir américain, toutes tendances confondues, souhaite un «affrontement pacifique» (sanctions économiques et politiques) avec l’Iran, sans écarter l’affrontement militaire. Ceci ressort bien du projet de loi sur le «supplément budgétaire pour l’Irak et l’Afghanistan (…) Mme Pelosi a assorti ce projet de loi de crédits spéciaux en supprimant la clause interdisant au président toute action militaire contre l’Iran» (Le Monde du 20/03/07). Même en ce qui concerne les sanctions économiques, les américains ont définitivement perdu de leur superbe et n’arrivent plus à imposer leur choix aux Européens. Dans le nouveau projet de sanctions contre l’Iran, «des clauses financières, qui visaient à réduire les soutiens étatiques au commerce avec l’Iran, ont été abandonnées, notamment sous la pression de l’Allemagne, dont beaucoup de PME s’appuient sur ces garanties de crédit pour commercer avec l’Iran» (Le Monde du 17/03/07). Selon certaines informations, les Etats-Unis auraient proposé de partager le marché du nucléaire civil mondial avec la Russie, à condition qu’elle se désengage de la centrale de Buchehr (Iran). Le retrait annoncé des russes de Buchehr et l’annonce de la construction d’une centrale nucléaire au Maroc, traditionnellement un marché occidental, (Le Monde du 20/03/07) confirme le prix que les Américains sont prêts à payer pour asphyxier l’Iran. Sans vouloir minimiser le blocus économique, même mou, de l’Iran, il est à souligner que ce pays, vu ses réseaux au Moyen-Orient, reste encore un concurrent redoutable pour les Occidentaux. En effet l’importance d’un pays ne se limite pas à ses moyens militaires. La Russie, militairement plus puissante qu’à l’époque de l’Union soviétique, n’est plus qu’une puissance moyenne, du fait qu’elle a perdu ses réseaux d’influence dans le monde. Même les Etats-Unis, puissance militaire redoutable, n’ont plus la superbe d’il y a six ans, depuis leur fiasco irakien et bientôt afghan. La BBC a consacré le 17 mars 2007 une émission en langue persane à l’«influence grandissante de l’Iran dans l’économie irakienne». Selon la BBC, qui cite le New York Times, «les boutiques irakiennes sont remplies de produits iraniens, depuis les tomates jusqu’aux climatiseurs et des Peugeot blanches (tiens, tiens, le retour français en Irak par l’Iran interposé!- NDLR) de fabrication iranienne (…) les Iraniens investissent dans le secteur énergétique et Bassora achète de l’électricité à l’Iran». Le «Courrier international du 22 au 28 février 2007» rapporte: «le fabricant automobile iranien Khodro Iran vient d’y construire la première usine de construction automobile de Syrie». L’Iran compte investir dans une cimenterie, une verrerie, des silos à grain, une exploitation laitière et un nouveau système de transports public en Syrie. Il a construit des usines de fabrication de tracteurs et de voitures au Vénézuéla et compte y investir 9 milliards de dollars. Des usines de montage de voitures ont été édifiées en Azerbaïdjan et en Biélorussie. Les entreprises iraniennes de travaux publics participent à la reconstruction des infrastructures endommagées au Liban par Israël, lors de la guerre de juillet-août 2006. En s’appuyant sur l’ONU (qui pratique deux poids et deux mesures), les Occidentaux essaient d’imposer «un embargo sur l’exportation d’armes par l’Iran» (Le Monde du 17 mars 2007). Bref, qui dit percée économique, dit percée politique. Certains milieux politiques occidentaux souhaiteraient voir dans la contestation grandissante de la société civile iranienne des signes d’affaiblissement des positions de l’Iran vis-à-vis de l’Occident. Les femmes, les étudiants, les journalistes, les poètes, les écrivains, les cinéastes et autres intellectuels iraniens, se sont toujours battus courageusement, et continuent à se battre contre l’intégrisme et les lois moyenâgeuses de la République islamique. Le combat de la société civile continuera jusqu’à la victoire. c’est la loi de l’Histoire. Mais la contestation des milieux intellectuels ne signifie pas que la société civile soit prête à sacrifier la souveraineté nationale du pays. L’arrestation des marins britanniques par la marine iranienne et l’annulation du voyage du président iranien aux Nations-Unies, sont des signes d’une victoires des «radicaux» au sein de l’Etat. La «guerre sans fin» (affirmation de N. Pelosi- Le Monde du 21/03/07), caractérisant le conflit Iran- Occident, n’est pas près de se terminer; car les puissances occidentales ne renonceront pas à leur objectif d’asservissement des pays orientaux, face à un rapport de force politico-militaires, actuellement favorable à l’Iran et aux mouvements de libération nationale.

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