28.10.07

C.58- Israël, Kosovo, Kurdistan et...

Paix et Justice au Moyen-Orient

STRASBOURG, le 28 octobre 2007

cpjmo@yahoo.fr

Israël, Kosovo, Kurdistan et …


Une "étrange catastrophe"* attend le Moyen-Orient

Le Kosovo et le Kurdistan sont des régions qui ont souffert- qui souffrent encore- de discriminations d’ordre culturel et économique de la part du pouvoir central. Sur le plan linguistique et culturel, les autorités turques commencent à peine à accepter la spécificité kurde. Le Kurdistan, qu’il soit turc, irakien ou iranien, est une région sous développée, une sorte de punition imposée à ce peuple fier et insoumis qui combat l’injustice séculaire, soit pacifiquement, quand l’occasion s’y prête, soit les armes à la main.

Intéressés par les mouvements populaires dans le monde, les colonialistes regardent avec «compassion» les mouvements de résistance kurde et Kosovar. C’est en s’appuyant sur le puissant mouvement de contestation kosovar que l’Occident, conduit par les Américains, a «sensibilisé» l’opinion publique, avant de décomposer la Serbie, soutenue par les Russes dans les Balkans.

Actuellement, le Kosovo, petit territoire albanophone, est divisé en cinq régions, administrées par les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, la France, l’Allemagne et la Russie. Afin de transformer le Kosovo en une sorte de grande base militaire au cœur des Balkans, entièrement vouée aux intérêts des pays occidentaux, ces derniers manoeuvrent aux Nations Unies afin de lui accorder l’«indépendance». Devenu pays «indépendant » et, de surcroît, membre des Nations Unies, le Kosovo pourrait exiger des Russes de quitter le territoire!

Petit pays sans défense et entouré de pays hostiles et puissants, le Kosovo dépendrait entièrement, pour sa survie, des Etats-Unis et des colonialistes européens, qui n’hésiteraient pas à l’utiliser comme base de lancement d'opérations militaires et «humanitaires» pour régner en maître dans les Balkans et ses environs.

Comme le Kosovo, le Kurdistan irakien est traité de «territoire autonome», avec «un gouvernement régional autonome», disposant d’une armée de 100000 peshmergas. C’est qu’après la décomposition de l’ex-Yougoslavie, puis de la Serbie, l’heure est à la décomposition de l’Irak. En la personne de Frédéric Tissot, compagnon de route de Bernard Kouchner, «french doctor» «humaniste» militariste et homme de confiance da la CIA, la France a déjà choisi son futur représentant diplomatique à Erbil, promue capitale de la «région autonome du Kurdistan irakien». D’ores et déjà, ce «gouvernement» entretien d’excellents rapports avec Israël, bras armé de l’Occident au cœur du Moyen-Orient.

Le «Kurdistan autonome» d’Irak représente une brèche de plus dans le «remodelage» du Moyen-Orient, cher à l’administration Bush. Le Kurdistan, n’étant pas le Kosovo, la question est de savoir si le plan de dépeçage appliqué avec succès dans les Balkans, peut fonctionner aux frontières de pays hautement stratégiques comme la Turquie, l’Iran et l’Irak? En effet, la transformation du Kurdistan irakien en «région autonome» constituerait le premier pas vers la création du «Grand Kurdistan», pays «indépendant», de fait dépendant des Etats-Unis, englobant le Kurdistan turc et le Kurdistan iranien.

Membre important de l’OTAN, occupant, de surcroît, une position hautement stratégique au Sud de la Mer Noire et aux Dardanelles, en Méditerranée, la Turquie est farouchement opposée à la création du «Kurdistan autonome», qui serait une menace grave pour son intégrité territoriale. On voit bien que les intérêts stratégiques des Etats-Unis peuvent entrer en conflit avec ses alliés les plus proches. La création du «Kurdistan autonome» inquiète tous les «amis» des Etats-Unis comme l’Arabie saoudite, pays comportant une forte minorité chiite.

Tout porte à croire que, fort de son poids et de sa position stratégique, la Turquie est décidée à tenir tête aux Américains et à en découdre avec le «gouvernement autonome» kurde fantoche.

Les menaces fusent des deux côtés. Pour faire pression sur la Turquie, la commission des affaires étrangères de la Chambre des Représentants a voté, mercredi 10 octobre, un texte qui reconnaît un «génocide» arménien du début du XXe siècle dans l’Empire ottoman (Le Monde du 12/10/07). De son côté, la Turquie menace de restreindre l’accès des forces américaines à la base aérienne d’Incirlik, plaque tournante du transit américain vers l’Irak et l’Afghanistan (LM du 16/10/07).

Actuellement, l’armée turque mène des actions de l’autre côté de la frontière, et le déplacement d’une délégation irakienne en Turquie s’est soldé par un échec. Selon le premier ministre turc: «la Turquie lancera une opération contre les rebelles «quand ce sera nécessaire» sans tenir compte de l’opinion internationale (Dernières Nouvelles d’Alsace du 28/10/07). Les Etats-Unis sont visés indirectement. Le bruit de bottes arrive d’une région où on ne l’attendait pas.

Dans sa démarche, la Turquie est incontestablement soutenue par l’Iran, l’Arabie saoudite et la Russie, qui voient d’un mauvais œil la création d’un «Kurdistan autonome», à la botte des Etats-Unis, qui, en cas de réussite, n’hésiteraient pas à équiper le nouveau pays d’un armement des plus sophistiquées (centres d’écoute électronique, missiles, voire armes nucléaire), menaçant, comme Israël, tous les pays de la région.

Face à l’agressivité américano-israélienne au Moyen-orient, la résistance s’organise. Le voyage de Poutine en Iran en est une manifestation. Tandis que Washington renforce ses sanctions financières pour isoler l’Iran et cible les gardiens de la Révolution, le secrétaire américain à la défense, Robert Gates, a proposé aux Russes d’envoyer des experts militaires dans la station radar en construction en République tchèque, pour diviser le front russo-iranien (LM du 27/10/07).

Dans ses tentatives de faire pression sur l’Iran, l’administration Bush est soutenue par l’establishment démocrate : «Hillary Clinton affiche une attitude compréhensible» note Sylvain CYPEL, dans Le Monde du 27/10/07.

Même soutenue par les démocrates, l’administration Bush a-t-elle une chance de réussite? D’accord sur un certain nombre de points, dans l’ensemble, la classe politique américaine reste profondément divisée. L’équipe Bush est traitée de «clique incompétente, arrogante et corrompue» par un ancien officiel du Conseil national de sécurité. Professeur associé à l’Institut d’Etudes Européennes de l’Université Paris- VIII, Philip S. Golub, livre une analyse pertinente de la «puissance américaine», dans Le Monde Diplomatique d’octobre 2007: «Les signes d’affaiblissement de l’hégémonie américaine sont visibles partout: en Amérique latine, où l’influence des Etats-Unis est au plus bas depuis des décennies; en Asie de l’Est, où Washington a dû, de mauvaise grâce négocier avec la Corée du Nord et reconnaître en la Chine un acteur indispensable de la sécurité régionale; en Europe, où le projet américain d’installer des batteries antimissiles est contesté par l’Allemagne et d’autres pays de l’Union; dans le Golfe, où des alliés de longue date comme l’Arabie saoudite poursuivent des objectifs régionaux autonomes qui ne coïncident que partiellement avec ceux des Etats-Unis… ». Néanmoins, une «étrange catastrophe»* attend le Moyen-Orient.

* Marc Bloch, à propos de juin 1940.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

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