29.12.08

Analyse 25

Paix et Justice au Moyen-Orient

STRASBOURG, le 28 décembre 2008

cpjmo@yahoo.fr


La Palestine: la résistance

d’un peuple fier en état de siège



Depuis samedi 27 décembre, l’aviation israélienne s’acharne sur la bande de Gaza. Siège des forces du Hamas, habitations, dépôts de carburant, rues, magasins et autres lieux de vie sont systématiquement bombardés. Les images montrent des hommes, des femmes et des enfants, gisant à même le sol et les hôpitaux débordés.


Les porte-paroles de la «communauté internationale», ceux qui piétinent les lois internationales pour dicter les leurs au reste du monde, soutenus par les gouvernements des pays arabes aux ordres, accusent le Hamas d’attiser la colère de l’armée israélienne, lui donnant une certaine légitimité à bombarder la bande de Gaza. Même Mahmoud Abbas, président-paillasson de «l’Autorité palestinienne» s’y met pour accuser le Hamas. Or, c’est la population de la bande de Gaza, réduite à la mendicité, qui encaisse les bombes, après avoir supporté les privations en tout genre.


Avec la bénédiction de l’Union européenne, des Etats-Unis et des pays arabes du Moyen-Orient, la bande de Gaza est hermétiquement encerclée et sa population survit difficilement. «98% des 3900 entreprises ont été contraintes de fermer leurs portes à cause du blocus» déclare Maher Al-Tabbaa, chargé des relations publiques. Il rajoute: «Que faire lorsque nos conteneurs de marchandises sont bloqués depuis plus de deux ans sur le port d’Ashdod [en Israël] et que nous sommes obligés de payer les frais de stockage?»(1).


De son côté, Gilles Paris, journaliste au Monde écrit: «l’étranglement de Gaza (…) a produit pour 2008 une récession de 2% qui concerne un tiers de la population totale palestinienne, et parachève la destruction du tissus économique»(2) (souligné par nous). Tout le monde, à commencer par l’Occident civilisé et les pays arabes du Moyen-Orient, participe consciemment à l’étranglement de la Palestine rebelle, qui se révolte contre la domination humiliante de l’occupant israélien.


Comme nous l’avons écrit dans le communiqué 40 daté du 24 juin 2007: «leurs frontières sont surveillées par l’armée israélienne qui peut les fermer, les ouvrir ou les modifier comme bon lui semble. Les «check- points» bloquent toute circulation à l’intérieur des territoires palestiniens, alors que, sous l’œil bienveillant de la «communauté internationale», des colonies israéliennes grignotent, jour après jour, les territoires palestiniens. Les droits de douanes et autres taxes sont perçus par la douane israélienne qui peut refuser de les reverser à leur destinataire palestinien. Le carburant est distribué par une société israélienne, liée au gouvernement. L’eau et l’électricité sont distribuées par le gouvernement israélien. Bref, une situation de dépendance totale, celle d’un territoire colonisé, à la merci du pouvoir occupant. L’objectif d’un tel asservissement? Faire comprendre aux Palestiniens, pris au piège dans les territoires contrôlés hermétiquement par l’armée israélienne, qu’ils ont le choix entre une absorption forcée par la société israélienne ou la répression.»


Si le Fatah de Mahmoud Abbas a choisi l’absorption, la bande de Gaza et le Hamas ont choisi la résistance, qui représente un «affront» pour les Etats-Unis et ses amis du Moyen-Orient.


Un scénario paraît plausible. Celle de réduire au silence la Bande de Gaza, après avoir «apprivoisé» le Fatah de Mahmoud Abbas. Il est fort possible que le durcissement du blocus ait pour objectif de provoquer le Hamas afin de justifier une intervention militaire terrestre israélienne. La date des bombardements, suivis d’une éventuelle intervention militaire terrestre, n’est pas choisie au hasard. C’est bientôt les élections présidentielles palestiniennes et la présence du Hamas aux élections compliquerait l’élection pour Mahmoud Abbas le «modéré». Certes, le prix à payer pour Israël sera élevé, mais pas excessif, étant donné l’état d’armement rudimentaire du Hamas.


Le bombardement de la bande de Gaza- cadeau d’adieu de Bush avec la bénédiction du couple Obama-Clinton- ne fera qu’aggraver la situation de blocage politique au Moyen-Orient. L’Histoire a montré que le peuple palestinien trouve toujours le moyen de s’en sortir. La solution n’est pas militaire. Elle est politique et passera par la constitution d’un Etat souverain palestinien et non pas fantoche. Mais, les sionistes, comme leur maître américain, ne connaissent que le langage de la force. Il faudra encore quelques milliers de morts, beaucoup de souffrances, et l’enrichissement des industries militaires, avant que la justice ne soit rétablie pour le peuple palestinien.


(1) Le Monde du 21-22/12/08.

(2) Le Monde du 18/12/08.

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