3.9.09

Analyse 21 (2009)

Paix et Justice au Moyen-Orient

STRASBOURG, le 3 septembre 2009


cpjmo@yahoo.fr


État palestinien: demain on rase gratis


Les «négociations de paix» israélo-palestiniennes sont à nouveau à la mode. Depuis leur apparition, le scénario reste immuable: voyage d’un émissaire américain au Moyen-Orient suivi d’échange de poignée de mains devant les caméras de télévision du monde entier entre l’émissaire et le premier ministre israélien; dissertation sur le pourcentage de territoires revenant aux Palestiniens; divergence sur le statut de Jérusalem; promesse d’une rencontre tripartite; efforts et sacrifices supplémentaires demandés aux Palestiniens. Et finalement «imminence» d’un accord à «portée de main» avant…la fin du monde !


D’aucuns pensent qu’avec Barack Obama et son émissaire, George Mitchell, les chances de la paix augmentent. Or, les négociations actuelles butent comme toujours sur l’extension des colonies en Cisjordanie. Selon les informations disponibles, «M. Obama demande un «gel» pour au moins un an. L’entourage de M. Netanyahou laisse entendre qu’Israël pourrait accepter six mois»(1). On voit bien qu’on est encore très loin des pourparlers sur la constitution d’un État palestinien, alors qu’en réalité la construction de nouvelles colonies se porte à merveille, anéantissant tout espoir pour les Palestiniens.


Selon un diplomate américain qui s’exprimait sous couvert d’anonymat: «préserver le statut quo et gagner du temps face aux pressions, Israël a toujours su faire cela avec grand talent»(1).


Y a-t-il vraiment des pressions sur Israël ? Si B. Obama était vraiment sincère, pourquoi n’exigerait-il pas l’application des résolutions des Nations unies par ses amis israéliens? En effet, l'État d’Israël est un État hors la loi qui n’a respecté aucune des résolutions des Nations unies dont l’application faciliterait amplement la création d’un État palestinien.


Selon les experts, 121 colonies ont été établies en Cisjordanie, rendant impossible la création d’un État palestinien, faute de continuité territoriale. Selon Washington Post «Quand Jimmy Carter disait (en 1980) que les colonies sont des «obstacles à la paix», il y avait 61500 colons. Quand Ronald Reagan estimait (en 1982) que les colonies n’étaient «en rien nécessaires à la sécurité d’Israël», les colons étaient 105 595. Aujourd’hui, ils sont 479500»(2).


Comme la proposition de paix saoudienne en 2002, la «feuille de route» du Quartet en 2003 et le processus d’Annapolis en 2007, Barack Obama pourrait obtenir son «processus de paix» en 2009 ou en 2010, en reléguant, plus tard, le «processus de paix» au président suivant, et ainsi de suite. Pendant ce temps là, la colonisation de la Cisjordanie continuera avec l’aval tacite des «amis» occidentaux d’Israël, renforçant la position des tenants de la création d’un «État binational», autre nom du «Grand Israël» si cher aux sionistes «purs sangs».


Magnanimes avec leurs amis, les États-Unis sont fermes avec leurs adversaires. Les Émirats arabes unis (base militaire des États-Unis) ont récemment saisi «un navire transportant clandestinement des armes nord-coréennes destinées à l’Iran», en violation de la résolution 1874 (3). Application des résolutions des Nations unies pour les uns, indulgence pour les autres. Ainsi va le respect de la loi internationale par les Américano-sionistes.


Depuis l’été 2006, Israël n’est victorieux dans aucun conflit(4). Les guerres d’Irak et d’Afghanistan, suivies de la crise économique, ont affaibli et endetté les États-Unis.


Il règne actuellement une situation «ni guerre, ni paix» au Moyen-Orient qui ne peut pas durer. La résistance libanaise se porte bien. Malgré le blocus inhumain de la bande de Gaza, le Hamas n’abdique pas. Face à la résistance farouche des Afghans, la situation militaire se dégrade chaque jour et la contestation monte dans les pays engagés en Afghanistan. Faut-il continuer à dépenser des milliards et à perdre des militaires dans un pays qualifié d’imprenable?


La situation pourrait basculer à tout moment, rompant l’équilibre fragile des forces qui prévaut actuellement dans la région. Le rêve de puissance de l'État d’Israël ne résistera pas à ces transformations attendues.

Le Moyen-Orient est gros de nouveaux conflits.


(1) Sylvain CYPEL-Le Monde du 26 août 2009.

(2) Le Monde du 30 mai 2009.

(3) Le Monde du 30-31/ août 2009.

(4) Analyse 10 du 13 avril 2008.

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