19.3.11

Analyse 5 (2011)

Paix et Justice au Moyen-Orient

STRASBOURG, le 19 mars 2011

cpjmo@yahoo.fr

Libye : odeur du pétrole et

colonialisme à visage humain

Non à l’ingérence colonialiste en Libye

Les systèmes politiques des pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord sont restés figés au Moyen-âge. Pays au sous-sol riche en pétrole, gaz et autres richesses minières, avec des jeunesses instruites et des peuples avides de libertés, pourtant soumis aux régimes dictatoriaux et corrompus.

La durée de règne des potentats se compte par décennies et le relais passe, dans certains cas, au fils du dictateur (la Syrie). Le fils de Moubarak a eu moins de chance : le papa a été évincé avant l’heure. Moubarak est parti, mais son régime pro-occidental et mafieux est resté en place. Tous les régimes baasistes, socialistes arabes ou nasséristes, installés à la suite de coups d’Etat qualifiés de «révolutionnaires», se sont transformés en dictatures sanguinaires et fascisantes, perdant leur légitimité. La disparition du monde bipolaire les a rendus fragiles, exposés à l’avidité des puissances occidentales, avides de pétrole, de gaz et de position stratégique.

L’Egypte, pays souverain, a été absorbée par l’Occident suite à deux défaites qui lui ont été infligées par l’armée israélienne. L’Irak, pays indépendant, a été envahi par l’armée américano-britannique qui, en chassant la France et la Russie, ont mis la main sur sa richesse pétrolière et l’ont transformé en base militaire en plein Moyen-Orient.

Il est à souligner que toutes les interventions militaires occidentales se font au nom de «défense des droits de l’homme». En Afghanistan, l’idéologie nauséabonde des talibans désarme les anticolonialistes du monde qui n’arrivent pas à mobiliser la population contre les visées expansionnistes des puissances colonialistes. La dictature sanguinaire de Saddam Hussein a ouvert un boulevard devant les militaires occidentaux qui ont reconquis le pays en quelques semaines, causant des dizaines de milliers de victimes et freinant son développement naturel.

Le même scénario est en train de se répéter en Libye. Pays riche en pétrole, dirigé d’une main de fer par le clan Kadhafi, qui fait saigner la Libye, le pays est menacé d’implosion. Les aspirations démocratiques de la population, associées aux conflits d’intérêt d’ordre tribal, ont semé le chaos que le clan au pouvoir tente de régler à coup de canon.

Les puissances occidentales ont vite senti la fragilité du pouvoir libyen qui s’est transformé en proie facile à attraper. Les navires de guerre occidentaux sillonnent au large des côtes libyennes, tandis que les militaires et autres membres des services de renseignement, pour des motifs soi-disant «humanitaires», interviennent sur le sol libyen.

La cruauté de l’armée libyenne, armée par l’industrie d’armement occidentale, désarme les anticolonialistes qui peinent à mobiliser contre la nouvelle aventure colonialiste occidentale en Libye.

Nous ne pouvons pas soutenir un dictateur qui opprime son peuple. De même, nous ne pouvons pas soutenir ces nouveaux missionnaires de la croisade pour les «droits de l’homme» qui, sous prétexte de défense de la «population sans défense», visent à remettre la main sur la richesse pétrolière, gazière et la position géostratégique d’un pays souverain.

L’hypocrisie des puissances occidentales n’a pas de limite. Elles laissent le champ libre à l’armée israélienne qui commet des crimes de guerre au vu et au su de la «communauté internationale» en Palestine. Elles soutiennent Israël colonialiste qui ne respecte aucune résolution de l’ONU. Elles encouragent en sous main l’intervention de l’armée saoudienne qui écrase les aspirations légitimes des Bahreinis opprimés. Mais elles s’époumonent devant la seule dictature libyenne. L’Occident pratique toujours deux poids, deux mesures et ce n’est pas aujourd’hui qu’il va changer d’attitude.

Le pétrole, le gaz, les minerais et main d’œuvre bon marché : voici les arbres qui cachent mal la forêt des convoitises des puissances occidentales animées plus que jamais par un colonialisme à visage humain.

Dans sa croisade pour le pillage des richesses des pays africains ou moyen-orientaux, l’Occident est soutenu par nombre de ses intellectuels, philosophes (André Glucksmann, Bernard-Henry Lévy, Bernard Kouchner) et autres anciens révolutionnaires à la sauce Cohn Bendit, réunis dans un collectif colonialiste, dont l’intervention médiatique crée une caution de légitimité à l’agression néocolonialiste. Les Lagardère et Dassault, trusts militaro-industriels, se frottent les mains.

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