25.10.13

Analyse 15 (2013): Rapprochement USA-Iran

Paix et Justice au Moyen-Orient
STRASBOURG, le 25 octobre 2013

               
Rapprochement Etats-Unis (USA)- Iran


Depuis l’accession de Rohani à la présidence de la république islamique, puis le coup de fil d’un quart d’heure passé entre Barack Obama et Rohani, les relations Etats-Unis (USA)-Iran semblent emprunter le chemin de l’apaisement.

Littéralement, rapprochement signifie : « Etablissement ou rétablissement d’un contact, de relation plus cordiale. » En effet, décidé en « haut lieu », l’Etat iranien a décidé de normaliser ses contacts, autrement dit, de se « rapprocher » des USA, en établissant des relations lui permettant un contact normal, sans intermédiaire et le plus cordial possible avec le plus puissant état du monde.

Sans tenir compte de la nature de son Etat (démocratique, despotique, ou autres) l’Iran, par sa géopolitique et son histoire, ses potentiels économiques et intellectuels, jouit d’une place particulière dans la région et dans le monde. Il est influent en Asie centrale, en Afghanistan, très présent-économiquement et par groupes politiques et militaires entraînés- en Irak et impliqué politiquement économiquement et militairement au Liban et en Syrie. L’Iran dispose d’une industrie militaire en plein développement. Il fait partie des 6 nations qui ont envoyé des êtres vivants dans l’espace. Avec ses 15000 centrifugeuses, son uranium enrichi à 3 ; 5 ou 20%, l’Iran est au seuil nucléaire. L’Iran est un pays acteur de la région.

Est-ce le cas des pays comme la Turquie, Israël ou l’Arabie saoudite ? Disons le d’emblée : lesdits pays se trouvent dans le giron des Etats-Unis et se comportent plus comme un laquais que comme un pays acteur. Sur le plan économique, l’Arabie saoudite, pays très riche, ne peut fonctionner que grâce à la présence de milliers de techniciens et d’ingénieurs occidentaux. Malgré les attentas commis en Irak et en Syrie par ses agents djihadistes, l’Arabie saoudite, ne pèse pas grand-chose sur le plan militaire et politique. Malgré ses efforts désespérés, elle a perdu potentiellement la bataille de Syrie, même si elle s’accroche à la position de ses mercenaires à Alep. Ses soutiens libanais, groupés au sein du rassemblement du 14 mars, ont perdu le pouvoir au profit du Hezbollah et de ses alliés. Ses plans sur la Palestine sont restés lettres mortes. Ses revers politiques et militaires sont ceux de l’Occident qui la parraine. L’écrasement de la révolte à Bahreïn constitue la seule « réussite » de l’Arabie saoudite. Depuis le réchauffement des relations USA-Iran, l’Arabie saoudite est transformée en ce qu’elle a toujours été : un pays féodal, le « Vatican » des musulmans et producteur de l’or noir ; point.

Israël est également dans de sales draps. Efficace lorsqu’il y a un conflit entre les USA et ses adversaires moyen-orientaux, Israël n’est plus aussi utile lorsque l’apaisement s’installe entre les USA et ses concurrents. Israël ne coûte que 3 milliards de dollars au budget des Etats-Unis tandis que l’apaisement et la « sécurité » au Moyen-Orient peuvent rapporter, directement ou indirectement, des milliards de dollars à l’économie mondiale, donc aux institutions financières. Il est temps que Netanyahu et son équipe va-t-en-guerre partent, remplacés par une autre équipe, conforme à la nouvelle situation au Moyen-Orient.

L’Iran négocie-t-il en position de force ? Comparé à il y a dix ans, l’Iran se trouve au seuil nucléaire et se sent sanctuarisé. Ses 15 000 centrifugeuses sont capables de produire en peu de temps suffisamment d’uranium de qualité militaire. En filigrane, c’est également le souhait des USA qui souhaitent que l’Iran soit assez puissant pour jouer le rôle de gendarme. Un peu puissant, mais pas trop ! 

La situation intérieure est l’épine dorsale du pouvoir. Les Iraniens sont férus de libertés et de justice sociale. Certains groupes de pression, constitués de fondamentalistes, de militaires et de spéculateurs en tous genres, sont les perdants de l’apaisement social et du rapprochement USA-Iran. Mir Hossein Moussavi et Mehdi Karoubi, les dirigeant du mouvement vert, sont toujours en prison où croupit un nombre important de prisonniers politiques. Chaque année, des milliers de jeunes arrivent sur un marché du travail atone et des milliers de jeunes diplômés quittent le pays pour des cieux plus cléments. L’inflation bat toujours des records et le mécontentement social pourrait rapidement se transformer en révolte dont le pays est coutumier.

Disposant de beaucoup d’atouts, face à l’Occident, actuellement l’Iran n’est ni en position de force ni en position de faiblesse. Pour beaucoup de raisons, il a intérêt à négocier. Sur le plan nucléaire, un retour en arrière est impossible. Mais, le pays a intérêt à équilibrer ses relations entre la Russie, la Chine et l’Occident. L’Occident en général et les USA en particulier en sont conscients. C’est dans l’intérêt de l’Occident que l’Iran jouisse d’une liberté de manœuvre par rapport à la Russie.

Le rapprochement avec l’Occident, permettra à l’oligarchie iranienne de placer sa fortune colossale sur le marché mondial et profiter des dividendes qui seront exportés à leur tour vers d’autres cieux. L’exportation de capitaux va désormais de pair avec l’exportation industrielle-automobile et militaire- et pétrolière.