27.4.07

Communiqué n° 31

Paix et Justice au Moyen-Orient
STRASBOURG, le 29 avril 2007

cpjmo@yahoo.fr

Moyen-Orient

Fondamentalisme islamiste: pourquoi ?

Historiquement, l’évolution démocratique à l’ouest de l’Europe commence en 1789, avec la révolution française.

Simultanément, les prémisses de cette évolution démocratique (passage de la société féodale à la société bourgeoise) s’observent également en Orient, en particulier, en Perse.

Au même moment, très exactement à partir de 1809, la Grande– Bretagne et la Russie apparaissent sur la scène de l’Asie centrale et «le Grand jeu» pour la possession de cette région du monde commence entre l’Empire russe situé au nord et l’Empire anglo-indien ancré au sud.

L’expansion russe avait pour objectif l’affaiblissement et la destruction des trois Etats musulmans à la lisière sud de l’Empire russe : la Turquie, l’Iran et l’Afghanistan, tandis que- une fois achevé la conquête de l’Inde- l’essentiel de la politique coloniale britannique était axé sur la préservation du «plus brillant joyau de la couronne».

Dans ce «jeu» macabre, les Russes ont arraché des régions entières à la Perse et, avec les Britanniques, ils ont régulièrement piétiné la souveraineté des pays de la région (et continuent à le faire).

Pour lord Curzon, vice-roi britannique des Indes de 1899 à 1906 : « Turkestan, Afghanistan, Transcaspienne, Perse- pour beaucoup de gens, de tels noms évoquent seulement un mystérieux lointain (…). Pour moi, je l’avoue, il s’agit là des pièces d’un échiquier sur lequel se dispute la partie pour la domination du monde»(1).

L’ingérence des Empires russe et britannique dans les affaires intérieures des pays de la région a eu pour effet de renforcer les forces réactionnaires locales, et de retarder de ce fait le développement naturel des sociétés concernées.

Malgré les pressions et les ingérences extérieures, la première révolution démocratique en Asie a eu lieu en Perse en 1906. Elle fut dirigée contre la dynastie féodale Qadjar et ses suppôts russes et suivie de la proclamation de la «monarchie constitutionnelle». Celle-ci se maintint jusqu’au 21 février 1921, date à laquelle elle fut renversée par un coup d’Etat militaire fomenté par les Britanniques. Le général Rezâ Khan qui dirigeait le coup d’Etat, fonda en octobre1925 la dynastie des Pahlavi.

Les dirigeants politiques des mouvements démocratiques et «souverainistes» représentant la «bourgeoisie nationale», étaient essentiellement des hommes de lettres cultivés, généralement laïcs. En s’engageant dans les mouvements révolutionnaires, ils s’inspiraient de l’exemple de la révolution française.

L’ingérence incessante, directe et souvent violente des puissances occidentales dans les affaires intérieures des pays orientaux a eu pour conséquence d’en «radicaliser» le mouvement démocratique, qui, de «social démocrate» au départ, évolua massivement vers le communisme à partir de 1917.

L’histoire de l’Iran, pays musulman au sous-sol très riche, bénéficiant au surplus d’une position stratégique, toujours convoité par les puissances occidentales, est édifiante à cet égard.

De 1917 à 1960 la «bourgeoisie nationale» iranienne comporte trois courants : le «parti Toudeh (extrême gauche)», le «Front national du Dr. Mossadegh (droite nationaliste et laïque)» et le «Mouvement de la libération de l’Iran du Dr. Bazargan» (musulmans démocrates). Mis à part quelques courants insuffisamment représentatifs, le clergé chiite fondamentaliste était absent du mouvement démocratique national et se ralliait souvent à la réaction locale (le régime des Pahlavi) pour combattre le mouvement démocratique.

En 1951 le Dr. Mossadegh, leader du «Front national» arriva à la tête du gouvernement, où il se maintint jusqu’au 19 août 1953, date à laquelle un coup d’Etat militaire fomenté par la CIA le renversa. Le Chah d’Iran, qui avait été évincé, reprit le pouvoir, instaurant une tyrannie soutenue par les Etats-Unis.

L’écrasement du mouvement démocratique et laïc par la réaction locale, soutenue par le gouvernement américain, ouvra la voie aux fondamentalistes chiites, aile droite extrémiste de la «bourgeoisie nationale». Celle-ci prit le pouvoir en 1979.

La situation diffère sensiblement dans les pays arabes de la région. La bourgeoisie laïque de ces pays a accédé au pouvoir dans les années 1950-1960, par des coups d’Etat militaires. Le discrédit auquel ses régimes eurent à faire face, aggravé par les défaites militaires subies lors des affrontements avec l’armée israélienne, prépara la voie à l’émergence de l’extrême droite représentée par les «islamistes fondamentalistes», dont l’objectif est la rupture radicale avec l’occident.

Quant à l’Irak, avant le 9 avril 2003, date de la chute du régime de Saddam Hussein, le peuple irakien avait le choix entre un régime tyrannique et la promesse d’une vie meilleure. Depuis le 9 avril 2003, le peuple irakien a le choix entre l’occupation brutale de son pays par les colonialistes américano-britanniques et la résistance afin de retrouver sa dignité et la souveraineté de son pays. En Irak, la faillite de la dictature du parti Baas (laïc) et la présence des colonialistes occidentaux (chrétiens) offre un terrain favorable sur lequel prospère le fondamentalisme islamiste, sunnite et chiite. Dans l’espoir de devenir la principale force du nouvel Etat irakien, les dirigeants chiites collaborent pleinement avec les occupants. De plus, ils caressent le rêve de les remplacer, une fois qu’ils auront lâché pacifiquement l’Irak (deuxième réserve mondiale de pétrole). Il ne peut s’agir que d’un rêve!

La Palestine est le seul endroit où les représentants laïcs et fondamentalistes de la «bourgeoisie nationale» luttent main dans la main pour la souveraineté de leur pays. Pour combien de temps?

La sentence de lord Curzon est toujours d’actualité. Pour demeurer une puissance planétaire, les Etats-Unis (soutenus par leurs alliés inconditionnels Britanniques et Israéliens) doivent dominer militairement l’Asie centrale, le Proche et le Moyen-Orient. Il s’en suit que les nations de cette région résistent- comme elles l’ont toujours fait- à la domination des colonialistes occidentaux, jusqu’à retrouver pleinement leur souveraineté nationale. Cela se fera-t-il sans les fondamentalistes? On peut en douter. Comme on peut douter du changement de politique étrangère des chancelleries des pays colonialistes (grands et petits, anciens ou nouveaux), menés par le tandem américano-britannique: politique régie par la volonté de domination de cette vaste région qui regroupe le Proche et le Moyen-Orient. La paix n’y sera, malheureusement encore pour longtemps, qu’un mirage.

(1): «Le royaume de l’insolence- Michel Barry- Flammarion».

Publié dans les Dernières Nouvelles d’Alsace (DNA) du lundi 15 mars 2004.

20.4.07

Communiqué n° 30

Paix et Justice au Moyen-Orient
STRASBOURG, le 22 avril 2007

cpjmo@yahoo.fr

Séisme au Maghreb

Le début de la présidence de G.W.Bush s’est traduit par une offensive généralisée des Etats-Unis contre le «Grand Moyen-Orient». L’objectif affiché: renforcer la mainmise colonialiste des Américains sur une zone qui s’étend de l’Afghanistan à l’océan Atlantique.

Après avoir acquis l’assentiment de la Russie, l’ancienne superpuissance, le rouleau compresseur s’est mis en marche. Tour à tour, et sous des prétextes fallacieux, l’Afghanistan, puis l’Irak, furent annexés à l’Empire, l’infrastructure de la Palestine ainsi que l’autorité de l’«Autorité palestinienne» furent détruites par l’armée israélienne, alors que les menaces d’une intervention militaire contre la Syrie et l’Iran, n’ont pas cessé d’alimenter les spéculations politico médiatiques.

L’offensive militaire contre la Syrie débuta en été 2006 lorsque Tsahal prit d’assaut le Sud Liban. Mais la résistance libanaise fit échouer le plan des unilatéralistes américano-israéliens qui rêvaient de la naissance d’un «Nouveau Moyen-Orient», entièrement sous la coupe des Etats-unis et de son satrape régional, Israël.

Avec le recul, la défaite israélienne de juillet-août 2006 au Liban, est riche d’enseignements. Elle marque le début d’une nouvelle ère: celle de la fin du rêve des néoconservateurs de créer un «Grand Moyen-Orient» américain. Elle marque les limites de la puissance militaire et politique des Etats-Unis et de son larbin israélien, la faillite morale de l’Empire et le début de l’offensive des nations et des peuples épris de paix du «Grand Moyen-orient» libre, en pleine renaissance.

Le fiasco irakien et libanais des américano-israéliens encouragea la résistance somalienne à s’emparer du pouvoir. Même si le pouvoir en Somalie fut repris par l’armée éthiopienne, la résistance mène actuellement la vie dure aux envahisseurs et rien n’indique une issue favorable aux Ethiopiens, sous traitants, dans la Corne de l’Afrique, du colonialiste américain.

Le recul de l’influence américaine ne signifie pas encore sa défaite. Ce qui se traduit par une sorte d’attente, voire d’impasse, à Washington, en Irak, au Liban, en Palestine et en Somalie. Mais, le reflux de la puissance américaine est suffisant pour faire vaciller quelques gouvernements corrompus et autoritaires du «Grand Moyen-Orient», à la solde des Etats-Unis. Ainsi, l’Algérie et le Maroc, pays où règnent l’arbitraire et la corruption, s’ajoutent à la liste des pays en proie à l’agitation révolutionnaire. Les récents attentats ont visé explicitement les symboles du pouvoir en place et son soutien étranger, en particulier, américain.

Bien sûr, la propagande officielle s’efforce de montrer que le GSPC algérien (Groupe salafiste pour la prédication et le combat) s’est transformé en Al-Qaida pour le Maghreb. Ceci, dans le but de «prouver» que, grâce aux efforts du gouvernement d’Abdelaziz Bouteflika, la société algérienne s’assainit progressivement et que les jeunes kamikazes travaillaient pour une «puissance étrangère». Personne n’est dupe. Florence Beaugé a publié dans Le Monde du 14 avril 2007 une analyse intitulée: «Le désespoir, matrice du terrorisme algérien». Elle brosse un tableau noir de la jeunesse algérienne, désespérée, avec un horizon bouché dans un pays dont les perspectives de changement sont nulles. «Chômage, injustice, mal-vie, paupérisation, hogra (humiliation)…» poussent les jeunes, n’appartenant pas à la nomenklatura, à vouloir quitter le pays coûte que coûte. Les auteurs des derniers attentats ne visaient que le pouvoir algérien et l’Occident. Le 10 décembre 2006, un attentat a ciblé la société américaine BRC, une filiale de la compagnie publique algérienne Sonatrach et de Halliburton (Le Monde du 13 avril 2007).

Certains journalistes tentent de rattacher les attentats au scrutin du mois de mai. C’est oublier que, dans un système politique toujours fermé, 70% des Algériens boycottent les élections et que le multipartisme n’est qu’apparent, au service du pouvoir militaire.

Que dire des jeunes kamikazes marocains qui, selon Ali Amar, directeur de l’hebdomadaire Le Journal, «viennent des bidonvilles et sont le produit de la fracture sociale marocaine» (Le Monde du 12 avril 2007). Là encore le parti d’«opposition» (PJD, le parti de la Justice et du Développement) est choisi par la Cour afin de jouer le rôle d’«islamiste modéré» pour contrer la montée en puissance de la contestation sociale.

Voici ce que dit Amnesty international de l’Egypte, un autre pays «ami» des Etats-Unis, accusé : «d’arrestations arbitraires, de détentions prolongées sans jugement, d’actes de torture et de mauvais traitements.» (Le Monde du 14/04/07).

Il est vraiment terrible que ce soient encore et toujours les civils qui paient le plus lourd tribu dans ces affrontements.

Algérie, Maroc, Tunisie, Egypte: tous les pays «amis» des Etats-Unis sont menacés d’implosion. Le retrait américain d’Irak, inévitable, créera une situation favorable à l’opposition, encouragée à arracher l’indépendance nationale et les libertés démocratiques tant attendues.

13.4.07

Communiqué n° 29

Paix et Justice au Moyen-Orient

STRASBOURG, le 15 avril 2007

cpjmo@yahoo.fr

Loin du Détroit d’Ormuz

La contestation se développe au «Grand Moyen-Orient» : l’après Bush se profile à l’horizon !

Avec l’Iran, les Etats-Unis poursuivent deux objectifs : garantir la circulation des marchandises et surtout du pétrole (14 millions de barils par jour) par le Détroit d’Ormuz. Le pétrole, source d’énergie et de richesse, est une «marchandise» hautement stratégique. Pour son développement, l’Iran a besoin de vendre son pétrole, tandis que l’Occident, pour sa consommation énergétique, a besoin du pétrole en provenance du Golfe persique. Sur cette base, un accord tacite existe entre l’Iran, les Etats-Unis et les pays gros consommateurs de pétrole (l’Union européenne, le Japon, la Chine,…).

Dans le passé, l’Iran et l’Occident avaient coopéré dans d’autres domaines stratégiques. Avant l’invasion de l’Afghanistan, Jack Straw, ministre des affaires étrangères de Grande-Bretagne, s’était rendu en Iran pour s’assurer du soutien de ce pays. Afin de permettre l’acheminement des troupes en Asie centrale ou pour des manœuvres militaires, l’Iran avait mis un couloir de son espace aérien à la disposition de l’aviation américaine.

Afin d’assurer leur suprématie planétaire, les Etats-Unis veulent dominer politiquement l’Iran, comme ils l’ont fait avec tous les pays du Moyen-Orient, mis à part la Syrie.

Cependant, pour des raisons militaires et économiques, une attaque militaire contre l’Iran paraît actuellement fort improbable.

Militairement, l’armée américaine s’enlise chaque jour davantage en Irak, où elle est attaquée dans son fief ultra protégé de la «zone verte» au cœur de Bagdad, et rien ne permet de prévoir une «sortie heureuse» du bourbier irakien. La situation n’est pas meilleure en Afghanistan où attentas-suicides, enlèvements de citoyens occidentaux, embuscades contre les troupes étrangères, exécution d’otages se succèdent. A tel point que l’éditorialiste du journal Le Monde s’alarme : «Les nouvelles en provenance de Kaboul sont mauvaises» (Le Monde du 10/04/07). Mauvaises pour qui? Sûrement pas pour les patriotes, les nationalistes, les communistes, les laïcs et autres «djihadistes» afghans, colportant une idéologie d’un autre âge, qui défendent leur pays contre l’invasion étrangère.

Faut-il rappeler qu’aucune cause, si louable soit-elle, ne peut justifier des attentats contre des civils innocents.

Suite au fiasco américain en Irak et en Afghanistan, la contestation se développe au «Grand Moyen-orient». Vassalisée par l’armée éthiopienne, soutenue par les Etats-Unis, la Somalie qui occupe une position hautement stratégique dans la Corne de l’Afrique et au bord du Détroit de Bâb al Mândab, voit sa situation empirer. L’agitation, accompagnée d’attentats-suicides, gagne désormais certains pays arabo-musulmans comme le Maroc, une des rives du Détroit de Gibraltar, considéré jadis comme un «îlot de paix» pour les touristes américains et européens.

Malgré les censures imposées aux médias, la situation n’a jamais été calme en Algérie, pays qui vient de subir un attentat à la voiture piégée devant l’entrée, pourtant ultra-sécurisée du «Palais du gouvernement» à Alger. Ceci, au moment même où se déroule une opération militaire d’envergure en Kabylie.

«Les monarchies de Jordanie et d’Arabie saoudite, alliées des Etats-Unis, sont menacées de déstabilisation par une idéologie salafiste et anti-occidentale, qui gagne toute la région» écrit Patrice Claude, dans Le Monde du 11/04/07.

Irak, Afghanistan, Somalie, Maroc, Algérie,…l’après Bush se profile déjà au «Grand Moyen-Orient» ! Tout porte à croire que le mouvement de résistance à la «Pax americana» se développera et touchera tous les pays dont les gouvernements corrompus ont sacrifié leur souveraineté politique sur l’autel des puissances occidentales, menées par les Etats-Unis.

De son côté, le conflit entre l’administration de G.W.Bush et le Congrès américain, à majorité démocrate, sur le financement des troupes en Irak, dure depuis plus de deux mois. C’est James Baker, après avait proposé le retrait d’Irak, qui est intervenu en conciliateur et a plaidé pour un rapprochement entre la Maison Blanche et le Congrès. (Le Monde du 10/04/07).

Dans un tel contexte de mécontentement, de résistance, d’enlisement grandissant au «Grand Moyen-Orient» et d’impasse diplomatique, quels seraient l’intérêt et la marge de manœuvre des Etats-Unis pour intervenir en Iran? En parlant des missiles surface-surface super soniques, du SS-N-22 ou des SS-NX-26 Yakhont, dont dispose la marine iranienne, Mark Gaffney, Information Clearing House, Californie (cité par «Courrier international» du 4 au 11 mai 2005) écrit : «Et le Golfe devint un champ de mort». Il poursuit : «Si les Etats-Unis attaquaient l’Iran, leur flotte pourrait subir le plus grave revers de son histoire.» De son côté, Patrice Claude, écrit à juste titre dans Le Monde du 11 avril 2007: «La guerre en Irak (…) a «fixé» 160000 soldats à portée des canons iraniens.»

Sans vouloir comparer les puissances militaires des États-Unis et de l’Iran ou compter le nombre de missiles et leurs performances respectives, force est de constater qu’une attaque de l’Iran demanderait un autre «climat politique», d’autres dispositifs et, par ailleurs, comporte d’autres risques, beaucoup plus importants, que ceux qui ont conduit à l’invasion de l’Irak. D’autant plus que pendant la durée de l’affrontement, il faudrait se passer du Détroit d’Ormuz, que l’Iran, en l’occurrence, ne manquerait pas de bloquer.

Les milieux pétroliers, financiers et industriels, sont-ils prêts à accepter un tel risque? L’étude des guerres au Moyen-Orient depuis 1991, montre que ces guerres avaient eu lieu loin du «Détroit d’Ormuz» : à savoir la première guerre d’Irak, la guerre d’Afghanistan, la deuxième guerre d’Irak et la guerre du Liban de juillet-août 2006.

«Assurer l’ouverture du Détroit d’Ormuz», soutenir les «régimes arabes amis» et contenir la «menace iranienne», sont autant de motifs avancés par l’armée américaine pour justifier sa présence dans le Golfe persique.

Ceci n’empêchera pas les Américains de fomenter des complots contre la souveraineté iranienne par l’intermédiaire des «fronts de libération» azéri, kurde, baloutche bidons, aux quatre coins de l’Iran.

La pression exercée par les Etats-Unis sur le programme nucléaire de l’Iran est une autre tentative pour faire plier l’Iran. Or le programme nucléaire est considéré par l’Iran comme une prérogative de sa souveraineté, alors qu’il est entouré de têtes nucléaires «amies» des Etats-Unis. De son côté, l’Iran vient d’annoncer la mise en place de plusieurs milliers de centrifugeuses. Une chose est sûre : la pression extérieure aura pour conséquence de radicaliser l’Iran et ceci indépendamment de la nature de son gouvernement. Face à l’agressivité des puissances occidentales qui se croient les maîtres du monde, un gouvernement iranien qu’il soit laïc, communiste ou nationaliste adopterait la même attitude.

Le chant du cygne de l’unilatéralisme sera-t-il celui du colonialiste américain?

6.4.07

Communiqué n° 28

Paix et Justice au Moyen- Orient
STRASBOURG le 9 avril 2007
cpjmo@yahoo.fr

L’après Bush- Blair a déjà commencé

Quelle était la vraie mission des «marins britanniques»?
Il est illusoire de croire que le but du prétendu virage israélien serait de résoudre la question palestinienne.

A entendre certains journalistes, «analystes» ou «spécialistes» autoproclamés du Moyen-Orient, sortis d’on ne sait où et qui défilent sur les antennes de radio ou les plateaux des chaînes de télévision, la capture des marins britanniques par la marine iranienne serait, soit l’œuvre de «contrebandiers», liés aux «pasdarans», soit le résultat d’une «initiative zélée d’une unité locale des gardiens de la révolution, aussitôt «couverte» par Téhéran» (J-P. LANGELLIER- Le Monde du 03/04/07). Force est de constater que la souveraineté des pays du Moyen-Orient et la nature foncièrement colonialiste de la présence des américano-britanniques, n’intéressent absolument pas ces Messieurs les «spécialistes».

Faut-il répéter que la défense de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de l’Iran ou de la Syrie ne signifie nullement le soutien des régimes contestés desdits pays.

Il est à souligner, que la capture de militaires étrangers dans une zone ultra-sensible comme celle de la frontière agitée irano-irakienne, est en soit, un acte de guerre qui ne peut pas être pris à la légère ou être considéré comme étant un acte lié à telle ou telle fraction de «pasdarans», impliquée dans d’hypothétiques affaires de contrebande qui auraient mal tourné.

Le cri d’«indignation» de la «communauté internationale» accuse l’Iran de ne pas respecter les «règles internationales». Sait-on que, depuis deux siècles, la souveraineté, les frontières, les espaces aériens et maritimes des pays de la région sont régulièrement violés par les militaires britanniques et américains, en «mission» dans la région? Avant l’invasion de l’Afghanistan et de l’Irak, les Etats-Unis envoyaient des «missions de reconnaissance» dans lesdits pays et n’ont jamais caché leur intrusion dans les zones frontalières iraniennes afin de «collecter des informations». De son côté, Sky News a diffusé le témoignage d’un des marins, enregistré une semaine avant sa capture, dans lequel Chris Air affirme que dans leur mission dans le Golfe figuraient des activités de collecte de renseignements sur l’Iran (Dernières Nouvelle d’Alsace (DNA) du 06/04/07).

Le respecter des «règles internationales» par l’Iran n’aurait-il d’égal que son silence devant les violations répétées de ses frontières? Où sont-ils donc ces Messieurs respectueux des «règles internationales», qu’on n’entend plus, alors que les avions israéliens ne cessent de violer l’espace aérien du Liban depuis la fin de la guerre de juillet-août?

Au regard de la complexité des rapports entre l’Iran et les américano-britanniques, plusieurs questions se posent à un observateur averti: Quelle était la vraie mission des «marins britanniques» capturés ? Font-il partie de l’arsenal de la guerre psychologique conduite par l’Occident contre l’Iran?

Participant à la campagne de peur, orchestrée par les américano-britanniques, «Argoumenty nedeli», un hebdomadaire russe «prédisait» récemment qu’«une action militaire se déroulera au cours de la première semaine d’avril, avant les Pâques catholique orthodoxe (…) il se peut aussi que l’Iran soit frappé le vendredi 6, jour fériée dans les pays musulmans.» De même, le quotidien israélien «Jerusalem Post» écrivait: «Washington est prêt à lancer une frappe militaire contre l’Iran ce vendredi saint (le 6 avril) » (Courrier international n°857).

La capture des marins britanniques renferme plusieurs messages et devrait aboutir à un certain nombre de mises au point.

D’abord, toute atteinte aux «intérêts iraniens», quels qu’ils soient, sera suivie d’une réaction immédiate. Le respect de la «souveraineté iranienne», dans tous ses aspects, en est le point central. Autrement dit, l’ère de la toute puissance des colonialistes est révolue, du moins aux frontières et au voisinage de l’Iran.

Il semble que le message est reçu cinq sur cinq par les colonialistes britanniques. Selon le Sunday Telegraph, cité par Le Monde du 03 avril, Londres «accepterait, de garantir que sa marine ne se livrera, à l’avenir, à aucune incursion délibérée dans les eaux iraniennes du Golfe».

N’est-ce pas un aveu sans détour des violations répétées de la souveraineté iranienne» (qui n’est pas que maritime), par les colonialistes?

Le deuxième message vise à faire de l’ombre à l’axe en formation «pays arabes modérés- Israël», le fameux «réalignement» bushien, dont l’un des principaux objectifs est de combattre (financièrement, diplomatiquement et militairement) les mouvements de libération du Moyen-Orient, organisés autour du noyau irano-syrien. Les nouvelles concernant les marins britanniques faits prisonniers le 23 mars, sont diffusées sur la télévision iranienne en langue arabe Al-Alam. Etant donné la haine que vouent les peuples du Moyen-Orient aux colonialistes américano-britanniques, il n’est pas difficile d’imaginer l’embarras des «régimes arabes modérés», amis des Etats-Unis et le gain de prestige de la République islamique auprès des masses arabo-musulmanes du «Grand Moyen-Orient». L’information est une arme que les protagonistes des conflits au Moyen-Orient utilisent à profusion.

Le prétendu virage pris par Ehoud Olmert, premier ministre israélien, en direction de l’Arabie saoudite, marque une fois de plus le changement des rapports de force en cours au Moyen-Orient. Il serait illusoire de croire que le but du virage consiste à résoudre la question palestinienne. Les rapports de force régionaux n’ayant pas encore tourné suffisamment en faveur des Palestiniens, le gouvernement israélien ne cède sur aucune de leurs revendications (droit au retour des réfugiés, partage de Jérusalem, retour aux frontières de 1967, etc.). La seule chose qui intéresse E.Olmert, est de s’unir aux régimes arabes, «amis» des Etats-Unis, pour combattre l’influence grandissante des mouvements de libération nationale du Moyen-Orient qui les menace.

Tout porte à croire que le rapprochement israélo-arabe, voulu par l’administration Bush, est approuvé par les Démocrates, majoritaires à la Chambre des représentants. Le voyage en Syrie de Nancy Pelosi, chef de file des démocrates, consisterait-il, entre autres, à briser l’axe syro-iranien, afin d’affaiblir l’Iran et les mouvements de libération nationale du Moyen-Orient ? Toujours est-il que le voyage en Syrie de Nancy Pelosi, ouvre l’ère post-Bush et marque le souhait des Démocrates d’écarter celui-ci en douceur de la politique étrangère et d’appliquer les recommandations de la commission Baker-Hamilton. En effet, la négociation avec les «ennemis des Etats-Unis» (la Syrie) n’est pas en contradiction avec des manœuvres militaires et diplomatiques consistant à contenir leur influence régionale.

La prudence est de mise. Washington traverse une période de transition et les néo-conservateurs, représentants de l’oligarchie militaristo-pétrolière, peuvent, à chaque instant, faire capoter toutes les tentatives des Démocrates désireux de modifier, avant les élections présidentielles, la politique unilatélaliste de l’administration de G.W.Bush. «L’équilibre de la terreur» poursuit son bonhomme de chemin !

Objectifs prioritaires à court et à moyen terme de PJMO :

- Fin de l’ingérence étrangère dans les affaires intérieures des pays de la région
- Respect de l’intégrité territoriale et de la souveraineté nationale des pays de la région
- Retrait immédiat des troupes étrangères de l’Afghanistan et de l’Irak
- Restitution des territoires occupés par l’armée israélienne depuis 1967
- Respect de toutes les résolutions des Nations Unies
- Libération des prisonniers de guerre
- Constitution d’un Etat palestinien viable dans les frontières internationalement reconnues de 1967
- Droit au retour des réfugiés palestiniens
- Fermeture des bases étrangères au Moyen-orient et en Asie centrale.