6.4.07

Communiqué n° 28

Paix et Justice au Moyen- Orient
STRASBOURG le 9 avril 2007
cpjmo@yahoo.fr

L’après Bush- Blair a déjà commencé

Quelle était la vraie mission des «marins britanniques»?
Il est illusoire de croire que le but du prétendu virage israélien serait de résoudre la question palestinienne.

A entendre certains journalistes, «analystes» ou «spécialistes» autoproclamés du Moyen-Orient, sortis d’on ne sait où et qui défilent sur les antennes de radio ou les plateaux des chaînes de télévision, la capture des marins britanniques par la marine iranienne serait, soit l’œuvre de «contrebandiers», liés aux «pasdarans», soit le résultat d’une «initiative zélée d’une unité locale des gardiens de la révolution, aussitôt «couverte» par Téhéran» (J-P. LANGELLIER- Le Monde du 03/04/07). Force est de constater que la souveraineté des pays du Moyen-Orient et la nature foncièrement colonialiste de la présence des américano-britanniques, n’intéressent absolument pas ces Messieurs les «spécialistes».

Faut-il répéter que la défense de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de l’Iran ou de la Syrie ne signifie nullement le soutien des régimes contestés desdits pays.

Il est à souligner, que la capture de militaires étrangers dans une zone ultra-sensible comme celle de la frontière agitée irano-irakienne, est en soit, un acte de guerre qui ne peut pas être pris à la légère ou être considéré comme étant un acte lié à telle ou telle fraction de «pasdarans», impliquée dans d’hypothétiques affaires de contrebande qui auraient mal tourné.

Le cri d’«indignation» de la «communauté internationale» accuse l’Iran de ne pas respecter les «règles internationales». Sait-on que, depuis deux siècles, la souveraineté, les frontières, les espaces aériens et maritimes des pays de la région sont régulièrement violés par les militaires britanniques et américains, en «mission» dans la région? Avant l’invasion de l’Afghanistan et de l’Irak, les Etats-Unis envoyaient des «missions de reconnaissance» dans lesdits pays et n’ont jamais caché leur intrusion dans les zones frontalières iraniennes afin de «collecter des informations». De son côté, Sky News a diffusé le témoignage d’un des marins, enregistré une semaine avant sa capture, dans lequel Chris Air affirme que dans leur mission dans le Golfe figuraient des activités de collecte de renseignements sur l’Iran (Dernières Nouvelle d’Alsace (DNA) du 06/04/07).

Le respecter des «règles internationales» par l’Iran n’aurait-il d’égal que son silence devant les violations répétées de ses frontières? Où sont-ils donc ces Messieurs respectueux des «règles internationales», qu’on n’entend plus, alors que les avions israéliens ne cessent de violer l’espace aérien du Liban depuis la fin de la guerre de juillet-août?

Au regard de la complexité des rapports entre l’Iran et les américano-britanniques, plusieurs questions se posent à un observateur averti: Quelle était la vraie mission des «marins britanniques» capturés ? Font-il partie de l’arsenal de la guerre psychologique conduite par l’Occident contre l’Iran?

Participant à la campagne de peur, orchestrée par les américano-britanniques, «Argoumenty nedeli», un hebdomadaire russe «prédisait» récemment qu’«une action militaire se déroulera au cours de la première semaine d’avril, avant les Pâques catholique orthodoxe (…) il se peut aussi que l’Iran soit frappé le vendredi 6, jour fériée dans les pays musulmans.» De même, le quotidien israélien «Jerusalem Post» écrivait: «Washington est prêt à lancer une frappe militaire contre l’Iran ce vendredi saint (le 6 avril) » (Courrier international n°857).

La capture des marins britanniques renferme plusieurs messages et devrait aboutir à un certain nombre de mises au point.

D’abord, toute atteinte aux «intérêts iraniens», quels qu’ils soient, sera suivie d’une réaction immédiate. Le respect de la «souveraineté iranienne», dans tous ses aspects, en est le point central. Autrement dit, l’ère de la toute puissance des colonialistes est révolue, du moins aux frontières et au voisinage de l’Iran.

Il semble que le message est reçu cinq sur cinq par les colonialistes britanniques. Selon le Sunday Telegraph, cité par Le Monde du 03 avril, Londres «accepterait, de garantir que sa marine ne se livrera, à l’avenir, à aucune incursion délibérée dans les eaux iraniennes du Golfe».

N’est-ce pas un aveu sans détour des violations répétées de la souveraineté iranienne» (qui n’est pas que maritime), par les colonialistes?

Le deuxième message vise à faire de l’ombre à l’axe en formation «pays arabes modérés- Israël», le fameux «réalignement» bushien, dont l’un des principaux objectifs est de combattre (financièrement, diplomatiquement et militairement) les mouvements de libération du Moyen-Orient, organisés autour du noyau irano-syrien. Les nouvelles concernant les marins britanniques faits prisonniers le 23 mars, sont diffusées sur la télévision iranienne en langue arabe Al-Alam. Etant donné la haine que vouent les peuples du Moyen-Orient aux colonialistes américano-britanniques, il n’est pas difficile d’imaginer l’embarras des «régimes arabes modérés», amis des Etats-Unis et le gain de prestige de la République islamique auprès des masses arabo-musulmanes du «Grand Moyen-Orient». L’information est une arme que les protagonistes des conflits au Moyen-Orient utilisent à profusion.

Le prétendu virage pris par Ehoud Olmert, premier ministre israélien, en direction de l’Arabie saoudite, marque une fois de plus le changement des rapports de force en cours au Moyen-Orient. Il serait illusoire de croire que le but du virage consiste à résoudre la question palestinienne. Les rapports de force régionaux n’ayant pas encore tourné suffisamment en faveur des Palestiniens, le gouvernement israélien ne cède sur aucune de leurs revendications (droit au retour des réfugiés, partage de Jérusalem, retour aux frontières de 1967, etc.). La seule chose qui intéresse E.Olmert, est de s’unir aux régimes arabes, «amis» des Etats-Unis, pour combattre l’influence grandissante des mouvements de libération nationale du Moyen-Orient qui les menace.

Tout porte à croire que le rapprochement israélo-arabe, voulu par l’administration Bush, est approuvé par les Démocrates, majoritaires à la Chambre des représentants. Le voyage en Syrie de Nancy Pelosi, chef de file des démocrates, consisterait-il, entre autres, à briser l’axe syro-iranien, afin d’affaiblir l’Iran et les mouvements de libération nationale du Moyen-Orient ? Toujours est-il que le voyage en Syrie de Nancy Pelosi, ouvre l’ère post-Bush et marque le souhait des Démocrates d’écarter celui-ci en douceur de la politique étrangère et d’appliquer les recommandations de la commission Baker-Hamilton. En effet, la négociation avec les «ennemis des Etats-Unis» (la Syrie) n’est pas en contradiction avec des manœuvres militaires et diplomatiques consistant à contenir leur influence régionale.

La prudence est de mise. Washington traverse une période de transition et les néo-conservateurs, représentants de l’oligarchie militaristo-pétrolière, peuvent, à chaque instant, faire capoter toutes les tentatives des Démocrates désireux de modifier, avant les élections présidentielles, la politique unilatélaliste de l’administration de G.W.Bush. «L’équilibre de la terreur» poursuit son bonhomme de chemin !

Objectifs prioritaires à court et à moyen terme de PJMO :

- Fin de l’ingérence étrangère dans les affaires intérieures des pays de la région
- Respect de l’intégrité territoriale et de la souveraineté nationale des pays de la région
- Retrait immédiat des troupes étrangères de l’Afghanistan et de l’Irak
- Restitution des territoires occupés par l’armée israélienne depuis 1967
- Respect de toutes les résolutions des Nations Unies
- Libération des prisonniers de guerre
- Constitution d’un Etat palestinien viable dans les frontières internationalement reconnues de 1967
- Droit au retour des réfugiés palestiniens
- Fermeture des bases étrangères au Moyen-orient et en Asie centrale.

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