6.12.11

Analyse 18 (2011)

Paix et Justice au Moyen-Orient

STRASBOURG, le 06 décembre 2011

cpjmo@yahoo.fr


Que se cache-t-il derrière l’attaque de

l’ambassade britannique à Téhéran ?


Les critiques fusent de partout contre le saccage le 29 novembre 2011 de l’ambassade britannique à Téhéran. Il n’y a aucun doute sur la nature inadmissible d’une telle opération qui rappelle l’attaque perpétrée, sous Khomeiny, de l’ambassade américaine à Téhéran.

Personne n’a relevé la ressemblance entre ces deux actes qui foulent aux pieds une convention internationale largement approuvée par tous les pays sur l’immunité de la représentation diplomatique d’un Etat en terre étrangère.

Concernant l’ambassade américaine, il faut se rappeler que les Iraniens venaient de renverser le pouvoir pro-américain des Pahlavi et un mur de haine séparait les Iraniens des Etats-Unis considérés à juste titre comme soutien inconditionnel du régime dictatorial et tortionnaire du Chah d’Iran. Mais, Mehdi Bazargan, représentant pro-occidental de l’aile démocrate-religieuse de la bourgeoisie iranienne, devenu premier ministre de Khomeiny, avait hâte de tourner la page sans régler les contentieux qui opposaient l’Iran à l’Occident, en particulier les Etats-Unis.

L’occupation de l’ambassade américaine, organisée par la fraction radicale du clergé chiite, avait pour objectif d’évincer l’aile laïque du pouvoir, de reprendre le contrôle de l’Etat et de couper court aux pourparlers qui se déroulaient en Algérie entre le gouvernement de Bazargan et les Etats-Unis.

Depuis, la fraction fondamentaliste du clergé chiite qui s’est mobilisée sous la houlette de Khamenei, a mis la main sur tous les rouages de l’Etat iranien et une grande partie de la richesse nationale, en écartant méthodiquement les autres fractions du clergé et les laïcs du pouvoir. Une fraction importante des gardiens de la révolution, mobilisée autour de l’organisation militaro-industrialo-sécuritaire de «Khatam-ol anbia», fait partie du cercle restreint du sommet de l’Etat.

Mais l’unité de façade ne doit pas cacher la lutte de clan qui fait rage au sein des fondamentalistes au pouvoir et divisés en clans.

Il faut rappeler que depuis la victoire de la révolution de 1979, l’établissement de relations diplomatiques et économiques normales avec l’Occident est une constante de la bourgeoisie iranienne.

Un clan au pouvoir a-t-il tenté une nouvelle fois de se rapprocher de l’Occident ? Les embargos pèsent lourdement sur l’organisation industrielle et technologique de l’Iran. Les industriels ne cachent plus leur amertume. Même le complexe militaro-industriel souffre des embargos. L’approvisionnement en capitaux et en pièces détachées devient de plus en plus problématique et coûteux.

Concrètement, quel clan de l’Etat se cache-t-il derrière le rapprochement avec l’Occident ? S’agit-t-il d’un clan suffisamment puissant pour ne pas être la cible des radicaux qui n’osent pas l’attaquer de front ?

Malgré la fermeture de l’ambassade britannique à Téhéran, Londres n’est pas allé jusqu’à couper ses relations diplomatiques avec l’Iran, conscient comme l’écrit le Times, «que l’Iran est un pays difficile mais qui reste extrêmement important» (Marc Roche- Le Monde du 03/12/2011).

Ces propos prouvent que le rapprochement de l’Iran avec l’Occident est crucial pour les deux camps. Si un tel rapprochement a lieu, la physionomie du Moyen-Orient serait radicalement modifiée.

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