10.4.08

Analyse 10

Paix et Justice au Moyen-Orient

STRASBOURG, le 13 avril 2008

cpjmo@yahoo.fr

Depuis l’été 2006

Les Américano- Israéliens en échec

Les journalistes, sont-ils bien informés sur l’Irak?


Un journaliste d’«Asia Times», M.K.BHADRAKUMAR, vient de publier un article intitulé : «L’Iran torpille les projets américains pour le pétrole irakien». Publié sur le site WWW.info-palestine.net, l’article octroie à l’Iran un rôle prépondérant dans les évènements qui ont secoué Bassora, fin mars 2008.

Le journaliste fait ressortir plusieurs faits dont :

- l’importance stratégique du port pétrolier de Bassora: «le siège de la société nationale Southern oil Company se trouve à Bassora. Sont concentrées dans cette ville des installations hautement stratégiques, tels des réseaux de pipeline, des stations de pompages, des raffineries et des terminaux de chargement. Les majors pétroliers américaines insistent pour accélérer ces installations

- le désir américain de conquérir le port stratégique, en écrasant l’Armée du Mahdi, l’ennemi juré ;

- le lien entre le voyage du vice président américain Dick Cheney en Arabie saoudite et à Bagdad, «à peine une semaine avant que Maliki ne lance son offensive à Bassora» ;

- le délitement de la «Nouvelle Armée Irakienne» (NAI), suivi de désertion de certaines de ses unités.

De ces évidences, le journaliste tire des conclusions contradictoires. Premièrement, l’échec patent de l’occupant et de ses affidés irakiens, lors de l’offensive de Bassora et, deuxièmement, le «torpillage», par l’Iran, des projets américains pour le pétrole irakien !

Cette deuxième conclusion fait penser aux propagandes américaines qui rejettent les fautes avérées des Etats-Unis sur ses adversaires (non respect des lois internationales, non respect de la souveraineté politique des nations et de l’intégrité territoriale des pays, torture des prisonniers de guerre, mensonges politiques, etc.).

Plus grave, le journaliste prétend que: «des représentants de Dawa et du CSRII se sont rendus secrètement à Qom, au nez et à la barbe des renseignements américains et britanniques» comme si les américano- britanniques ne contrôlaient pas leurs marionnettes du gouvernement irakien et que celui-ci agissait de manière «indépendante»!

Selon Patrice Claude, journaliste du Monde: «Tout au long de la semaine d’affrontement armés qu’ils ont approuvé, auxquels ils ont prêté la main, et qui a fait au moins 470 tués et des milliers de blessés, les Américains n’ont cessé d’encourager Téhéran «à mettre son influence au service de la stabilisation» de la situation. C’est fait» (Le Monde du 03/04/08). Qui croire, Patrice Claude ou M.K.BHADRAKUMAR d’«Asia Times»?

La complexité de la situation rend crédible la version présentée par Patrice Claude. Il n’y a aucun doute que les Etats-Unis sont affaiblis. Mais, ils ont encore un grand pouvoir de nuisance; et l’Iran, entouré d’une vingtaine de bases militaires américaines, n’osera pas encore «torpiller», comme bon lui semble, les projets américains.

Mais Patrice Claude n’a pas une ligne claire sur les événements irakiens. Dans son article intitulé: «La fausse victoire de l’Iran en Irak », dans Le Monde du 05/03/08, «Grand Reporter», nous pouvons lire : «De fait, la victoire iranienne, qui serait née des erreurs de l’administration Bush dans la région, doit être sérieusement relativisée.» Citant Kaveh L. Afrisiabi, un «expert» iranien exilé, le journaliste conclut: «malgré la chute des talibans et des baasistes irakiens, l’Iran, depuis le 11 septembre 2001, a perdu du terrain dans sa région d’influence

Un mois plus tard, «Grand reporter» écrit dans Le Monde du 03/04/08, à propos des affrontements de Bassora: «S’IL SUBSISTAIT le moindre doute quant à l’influence majeure désormais exercée par l’Iran dans les affaires de son voisin irakien, le cessez-le-feu conclu, dimanche 30 mars, entre le chef chiite Moqtada Al-Sadr et trois missi dominici représentant le premier ministre Nouri Al-Maliki, également chiite, devrait l’avoir définitivement levé. Car c’est à Qom, le quartier général du pouvoir religieux iranien, que les négociations ont eu lieu.»

Pourquoi tant de contradictions? Certains journalistes sont-ils vraiment bien informés? Dans l’article du 05/03/08 de Patrice Claude, «l’Iran a perdu du terrain dans sa région d’influence» et un mois plus tard, miracle! «S’IL SUBSITAIT le moindre doute quant à l’influence majeur exercée par l’Iran dans les affaires de son voisin irakien (…) il devrait être levée» !

Il est certain que les autorités iraniennes, qui poursuivent des objectifs hautement stratégiques au Moyen-Orient, profitent largement des erreurs de l’administration Bush. Ce d’autant plus qu’actuellement, à en croire le chef d’état-major de l’armée de terre, le général George Casey et l’amiral Mullen, l’armée américaine est au bord de la rupture. Selon ce dernier, la pression sur les soldats doit être réduite, sous peine de franchir «une ligne rouge invisible» qui mettrait en péril l’état des forces armées; «Je crois que nous nous en approchons» (LEMONDE.FR avec AFP- 06.04.08).

Souhaitée par les Etats-Unis, la médiation de l’Iran, pour mettre fin aux affrontements de Bassora, a empêché la dislocation de l’armée irakienne et allégé la pression exercée sur l’armée américaine, essoufflée et engagée dans d’autres batailles sur le terrain. La question est de connaître le prix payé par les Etats-Unis, en échange des bons offices iraniens? Quel intérêt a l’Iran à ne pas voir s’effondrer la «Nouvelle Armée Irakienne»?

Il va de soit que l’échec des américano- irakiens à Bassora- qui n’ont atteint aucun de leurs objectifs- et la médiation de l’Iran consolide son influence et sa position en Irak et dans la région.

En attendant, l’unité d’action des anticolonialistes porte ses fruits. En effet, depuis l’été 2006, les Américano- israéliens ne sont victorieux dans aucun conflit. Après son échec au Liban, l’armée israélienne n’a pas atteint son objectif d’éradiquer le Hamas en Palestine. Les «négociations de paix» sont factices. Les Américano- israéliens ne sont plus en position de force et la tempête pourrait se transformer en ouragan.