6.11.06

Communiqué n°2

Paix et Justice au Moyen- Orient
STRASBOURG le 20 octobre 2006
cpjmo@yahoo.fr


Le crépuscule du «Bush-isme»

A la suite de la défaite des USA au Vietnam et le recul de leur influence dans le monde, Jimmy Carter, président des Etats-Unis (1976-1980), avait mis au point une «nouvelle pratique» diplomatique: le combat pour les «droits de l’homme». Son objectif était de circonscrire l’offensive croissante de l’Union Soviétiques qui grignota la zone d’influence américaine.

Cette offensive pour les «droits de l’homme» à l’américaine constitua pour les opposants de certains pays d’Amérique latine ou d’Asie (Nicaragua, Iran) une occasion opportune de contester des régimes dictatoriaux soutenus par les Etats-Unis. C’est ainsi que le régime despotique du Chah d’Iran a pu être renversé par la révolution de 1979. Par contre, la «nouvelle pratique» de la diplomatie américaine fut fatale au camp soviétique (déjà mal en point) ; celui-ci a fini par s’écrouler.
Le combat pour les «droits de l’homme» a été largement exploité par les gouvernements qui ont succédé à l’administration Jimmy Carter, afin de justifier les bombardements, les guerres de conquête et autres renversements de régimes dans le monde. Les guerres les plus importantes furent les guerres des Balkans, les guerres du Golfe et de l’Asie centrale qui ont conduit à l’invasion- au nom des «droits de l’homme» !!!- de l’Afghanistan et de l’Irak. En résumé, les Etats-Unis se sont servi du combat pour les «droits de l’homme» afin de «supprimer» leurs concurrents réels du moment (Soviétiques) et potentiels et asseoir leur suprématie planétaire et unilatérale.
Parmi toutes les administrations post-Carter, celle de l’administration de G.W.BUsh a poussé le «bouchon» le plus loin possible, prétendant «démocratiser» tous les régimes dictatoriaux du Moyen-Orient, à commencer par l’Afghanistan et l’Irak qui ont été recolonisés. S’appuyant sur la théorie du «chaos constructif», l’administration de G.W.Bush a créé le chaos généralisé (en particulier en Irak) dont on ne connaît pas l’issue. Après trois années de guerre meurtrière, au cours de laquelle des centaines de milliers d’Irakiens ont perdu, et perdent chaque jour la vie, le constat est sans appel. «Le pays est au bord de l’abîme», a titré le quotidien indépendant de Bagdad, Al-Bayyan Al-Jadidah. «Américains et Britanniques nous ont conduits à ce point où la pire des options est devenue acceptable (…) Tandis que le pays est au bord de l’implosion» écrit l’éditorialiste Sattar Jabbar. Pour l’analyste Daniel Vernet : «Le programme de démocratisation connu sous le nom de Grand Moyen-Orient est un fiasco» (LM du 12/09/06).
En Afghanistan, la situation n’est pas meilleure. Après l’opération «Medusa» lancée par l’OTAN, la police, l’armée afghane et l’OTAN ont lancé l’opération «Wyconda Pincer» ; tandis qu’ à l’est, environ 7000 soldats afghans et américains lançaient une autre opération, «Mountain Fury» dans la région Paktika où le gouvernement afghan a perdu toute crédibilité. Après s’être inquiétée de «l’irakisation de l’Afghanistan», la France a annoncé qu’elle envisageait de retirer les 200 soldats de ses forces spéciales d’Afghanistan (LM du 18/10/06).
Le «nouveau manuel» de l’armée américaine indique avec justesse que : «Perdre sa légitimité morale signifie perdre la guerre (…) Plus on utilise la force, moins elle est efficace» !
Face à ce déferlement de discrédit et d’échec politique, force est de constater que «la politique étrangère américaine devra être redéfinie par le prochain président. Quel qu’il soit, républicain ou démocrate, il se trouvera devant une réalité que Georges W.Bush a largement contribué à façonner…» (Daniel Vernet- LM du 12/09/06). C’est ainsi que nous avons pu entendre le général Richard Dannatt, chef de l’armée britannique, contester la stratégie de Tony Blair et prôner le retrait des troupes britannique d’Irak.
Actuellement, une «folie» anti-américaine a saisi la planète, et même les hommes politiques européens. Un changement de cap diplomatique est, d’ores et déjà, évoqué outre Atlantique. C’est le crépuscule du «Bush-isme». C’est aussi le crépuscule du combat pour les «droits de l’homme» à l’américaine, entachés de guerres d’invasion, de bombardements, de sauvagerie (Guantanamo, Abou Graïb) et de sang.
Il est à souligner que le crépuscule du «Bush-isme» n’est pas encore le crépuscule de la puissance américaine.
Qu’y aura-t-il après? Pour perpétuer sa domination planétaire, quelle sera la prochaine «nouvelle pratique» de la diplomatie américaine? Le combat d’Al Gore, l’ancien vice-président démocrate, contre le «réchauffement climatique», va-t-il remplacer la politique de J.Carter, un autre démocrate? Toujours est-il que l’ex-vice président américain juge la «civilisation menacée». Un tapage médiatique planétaire a accompagné les premiers pas du nouvel Al Gore. C’est inquiétant. Pour des «raisons écologiques», faudra-t-il s’attendre à une nouvelle période d’interventions militaires et d’autres «guerres préventives» dans le monde? Dans certains milieux on se pose d’ores et déjà la question.

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