26.2.07

Communiqué n° 22

Paix et Justice au Moyen- Orient
STRASBOURG le 28 février 2007
cpjmo@yahoo.fr

Les Etats-Unis et Israël préparent-ils
une grande guerre régionale ?

La fin officielle de la guerre froide, sa conclusion en faveur de l’Occident et l’écroulement de l’Union soviétique, avaient ouvert un boulevard devant la toute puissance des Etats-Unis, qui ont alors occupé les espaces libérés par le reflux de la puissance russe et poussé leurs avances jusqu’aux frontières de l’Empire russe.
En s’appuyant sur leur puissante armée, les Etats-Unis pensaient pouvoir se passer des puissances occidentales rivales, s’imposer au monde entier et imposer leurs lois, en méprisant et bafouant toutes les règles et lois internationalement reconnues et respectées. Ce qui a donné naissance à leur doctrine nommée «unilatéralisme». Un exemple de ce comportement hautain : après l’invasion de l’Afghanistan, les unités françaises prêtes à «offrir leurs services» à l’Oncle Sam, durent attendre quelques semaines avant d’atterrir en Afghanistan à bord des hélicoptères de l’armée américaine!

Six ans plus tard et après avoir subi un échec cuisant en Irak et au Liban via Israël, force de frappe moyen-orientale interposée, l’unilatéralisme bat de l’aile. Les uns après les autres, les alliés des Etats-Unis quittent le navire irakien qui s’enfonce dans la guerre civile. Incapable de reconnaître le changement de rapports de force qui s’opère un peu partout dans le monde, le seul refrain que connaît l’administration Bush est encore celui de l’unilatéralisme. L’installation d’un «bouclier antimissile» en Europe de l’Est relève également de l’encerclement de la Russie et de l’aveuglement de cette administration, adepte du chaos planétaire et d’insécurité généralisée.

Sachant que la Russie dispose d’un «pouvoir de saturation» auquel aucun «bouclier ne pourrait résister», le général Henry Obering, directeur de l’agence de défense antimissile des Etats-Unis essaie de minimiser l’importance du bouclier antimissile américain en Pologne et en République Tchèque : «Même en utilisant tous nos intercepteurs, nous ne serons pas en position d’intercepter les milliers de têtes nucléaires dont disposent les Russes.» (Le Monde du 23/02/07). Alors pourquoi ce bouclier apparemment «inefficace»? C’est pour «intercepter des missiles tirés depuis l’Iran et la Corée du Nord» prétendent les Américains, sans pour autant convaincre les Russes qui voient ce bouclier avec inquiétude.

Concernant l’Iran ou la Corée du Nord, le général reconnaît pourtant que : «Ces pays sont capables de projeter des armes de destruction massive à une grande distance.» L’envoi par l’Iran d’une fusée dans l’espace le 25 février, couplé au «pouvoir de saturation» dont disposeront tôt ou tard l’Iran et la Corée du nord, montrent bien que le bouclier américain à la porte de la Russie suit d’autres objectifs.

Profitant du traité de 1987 sur les missiles nucléaires de portée intermédiaire et courte (FNI), qui interdit aux Etats-Unis et à la Russie de posséder des missiles balistiques de 500 à 5500 km de portée, les Etats-Unis ont installé une base de bouclier antimissile pour compléter l’encerclement de la Russie.

Dans un article d’analyse très détaillé, The Nation, un hebdomadaire américain de gauche accuse les Etats-Unis de chercher : «un encerclement militaire grandissant de la Russie sur ses frontières et au plus près de celle-ci par les bases américaines et celles de l’OTAN, aujourd’hui bien implantées ou en projet dans au moins la moitié des quatorze anciennes Républiques soviétiques, depuis la Baltique jusqu’aux nouveaux Etats d’Asie centrale, en passant par l’Ukraine, la Géorgie et l’Azerbaïdjan. Résultat, on assiste à la mise en place d’un nouveau Rideau de fer, cette fois par les Etats-Unis, et à une remilitarisation des relations américano-russes. » (Courrier international n°851).

Provoquer l’insécurité des «ennemis des Etats-Unis» (La Russie, l’Iran, la Syrie), déstabiliser l’ordre établi en répandant le chaos et la guerre, menacer et encercler les pays récalcitrants à la «Pax americana», ceci résume en quelques mots la politique que mènent actuellement les Etats-Unis dans le monde. Ce pays est devenu une source et une cause d’instabilité mondiale.

Parallèlement à la Russie, encerclée à l’Ouest et au Sud de ses frontières, les porte-avions, sous marins nucléaires et autres navires de guerre menacent l’Iran dans le Golfe persique.

Aussi paradoxal que cela puisse paraître, le spectre d’une guerre plane, bel et bien, sur l’Iran. Il s’agit pour les USA cette fois, de diminuer, voire de détruire, l’infrastructure et la puissance militaire et scientifique de l’Iran afin de contrecarrer son influence au Moyen-Orient. L’enjeu est énorme : les intérêts politiques et financiers des oligarchies pétrolières saoudiennes et américaines. Le remplacement du général John Abizaid, chef du Commandement centre des Etats-Unis, partisan du dialogue avec l’Iran et la Syrie, par l’amiral William Fallon, l’ancien chef du Commandement du Pacifique, confirme la volonté de l’administration de G.W.Bush d’en découdre avec ce qu’elle appelle «la menace iranienne». En effet, dialoguer avec l’Iran ne pourra pas se faire lorsque ce dernier sera en position de force alors que les Etats-Unis sont en position de faiblesse, étant donné leurs déboires en Irak et en Afghanistan.

A leur tour, la Syrie et le Hezbollah libanais (alliés de l’Iran) sont dans la ligne de mire d’Israël, l’allié inconditionnel des Etats-Unis. Selon des informations (non confirmées) publiées par le correspondant militaire d’Haaretz, Zéev Schiff, l’armée syrienne se serait rapprochée de la frontière israélienne et «se renforce à un rythme sans précédent avec l’aide de l’Iran dans tous les domaines, à l’exception de l’aviation» (Le Monde du 24/02/07).

Tout porte à croire que les Etats-Unis et Israël se préparent à déclencher une grande guerre régionale. Il semble que l’objectif des Américains est d’intimider et de neutraliser la Russie par le bouclier antimissile puis d’attaquer l’Iran et la Syrie?

La guerre américaine contre l’Iran: «Une perspective apocalyptique» selon le CCG (le Conseil de Coopération du Golfe) (Gilles Paris- Le Monde du 11-12/02/07). N’est-ce pas cela que cherchent les Américains qui, depuis six ans, préfèrent «l’affrontement au compromis»? Tout le monde sait que l’Iran n’est pas l’Irak. Les Américano-israéliens risquent de l’expérimenter à leur tour.

Aucun commentaire: