11.11.07

C.60- L'économie américaine, otage du complexe militaro- industriel

Paix et Justice au Moyen-Orient

STRASBOURG, le 11 novembre 2007

cpjmo@yahoo.fr

L’économie américaine, otage

du complexe militaro- industriel


Certains journalistes ou agences de presse ont le «don» de donner un titre à un article dont le contenu contredit le titre! Si ce n’était de la désinformation volontaire destinée à propager des informations mensongères (une majorité de lecteurs ne lit que le titre), ce «don» trahirait un certain amateurisme. En voici un exemple. Le Monde du 05/06/07 titrait une dépêche de l’AFP et de Reuter : «M. Ahmadinejad évoque à nouveau la destruction d’Israël». La lecture de la dépêche nous apprend que, pour M. Ahmadinejad: «Avec l’aide de Dieu, le compte à rebours de la destruction du régime sioniste a été enclenché grâce aux enfants du Liban et de la Palestine». Il y a quand même un fossé entre «détruire un pays» et «détruire un régime»!

Le mensonge est grotesque. Il fait partie intégrante de la campagne internationale de désinformation, orchestrée par l’administration de G.W.Bush qui a conquis le pouvoir par tricherie, il y a sept ans.

Rappelons- nous des mensonges sur les «armes de destructions massives» détenues par le régime de Saddam Hussein. Orchestrée par la Maison Blanche, une mise en scène hollywoodienne aux Nations Unies du secrétaire d’état de l’époque, avait montré des flacons de substances chimiques, fabriquées par des laboratoires ambulants dont l’existence n’a jamais été prouvée. Et, pour couronner le tout, des inventions mensongères sur les liens hypothétiques entre le régime de Saddam Hussein et Al Qaida !

Soit dit en passant que la France, puissance colonialiste, n’est pas de reste. Pour préparer une intervention colonialiste au Darfour (Soudan), des mensonges ont été fabriqués sur les «orphelins» darfouris, conduisant au scandale de l’action de l’association «Arche de Zoé», instrumentalisée par les tenants de l’«ingérence humanitaire»!

Faut-il rappeler que tous ces mensonges servent à enfouir les vraies raisons des interventions colonialistes au Moyen-Orient, en Asie centrale et en Afrique: la recherche de matières premières, du pétrole, du gaz, de l’uranium, l’établissement de bases militaires, la domination des voies de communication et l’hégémonie politique.

Comme les précédentes, cette nouvelle vague colonialiste, commencée en 1978 par l’invasion de l’Afghanistan par l’Union soviétique, montre des signes d’essoufflement. Des fissures apparaissent même dans l’édifice. La Grande Bretagne se désengage totalement. Le Pakistan, pièce maîtresse de la domination américaine en Asie centrale, vacille à son tour. Selon Françoise Chipaux: «L’emprise des talibans pakistanais, soutenus par Al- Qaida, déborde des zones tribales» (Le Monde du 08/11/07). Le deuxième coup d’état du dictateur Musharraf a exacerbé les tensions de la société pakistanaise, majoritairement anti-américaine. Le mensonge grotesque des Américains consistait à faire passer Musharraf pour un démocrate. Sûrement encouragé par les Etats-Unis, le récent coup d’état montre bien que la démocratie n’a pas le même sens pour les colonialistes et pour les peuples. Sinon, pourquoi les Américano-israéliens, soutenus par l’Union européenne, ont-ils refusé la victoire du Hamas lors d’élections authentiquement démocratiques en Palestine?

Irak, Afghanistan, Pakistan: force est de constater que les Etats-Unis ont atteint la limite de leur puissance et n’arrivent plus à s’imposer comme bon leur semble. Parlant de la guerre d’Irak, Frank Rich, The New York Times, écrit : «Notre situation est plus grave qu’elle ne l’était pendant la guerre du Vietnam» (Courrier international du 20 au 26/09/2007). Actuellement, les diplomates américains refusent de servir à Bagdad. Désormais, ils seront nommés de "force".

En prenant en compte les intérêts des emprunts relatifs aux dépenses engagées pour la guerre, le coût total «officiel» des guerre en Irak et en Afghanistan s’approche de la somme colossale de 1000 milliards de dollars (plus que moitié du PNB français, cinquième puissance économique mondiale). Pour le complexe militaro- industriel américain et les «sociétés militaires privées» (Blackwater, DynCorp International et Triple Canopy), proches du parti républicain, la guerre d’Irak et d’Afghanistan, c’est du pain bénit. Selon l’audit concernant DynCorp, le «désordre» serait tel au département d’Etat que l’administration est incapable de savoir ce que cette société a «fait spécifiquement » des 1200 millions de dollars que le département d’Etat lui a alloués depuis 2004 (LM du 26/10/07). Selon le politologue Allison Stanger, du Middlebury College, «les contrats irakiens ne sont que le sommet de l’iceberg». Dans ces conditions, serait-il étonnant que la crise financière et bancaire des Etats-Unis, commencée au mois d’août, se transforme en crise économique? De nombreux experts n’excluent pas que l’économie américaine entre en récession début 2008 (LM du 03/11/07).

Les dépenses militaires, les gabegies et le pillage de l’économie par le complexe militaro- industriel, couplés aux déficits budgétaires et au développement de la pauvreté des ménages américains, sont en train de ruiner la première économie du globe. L’affaiblissement du billet vert n’est que la manifestation logique des difficultés que traverse l’économie américaine.

Se basant sur «les multiples revers enregistrés au Moyen-orient» par les Etats-Unis, D. Vernet (Le Monde du 07/11/07) observe un renforcement du «clan des « réalistes» au département d’Etat.» C’est que Washington réfléchit à changer sa stratégie diplomatique globale. Le «changement» consisterait-il à donner un rôle aux Russes et créer un directoire à trois, composé d’Américains, d’Européens et de Russes sur les affaires du Vieux Continent?

Cette analyse manque de pertinence. La bourgeoisie américaine a donné carte blanche à l’administration de G.W.Bush pour imposer l’hégémonie dictatoriale des Etats-Unis sur le globe. Un démenti rapide de l’analyse de D. Vernet vient des Russes qui ont gelé le traité sur les forces conventionnelles (FCE), qui limitait les armements sur le continent (LM du 09/11/07).

Certes, l’administration actuelle est consciente de son échec et de son affaiblissement. Mais, elle serait incapable de modifier substantiellement sa politique, basée sur l’unilatéralisme, la peur, le chantage, la menace et la guerre à tout va. Le chaos et la guerre profitent, avant tout, à l’industrie d’armement et aux sociétés militaires privées. Sont-ils profitables à l’économie et au leadership mondial américain? La réponse est, sans nul doute, négative.

L’Amérique est une puissance affaiblie et blessée. N’oublions qu’elle n’est pas encore morte.

Aucun commentaire: