Paix et Justice au Moyen-Orient
STRASBOURG, le 04 mai 2008
La diplomatie américaine au Moyen- Orient est un champ de ruines
Correspondante en Russie du journal Le Monde, Marie Jégo se fait la porte-parole des néoconservateurs américains
Au cours des élections présidentielles de 2001 aux Etats-Unis, Al Gore, rival démocrate de George Bush, avait quelques centaines de milliers de voix d’avance sur George Bush, son rival républicain. Dans une confusion généralisée, savamment entretenue par les médias aux ordres du complexe militaro- industriel et autres majors pétroliers, c’est George Bush qui fut pourtant déclaré vainqueur des élections. C’est que, pour réaliser le projet américain de domination sans partage du monde, la bourgeoisie américaine avait préféré George Bush à son rival démocrate, sans doute jugé un peu «mou» et moins disposé à mettre le Moyen-Orient et l’Asie centrale à feu et à sang.
Dès la formation de la nouvelle administration, les uns après les autres, les traités conclus entre l’ex-URSS et les Etats-Unis furent rapidement dénoncés par l’administration Bush. Une manière de signifier à la Russie que son statut de «superpuissance» n’était plus reconnu par les Etats-Unis, ceux-ci ayant englouti peu à peu, la zone d’influence russe, en Europe, en Asie centrale et au Moyen-orient, limitant même l’accès de la Russie à la Mer Noire.
La conquête des sources et des voies de circulation du pétrole et du gaz naturel a constitué l’essentiel des efforts de l’administration Bush pour s’imposer à ses «alliés» afin de réaliser la domination planétaire des Etats-Unis. C’est chose faite suite à l’installation des bases militaires en Asie centrale, complétant celles déjà existantes au Moyen-Orient, prolongées par la conquête sanglante de l’Afghanistan et de l’Irak.
La politique qui a permis à l’administration Bush d’asseoir l’autorité musclée des Etats-Unis dans le monde, a plusieurs composantes: «une hyperutilisation de la force, presque sans limite»*, «des actions unilatérales et souvent illégitimes»*, «un mépris toujours plus grand»* du droit international, l’ingérence dans les affaires intérieures des nations souveraines, des menaces d’intervention militaire et de bombardement, le développement généralisé de la torture, de la corruption et de la gabegie dans des pays occupés par les Etats-Unis et leurs alliés, etc.
Ce qui est vrai pour l’encerclement de la Russie, l’est également pour le Moyen-Orient et l’Asie centrale où l’Alliance atlantique intervient directement en Afghanistan. Journaliste au journal Le Monde, Marie Jégo voit autrement l’élargissement de l’OTAN vers les frontières chinoises.
Dans son article «Pourquoi la Russie a peur de l’OTAN ?» Marie Jégo, correspondante en Russie, se fait la porte-parole des néoconservateurs américains. Selon elle : «ce que l’élite russe craint par-dessus tout n’est pas la menace militaire de l’OTAN, mais sa capacité à démocratiser» (Le Monde du 17/04/08).
En «analysant» comme Marie Jégo, nous pourrions dire que la résistance Afghane lutte contre l’OTAN parce qu’elle a peur de la «capacité de l’Alliance atlantique à démocratiser» l’Afghanistan. Dans la même optique, la résistance irakienne combattrait l’armée d’occupation américaine parce qu’elle a peur de la «capacité de l’armée américaine à démocratiser» l’Irak! C’est une «analyse» dans la droite ligne de la propagande de l’administration Bush qui prétend «répandre sa démocratie» par la force en Orient. C’est une nouvelle version de «l’aspect positif du colonialisme»: Ô «gens arriérés» de l’Orient, ne craignez pas pour votre dignité, votre souveraineté et l’intégrité territoriale de votre pays. L’invasion occidentale est porteuse de la «démocratie»!
La négation de la souveraineté des pays du monde constitue l’axe principal de la politique des puissances occidentales (Grande Bretagne, France, Allemagne,…) en général et des Etats-Unis en particulier. Parlant de la transition démocratique des états du bloc de l’Est, la chancelière allemande a dit aux parlementaires de l’Union européenne: «continuez à vous ingérer, continuez à former l’Europe!» (Dernières Nouvelles d’Alsace (DNA) du 16/04/08).
Jusqu’où s’étendent les intérêts de l’Europe? Pour Vincent Desportes, Commandant du Centre de doctrine d’emploi des forces (CDEF) du ministère de la défense, la tranquillité de l’occident dépend de guerres qui se déroulent dans l’Hindu Kuch! (LM du 27-28/04/08). C’est ainsi que les puissances occidentales s’ingèrent régulièrement dans les affaires des pays souverains comme l’Iran, la Syrie (bombardement d’un site syrien le 6 septembre 2007), voire la Chine, secouée par une déferlante occidentale sur les questions de «droits de l’homme» au Tibet. Faut-il rappeler que les «droits de l’homme» ont servi d’alibi pour envahir l’Irak et l’Afghanistan? Faut-il rappeler que Taiwan, territoire chinois est encore sous la coupe des Etats-Unis?
«D’après le livre intitulé «La guerre à trois milliards de dollars» co-écrit par le Prix Nobel d’économie Joseph Stiglitz et Linda Bilmes, professeur à Harvard, «le coût des opérations militaires américaines- sans prendre en compte les dépenses à long terme comme les soins aux vétérans- dépasse déjà le coût de la guerre du Vietnam, longue de 12 ans, et représente plus du double de ce qu’a coûté la guerre de Corée»» (DNA- 12/03/08).
Peut-on expliquer les dépenses miliaires colossales («trois milliards de dollars par semaine» en Irak, selon Joseph Biden, sénateur démocrate- Le Monde du 10/04/08) et les pertes humaines (plus de 4000 militaires tués et des dizaines de milliers de blessés, sans parler des pertes irakiennes estimées à près de 600 000) par le simple souci philanthropique de l’administration Bush et du complexe militaro- industriel? «Il n’y a pas de «soldats-humanitaires», il n’y a que des soldats, avec une mission» (Vincent Desportes, commandant du CDEF- LM du 27-28/04/08).
Au cours de ces sept dernières années, les dégâts causés par l’administration Bush à l’économie américaine, aux finances mondiales et au crédit des Etats-Unis, sont tels que les caciques du Parti démocrate s’engagent de plus en plus à les corriger. Le prestige des Etats-Unis était également au plus bas après la guerre du Vietnam. C’est Jimmy Carter qui fut chargé de redorer le blason des Etats-Unis. En ce moment, face au discrédit grandissant des Etats-Unis dans le monde, c’est encore Jimmy Carter qui se déplace au Moyen-Orient, rencontre le Hamas et voyage en Syrie. Ces rencontres annoncent la fin inévitable d’une politique et d’une époque, celles de l’administration Bush.
Jimmy Carter est un bon «thermomètre», permettant de mesurer l’état de santé de la diplomatie américaine. En effet, la diplomatie américaine au Moyen-Orient est un champ de ruines. Les Etats-Unis n’y ont jamais été autant détestés.
(* Termes prononcés par Poutine, le 10 février 2007 à la Conférence de Munich- Courrier international du 22 au 28 février 2007. On peut détester Poutine, mais son analyse est pertinente).
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