Paix et Justice au Moyen-Orient
STRASBOURG, le 1er février 2009
L’Afghanistan sera-t-il un jour
le Diên Biên Phu de l’OTAN ?
L’Afghanistan est un haut pays enclavé, entouré de hautes montagnes dont l’Hindü Küch. Les pays frontaliers de l’Afghanistan sont la Chine, à l’est, l’Iran, à l’ouest, le Turkménistan, l’Ouzbékistan et le Tadjikistan, au nord et le Pakistan au sud.
La principale voie de ravitaillement des troupes de l’OTAN passe actuellement par le port pakistanais de Karachi, puis par le col de Khyber, principale voie d’accès à l’Afghanistan, dans la province pakistanaise du Nord-Ouest. Chaque jour 350 camions, transportant, en moyenne 7000 tonnes de matériel à destination des forces occidentales, passent par le col de Khyber.
Pour les forces de l’OTAN, la région du Nord-Ouest est une région peu sûre où les camions chargés de matériel militaire et de carburant sont régulièrement attaqués par les résistants pakistanais et afghans. Conséquences des attaques: certaines bases militaires du sud de l’Afghanistan manquent de tout, et «arrêtent tous les mouvements et toutes les offensives parce qu’elles sont à court de carburant» (Syed Saleem Shahzad- Le Monde Diplomatique d’octobre 2008).
Sous la pression des Etats-Unis, l’armée pakistanaise mène actuellement une campagne de «sécurisation» des voies de communication dans la région du Nord-Ouest. Cette campagne militaire a deux inconvénients pour l’Etat : le mécontentement et l’opposition croissants des «islamistes», soutiens traditionnels de l’Etat pakistanais, dans sa croisade pour le Cachemire et contre l’Inde, d’une part, et l’immobilisation d’une partie de l’armée pakistanaise, loin des frontières indiennes, d’autre part.
L’aggravation des tensions entre l’Inde et le Pakistan a conduit ce dernier à déplacer 20 000 hommes vers la frontière indienne, laissant un répit aux résistants pakistanais qui combattent la présence occidentale dans la région. Ce qui n’arrange pas les affaires de l’OTAN, même si les Etats-Unis tentent de calmer la tension entre l’Inde et le Pakistan.
Actuellement, l’OTAN cherche d’autres voies pour ravitailler ses bases militaires. Les négociations vont bon train avec les voisins du nord de l’Afghanistan. L’accord éventuel du Turkménistan ou de l’Ouzbékistan en vue d’autoriser le passage des convois de l’OTAN à travers leur territoire, ne sera ni sans contre partie économique, voire politique, ni sans danger pour les pays transitaires. En effet, les sentiments antioccidentaux sont fort présents en Asie centrale. L’opposition en profitera sûrement pour se renforcer, en stigmatisant les gouvernements locaux comme étant des «laquais de l’impérialisme occidental» et pour harceler les convois de ravitaillement de l’OTAN, transitant par l’Asie centrale.
Une autre voie consiste à convoyer les camions de ravitaillement des bases de l’OTAN, via l’Iran. Les autorités américaines discutent actuellement avec l’Iran de cette éventualité. Vu les tensions existantes entre l’Iran et l’Occident, il est permis de penser que l’Iran mettra dans la balance des négociations, des exigences autrement plus stratégiques que les voisins du nord de l’Afghanistan. Il est à souligner qu’au moindre problème, le ravitaillement des bases de l’OTAN pourrait être pris en otage par l’Iran et les voisins du nord de l’Afghanistan, moins fiables que le Pakistan, acquis politiquement aux États-Unis.
L’enclavement de l’Afghanistan est le talon d’Achille de l’OTAN, qui a plus besoin des voisins de l’Afghanistan, surtout de l’Iran, que l’inverse. En effet, grâce à l’Iran, une paix relative règne en Irak. Les chiites contestataires de l’Armée du Mahdi, à l’écoute de l’Iran, se sont «calmés» et les Etats-Unis ne cachent pas que la clé de la «pacification» de l’Afghanistan se trouve aussi en Iran.
La position géostratégique de l’Iran, ainsi que sa prépondérance politique et militaire grandissante au Moyen-Orient et en Asie centrale inquiètent Israël qui craint pour ses conquêtes territoriales, sa puissance militaire, son influence politique et, in fine, sa «sécurité».
Les anticolonialistes étendent leur influence et celle des Saoudiens, des Egyptiens et autres laquais des Etats-Unis recule d’autant. Il est temps pour eux de renforcer les acquis territoriaux en Irak et en Afghanistan, pièces maîtresses de la domination planétaire des États-Unis et de l’Occident.
Les États-Unis et l’Iran parleront de tout et sans tabou. L’enjeu pour l’Iran: la reconnaissance de sa stature de grande puissance régionale. L’avenir nous dira si l’intérêt stratégique des États-Unis conduira cette puissance à composer sérieusement avec l’Iran, même s’il faut pour cela réduire la «voilure» de la puissance israélienne au Moyen-Orient?
Israël gronde et menace. Les Etats-Unis sont soucieux de préserver leur hégémonie planétaire, craignent de perdre l’Afghanistan, si stratégique et si enclavé que géographiquement, il ressemble, à s’y méprendre, à Diên Biên Phu.
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