Paix et Justice au Moyen-Orient
STRASBOURG, le 17 janvier 2010
Barack Obama sur la voie de Georges Bush
► Crime de guerre commis par les militaires occidentaux en Irak, en Afghanistan et au Pakistan.
► Le talon d’Achille de la résistance anticolonialiste au Moyen-Orient
Depuis la victoire de la révolution islamique d’Iran en 1979, la résistance anticolonialiste au Moyen-Orient est essentiellement d’obédience islamique. L’avantage de cette idéologie religieuse, basée sur la peur d’un Dieu tout puissant, récompensant le «bien» et châtiant le «mal» par le paradis ou par l’enfer, c’est sa facilité de compréhension par une population qui souffre de l’injustice sociale et du système despotique et corrompu d’un pouvoir politique souvent lié aux puissances occidentales.
Les révolutionnaires musulmans-nationalistes proposent un système social basé sur la charia, un corpus de lois médiévales, peut-être conformes au mode de vie Moyenâgeux, mais qui ne répondent plus aux nécessités et aux valeurs de progrès et d’égalité d’une époque moderne.
L’Homme s’efface devant Dieu dont les représentants auto-désignés imposent un ensemble de lois inhumaines (lapidation, coups de fouet, amputation des doigts et des mains, etc.) pour «résoudre» des problèmes que ces messieurs ne comprennent pas qu’ils sont d’ordre social. La tenue vestimentaire, inadaptée à l’époque moderne, est celle du Moyen-âge. Comment travailler dans une fabrique ou une entreprise industrielle en voile intégral, qui rabaisse la femme à l’état d’objet emballé, invisible à l’«œil interdit»?
Beaucoup d’intellectuels vivant dans un pays musulman acceptent difficilement la charia qui ne reconnaît aucun droit démocratique, aucune liberté, car non-conforme à l’islam. C’est le talon d’Achille des mouvements de résistance au Moyen-Orient qui n’arrivent pas à mobiliser l’ensemble de la couche intellectuelle et gestionnaire du pays, surtout pas les femmes instruites. Le même état d’esprit règne au sein des intellectuels européens de gauche qui rechignent à s’engager massivement pour soutenir une résistance anticolonialiste conduite par des musulmans, qualifiés d’«islamistes», donc médiévaux.
La Palestine qui déchaine toujours les passions occidentales fait exception. En effet, le soutien dont jouissait le Fatah laïc depuis la fin des années 1960, s’est reporté, en grande partie sur le Hamas.
Le manque d’audience des musulmans nationalistes auprès des couches instruites musulmanes ou laïques, réduit considérablement la capacité d’organisation du mouvement anticolonialiste.
Plus de trente ans après la victoire de la révolution islamique en Iran, des mouvements de résistance se développent un peu partout au Moyen-Orient, mais la victoire d’une deuxième révolution islamique ne semble pas pour demain. Ce d’autant plus que la répression qui frappe les Iraniens épris de démocratie, fait réfléchir plus d’un quant à la possibilité de construire une vraie démocratie sous un pouvoir islamique.
Privés du soutien efficace des couches instruites du pays, les musulmans nationalistes se battent (presque) seuls face aux colonialistes qui, vu les atrocités(1), voire les crimes de guerre, commis par leurs troupes et la corruption évidente de leurs laquais locaux, s’enlisent et se trouvent dans une impasse, en Irak et en Afghanistan. L’envoi de renforts militaires en Afghanistan «fait craindre une dérive vers le tout-militaire»(2). La présence de 130 000 militaires occidentaux signifie-t-il autre chose?
L’impasse des colonialistes se manifeste par la construction de murs, de barrages, une sorte de «guerre de tranchées» version vingt et unième siècle. Comme en Palestine, Bagdad est truffé de check-points, qui fleurissent également en Afghanistan. Les ambassades américaines, même en Europe, sont transformées en bunkers. La zone verte à Bagdad, le mur de la honte autour d’Israël, la construction de nouvelles barrières à la frontière égypto-gazaouie et entre Israël et l’Egypte, sans parler des barrières de sécurité sur le Golan, d’une autre le long de la frontière libanaise, d’une autre encore le long de la frontière jordanienne(3), etc. Hormis des bâtiments déjà «sécurisés», de nouveaux murs vont sûrement fleurir en Afghanistan, autour ou dans Kaboul, etc. L’industrie de construction de murs a de beaux jours devant elle! Le mur de Berlin a fait place à des glacis colonialistes au Moyen-Orient.
Force est de constater que Barack Obama étend et intensifie sa guerre colonialiste au «Grand Moyen-Orient», des frontières chinoises jusqu’au détroit hautement stratégique de Bab el- Mandeb. En effet, après la Somalie, le Yémen est gagné à son tour par l’agitation révolutionnaire et anticolonialiste.
Le nord du Yémen est une zone d’une extrême pauvreté dont les habitants se révoltent contre le pouvoir central dictatorial, corrompu et clientéliste. Face à la révolte des miséreux, la seule solution- pourtant décriée- que connaissent l’Occident et ses laquais locaux (Arabie saoudite, et autres régimes arabes soi-disant modérés) est le bombardement des zones d’habitation qui fait de nombreuses victimes civiles et des milliers de déplacés.
A voir le nombre de pays engagés à côté des Etats-Unis, l’emploi du terme «guerre mondiale» contre les miséreux du Moyen-Orient, n’est pas exagéré. «La France entraîne des soldats somaliens à Djibouti»(4). Djibouti, de son côté a instruit 500 soldats. Les Américains versent à chaque soldat 150 dollars par mois. Les armes sont distribuées par l’Union africaine. L’Ouganda a formé 600 soldats. Certains pays, notamment l’Allemagne, l’Autriche, la Hongrie, la Pologne et l’Espagne, souhaitent s’engager(4).
Pourtant, la plupart des militaires somaliens formés «disparaissent dans la nature une fois rentrés à Mogadiscio»(4).
Tout l’Occident et ses laquais locaux africains sont inquiets de la progression de l’esprit anticolonialiste à l’est de l’Afrique. Après la Somalie et le Yémen à qui le tour? Pourquoi les Djiboutiens ne seraient-ils pas tentés de se révolter, à leur tour, contre le colonialisme français? La terre tremble, de plus en plus, sous les pieds des colonialistes.
La critique de l’idéologie médiévale des musulmans-nationalistes des pays arabo-musulmans ne doit pas empêcher notre soutien à la lutte anticolonialiste des miséreux du Moyen-Orient.
(1) Selon l’ONU, au cours des dix premiers mois de l’année 2009, 465 civils afghans ont péris dans des actions de la coalition (Le Monde du 10-11/01/2010). Plus de cent mille morts sont dénombrés en Irak.
(2) Natalie Nougayrède- Le Monde du 10-11/01/2010.
(3) Laurent Zecchini- Le Monde du 14 janvier 2010.
(4) Nathalie Guibert- Le Monde du 14 octobre 2009.
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