Paix et Justice au Moyen-Orient
STRASBOURG, le 11
avril 2013
La Syrie, l’Iran et la
Corée du Nord
La
grande obsession des Etats-Unis est la création du «Grand Moyen-Orient»,
un objectif dont la réussite assurerait aux Etats-Unis l’hégémonie planétaire.
Le Liban et la Syrie représentent deux «verrous» qui stoppent, pour l’instant,
le rêve américain.
Aux
yeux des Américano-israéliens, le Liban paraît le «maillon faible» desdits
«verrous». Pourtant, plusieurs tentatives militaires israéliennes, dont la
dernière en 2006, n’ont pas réussi à casser le «verrou» libanais. Bien au
contraire. Après chaque aventure militaire israélienne, c’est le Hezbollah qui
est sorti renforcé, jusqu’à devenir un pilier de défense de la souveraineté
politique et territoriale du Liban.
La
pression exercée par l’Occident a poussé la Syrie hors du Liban, sa
«profondeur stratégique». L’avènement du «printemps arabe» a offert l’occasion
à l’Occident de cibler le régime syrien, dictatorial et contesté par le peuple. En
effet, la voie de Téhéran passe par Damas ; sa chute dans l’escarcelle de
l’Occident fragiliserait Téhéran qui, encerclé, ne résisterait pas longtemps
aux provocations de l’Occident à ses frontières et à l’assaut final sur le
régime.
Les
insurgés syriens, conseillés par les services occidentaux (américains,
français, allemands et turcs) essayent d’isoler l’armée syrienne, en
s’attaquant aux postes frontières et en coupant ses routes de ravitaillement.
Pour le moment, la liaison n’est pas coupée avec le Liban.
Tout
porte à croire que les Etats-Unis sont en train de passer à la vitesse
supérieure et manifestent un activisme débordant au Moyen-Orient. Leurs alliés
régionaux en font autant. Lors de son voyage en Israël du 20 au 23 mars
derniers, Barack Obama a réussi à ressouder les liens israélo-turcs. En effet,
comme l’exigeait Ankara, Benyamin Nétanyahou a présenté ses excuses à Ankara,
trois ans après l’assaut sanglant du «Mavi-Marmara» et les deux pays-soutiens
des insurgés syriens- ont fait un grand pas vers le rétablissement de relations
diplomatiques. (1) L’Etat d’Israël, si intransigeant, dédommagera
même les familles des victimes de l’assaut israélien contre le «Mavi-Marmara» (2)
Sous le patronage de l’Arabie saoudite et du Qatar, le siège de Damas à la
Ligue arabe-organisme sans pouvoir- a été donné à l’opposition syrienne. (3)
Le
voyage de Barack Obama a été suivi de celui de son secrétaire d’Etat des 7 et 8
avril. Dans la ligne de mire : Téhéran, via Damas.
Perspective
apocalyptique pour Téhéran, Moscou, Pékin, New Delhi, Rio de Janeiro, que la
victoire des Etats-Unis en Syrie, suivie de l’écrasement du Hezbollah et de la
mainmise américaine sur l’Iran. Plus aucun pays ne serait à l’abri des dictats
de l’Oncle Sam, maître du monde.
La
presse occidentale associe le voyage des dirigeants américains au conflit
israélo-palestinien. Or, la Palestine de Mahmoud Abbas ne pèse d’aucun poids
dans la balance géopolitique américaine. Pour les Etats-Unis, comme pour
Israël, la Cisjordanie est un «territoire» comme le Golan, repris lors d’une
guerre à l’«ennemi arabe». La colonisation en Cisjordanie continuera,
comme elle continue dans d’autres territoires arabes, conquis par l’armée
israélienne. Ce qui a été conquis par la guerre ne sera cédé que par la guerre.
Pour
manifester la détermination et marquer les limites territoriales d’intérêt
géostratégique de la Russie, le Kremlin envoie ses navires de guerre en
Méditerranée, aux abords de la Syrie. Or, tout porte à croire que ces
manifestations de force n’impressionnent guère les Etats-Unis, pressés d’en
finir avec le régime de Bachar Al-Assad.
Par ailleurs, c’est
une constante pour la Russie de rappeler aux Etats-Unis qu'elle est présente en Asie du Sud-est et capable de porter des coups aux intérêts américains dans cette partie précise du monde, si nécessaire. En effet, les intérêts américains en Asie du Sud-est sont tout-à-fait considérables.
Le Japon constitue la troisième puissance économique mondiale. Le Japon, la
Corée du Sud et les voies de navigation, par où transitent quelques 50 000
navires de commerce, sont désormais à la portée des missiles nord coréens. En
cas de guerre, ne serait-ce que de courte durée, les dégâts causés par la Corée
du Nord à l’économie mondiale peuvent être immenses pour les intérêts
américains, occidentaux et les finances mondiales.
Le
Kremlin, Damas, Téhéran, Pyongyang, unis dans leur combat contre l’empire
américain. Comment réagiront les Etats-Unis ? L’évolution de la situation
dans la péninsule coréenne montrera si les Etats-Unis ont fini par mettre de
l’eau dans leur vin syrien.
(1) Guillaume Perrier- Le Monde du 24-25 mars 2013.
(2) Laurent Zecchini- Le Monde du 27 mars 2013.
(3) Dernières Nouvelles d’Alsace du 26 mars 2013.
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