Paix et Justice au Moyen-Orient
STRASBOURG, le
14 juillet 2014
La
bande de Gaza, souffre douleur de l'Occident
Depuis mardi 8 juillet 2014 à l'aube, la
bande de Gaza, peuplée d'un million et demi d'habitants sur une bande de 6 à 12
km de large et 40 km de long, subit les bombardements incessants de l'aviation
israélienne, soutenue par tout l'Occident qui en a fait l'une des plus
puissante de la région. C'est l'opération "Barrière de protection" pour "ramener la stabilité" à la frontière avec la bande de Gaza.
Chaque jour des dizaines de civils, des
enfants, des femmes et des hommes périssent sous les bombes de l'aviation d'un
Etat s'auto-qualifiant de juif.
Pourtant, dans son intervention, Ban Ki-moon,
secrétaire général des Nations unies, celui qui ne s'exprime que pour absoudre
les puissances occidentales de leur complicité avec l'armée et l'Etat
israéliens, s'alarme de l'indifférence de la communauté internationale face à
une situation pouvant "échapper à
tout contrôle",(1) alors que tout le monde est au courant
du soutien inconditionnel apporté par François Hollande, Angela Merkel et John
Kerry, secrétaire d'Etat américain, au massacre des Palestiniens de la bande de
Gaza.
Face aux tonnes de bombes déversées sur les
Palestiniens, aux dégâts occasionnés aux villes de la bande de Gaza et aux
centaines de morts civils, le Hamas et ses soutiens locaux se défendent en
lançant des missiles qui n'ont causé jusqu'à présent que quelques blessés et
des dégâts sans importance. Ce qui permet à Ban-Ki moon de parler de "l'attitude irresponsable du Hamas".(1)
Si le secrétaire général des Nation-unies évoque "la dure riposte d'Israël" c'est pour justifier l'agression
israélienne en évoquant les "préoccupations
légitimes" de l'Etat d'Israël pour sa propre sécurité.(1)
Monsieur le secrétaire général des
Nation-unies a-t-il jamais parlé des "préoccupations
légitimes" du peuple palestinien ? De son droit de vivre en paix et en
sécurité ? De son droit inaliénable à disposer d'un Etat digne de ce nom ? Nous
avons certes entendu parlé, de temps en temps, de quelques condamnations formelles
de la colonisation des territoires palestiniens qui continue avec les
bénédictions de la même "communauté
internationale" si chère au secrétaire général.
Quelles sont les exigences du Hamas ?
"Allégement du blocus sur Gaza et libération des prisonniers palestiniens
libérés en 2012 lors de l'accord Shalit et arrêtés à nouveau par Israël depuis
le 12 juin."(1)C'est ce qu'on appelle le respect de la parole
donnée par l'Etat israélien, qualifié de civilisé et de plus démocratique de la
région: on réarrête les prisonniers libérés !
Palestine transformée en prison, les Palestiniens
- enfants, jeunes, hommes, femmes - humiliés et raflés périodiquement par les
services de l'Etat hébreu, croupissent dans des prisons en Israël. Les
principes des "Droits de l'Homme", si chers à Bernard Henry Lévy et
autres Glucksmann, ne s'appliquent évidemment pas à la Palestine, transformée
en "variable d'ajustement" des puissances occidentales.
En effet, la Palestine est un problème du Moyen-Orient
et sa résolution dépend des rapports de force entre les protagonistes qui s'y
affrontent. Autant que l'Ukraine, la Syrie, l'Irak, le Liban, l'Afghanistan et
les milices de toutes obédiences comme l'EIIL (Etat Islamique en Irak et au
Levant), ou les brigades du Hezbollah, la Palestine est un élément du jeu sur
le grand échiquier du Proche et du Moyen-Orient.
Comme nous l'avons toujours écrit, deux camps
s'affrontent au Moyen-Orient: celui des puissances occidentales, en particulier
les Etats-Unis et la Grande Bretagne et leurs soutiens régionaux - l'Arabie
saoudite, la Turquie, Israël - et celui des
milices à leur solde comme l'ASL (Armée syrienne Libre), le Front Al-Nosra, le
Front islamique, l'EIIL ou la branche d'Al-Qaïda restée fidèle à l'Occident.
Les différentes composantes du camp
occidental ont des divergences souvent irréconciliables (les Saoudiens contre
les Qataris (soutiens des frères musulmans) et contre les Israéliens; le Front
Al-Nosra contre l'EIIL et vice-versa, etc.). Elles - les milices - s'appuient
sur les Etats-Unis qui les arment, les financent et qui s'en servent comme bon
leur semble. Par ailleurs, Washington vient de débloquer 500 millions de
dollars pour "aider" la "rébellion" syrienne.
Que pense la presse arabophone du Qatar,
grand argentier des mercenaires djihadistes au Moyen-Orient ? A propos de la
percée de l'EIIL en Irak, elle écrit "Nous
le disons haut et fort, et tous ceux qui veulent l'intérêt de l'Irak le diront
avec nous: ce qui se passe en Irak est une révolution populaire sunnite contre
le Premier ministre [chiite] Nouri
Al-Maliki." "Pourquoi la
bataille de Bagdad tarde-t-elle ?" se demande pour sa part Al-Arabe,
autre journal arabophone du Qatar.(2) Une "révolution populaire" à la qatarie, comme celle que nous avons
vécue en Egypte, conduisant à la présidence d'un autre maréchal - dictateur à
la solde des Etats-Unis, d'Israël et autres multinationales !
De l'autre côté, on trouve la Russie, l'Iran,
les gouvernements syrien et irakien et les multiples milices chiites dénommées
le Hezbollah, Sarayat Al-Salam ("brigades de la paix", la nouvelle
dénomination de l'Armée du Mehdi), l'armée du Moukhtar (fondée en 2013 et
rattachée au Hezbollah), Asa'ib Ahl-Hag ("la ligue des vertueux",
milice pro-Maliki), la brigade Badr, rattachée au ministre des transports, etc.(3)
Nous pouvons y ajouter le Hamas qui, à tort,
a joué la carte des frères musulmans égyptiens et qui a perdu la partie après
le coup d'état anti-Morsi en Egypte.
Au cours des discussions sur le
"nucléaire iranien" entre l'Iran et les groupe des 5 + 1 (les
Etats-Unis, la Russie, la Chine, la Grande Bretagne, la France et l'Allemagne),
les protagonistes tiennent compte de toutes les pièces, citées ci-dessus, du
"Grand Jeu" de l'échiquier
moyen-oriental. Concernant l'EIIL en Irak, l'administration
américaine pourrait tenir, "selon le Wall
Street Journal et la BBC, des pourparlers directs [avec] l'Iran (...) en marge des négociations sur le nucléaire
iranien, qui débutent lundi [23 juin] à Vienne."(4)
L'étude des relations entre les puissances
Occidentales et Orientales montre que pour arracher des concessions aux
adversaires, les Etats-Unis montrent leurs muscles au Liban, en Syrie ou en
Irak. Les centaines de missiles du Hezbollah pointés sur Tel Aviv rendent
Israël prudent à déverser ses bombes, comme en 2006, sur Beyrouth. La bande de
Gaza parait une proie plus facile pour faire pression sur l'Iran à l'approche de l'échéance des pourparlers fixée au 20 juillet où les Etats-Unis comptent arracher un
maximum de concessions sur, entre autres, le nombre des centrifugeuses.
L'avenir nous dira si le Hamas et la bande de
Gaza paient ainsi le prix des discussions en cours entre les Etats-Unis et
l'Iran.
(1) Alexandra Geneste (à New York) et Héléne
Sallon - Le Monde du 12 juillet 2014.
(2) Sofia Barbarani et Simon Waldman - Courrier international - n° 1234 du 26
juin au 2 juillet 2014.
(3) Benjamin Barthe - Le Monde du 9 juillet.
(4)
Hélène Sallon - Le Monde du 17 juin
2014.
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