Paix
et Justice au Moyen-Orient
Strasbourg,le 8 octobre 2018
Le Moyen-Orient, le deuxième Vietnam des Américains ?
Strasbourg,le 8 octobre 2018
Le Moyen-Orient, le deuxième Vietnam des Américains ?
La roue de l'Histoire tourne en faveur de nouvelles forces
émergentes
Le
Vietnam. Ce pays sonne comme un cauchemar aux oreilles de la plus puissante armée
du monde qui, après 20 ans de guerre meurtrière (novembre 1955-avril 1975),
durant laquelle l'armée américaine utilisa toutes les gammes de munitions
interdites par les conventions internationales, a du plier bagage et fuir honteusement
ce pays.
C'est
la plus grande défaite de l'armée américaine, depuis la seconde guerre mondiale;
celle qui avait diffusé (et continue à diffuser) un roman à propos de son
invincibilité. Revivons-nous le même scénario au Moyen-Orient ?
Les
Etats-Unis ont traversé une longue période de convalescence qui alla jusqu'en
2001, date de l'attentat des tours jumelles de World trade center à New York. Au cours cette période (1975-2001),
l'armée américaine s'est consolidée et rétablie, surtout sur le plan moral.
D'autant plus que la chute du principal adversaire des Etats-Unis, l'Union
soviétique, le 25 décembre 1991, ouvrit un boulevard devant l'appétit
hégémonique de Washington.
«Make America Great Again»
Les
guerres pour «Make America Great Again»
ont repris de plus belle par l'armée américaine en novembre 2001, d'abord avec
l'invasion de l'Afghanistan, suivie de l'invasion de l'Irak le 20 mars 2003.
Il
ne manquaient que la Syrie et, en particulier l'Iran, pays occupant une
position géostratégique au Moyen-Orient, au tableau de chasse de l'armée
américaine. Sans lesdits pays, impossible de «Make America Great Again» !
Tout
paraissait à portée de main de l'armée américaine. Les finances du pays étaient
équilibrées, l'armée motivée à tel point que les hommes politiques et des think
tanks associés pensaient pouvoir engager l'armée sur, au moins, trois fronts.
C'était sans compter avec la résistance acharnée des peuples Afghan et Irakien
ainsi que l'agitation qui avait gagné les pays voisins, comme l'Iran, le
Pakistan, l'Inde, la Chine et la Russie, suite à la rupture des équilibres
régionales et mondiales des forces.
L'Iran
sortait de huit années d'une guerre meurtrière avec l'Irak de Saddam Hussein,
soutenu par toutes les puissances militaires que comptaient le monde d'alors, y
compris l'Union soviétique. L'Iran est sorti exsangue, mais pas vaincu. Et sans
dettes.
La
guerre avec l'Irak a servi d'«entrainement» aux armées iraniennes (l'armée
nationale et les Gardiens de la révolution), faisant prendre conscience au
pouvoir et à la nation que le pays vit dans la région la plus dangereuse du
globe.
Le
renforcement du potentiel militaire s'est imposé comme la seule alternative
indispensable à la survie de la nation. L'obtention de la bombe atomique fut
relancée. Une panoplie de missiles de différentes portées fut fabriquée et,
surtout, la constitution d'une «profondeur stratégique» fut entreprise pour
éloigner l'adversaire du territoire national, en menant la guerre sur d'autres
terrain, en l'occurrence sur celui des alliés régionaux des Etats-Unis.
Certes,
l'Union soviétique n'existe plus. Mais, le monde assiste à la naissance d'une
nouvelle puissance militaire au Moyen-Orient, la région la plus stratégique du
globe. Elle agit comme la flèche des puissances militaires orientales, en
particulier russe et chinoise, conscientes du crépuscule de la puissance
américaine, encore agressive et dangereuse.
La
puissance montante iranienne ne possède pas une technologie militaire aussi
performante que la Russie et la Chine. Mais, elle possède une arme redoutable :
elle mise sur le sentiment confessionnelles (chiite) imprégné de
l'anti-impérialisme occidental pour mobiliser les peuples et nations des pays
agressés (le Liban, l'Irak, la Syrie, l'Afghanistan) par les Etats-Unis et ses
alliés régionaux (l'Arabie saoudite, les Emirats arabes unis, le Qatar, la
Turquie, Israël).
Par
ailleurs, l'Iran exploite amplement les nombreuses erreurs stratégiques
américaines, et de ses alliés, dont les plus importantes furent l'invasion de
l'Irak en 2003, l'invasion du Liban Sud par l'armée israélienne en 2006, la
guerre de Syrie en 2011 et la guerre du Yémen en 2015, déclenchée par une
coalition arabe sous le patronage de l'Arabie saoudite.
Washington
ravitaille les avions de la coalition en vol et lui fournit des renseignements,
des armes et des bombes. Au premier jour de la visite de Donald Trump à Riyad
le 20 mai 2017, les Etats-Unis ont signé plus de 380 milliards de dollars de
contrats d'armements avec les Saoudiens.
Le
nouveau «Vietnam» américain commence en Irak…
La
guerre d'Irak, suivie de la résistance acharnée du peuple contre l'envahisseur,
a coûté très chère aux Américains qui y ont perdu plus de 6000 militaires, des
dizaines de milliers d'estropiés et des milliers de milliards de dollars de
dépenses militaires. Cette guerre a permis à l'Iran de sortir de ses
frontières, de s'installer en Irak et de partager le pouvoir du pays avec
Washington.
La
guerre du Liban, déclenchée par Israël, a transformé le Hezbollah libanais,
seule force résistant à l'envahisseur, en force incontournable sur la scène politique
libanaise.
La
guerre de Syrie est totalement perdu par les alliés de Washington, donc par les
Etats-Unis et ses djihadistes qui tentent de maintenir un contingent en Syrie.
Jusqu'à quand ?
La
guerre de Yémen commence à épuiser l'Arabie saoudite qui y a engagé des
milliards de dollars et son prestige piétiné chaque jour par des résistants
yéménites. Selon un fonctionnaire onusien «Le
Yémen est devenu le Vietnam des Saoudiens», et celui des Américains,
principal soutien de la coalition. Selon un officiel occidental : «cette guerre ne peut pas être gagnée. Et
pourtant, ils [tous les principaux alliés de Riyad] continuent de donner la priorité aux ventes d'armes.» (Benjamin
Barthe et Louis Imbert (à Paris) - Le
Monde du 2 octobre 2018).
En
effet, les firmes européennes avaient exporté, entre 2001 et 2015, pour 57
milliards d'euros d'armements vers Riyad, deuxième plus gros importateur
mondial, selon l'Institut de recherche sur la paix de Stockholm (Sipri). De
fait, près de 60% de l'armement saoudien provenait alors d'Europe (Même
source).
…et
s'étend à l'ensemble du Moyen-Orient. Les puissances militaires euro-asiatique relèvent
la tête.
Force
est de constater que rien ne vas plus pour Washington et ses alliés occidentaux
(le Royaume uni, la France, l'Allemagne) et régionaux (l'Arabie saoudite, les
Emirats arabes unis, la Turquie) au Moyen-Orient.
Sentant
le vent tourné, la Turquie, menacée d'une partition du sud du pays; partition
soutenue par les Etats-Unis, se tourne vers l'axe Iran-Russie.
La
Russie et la Chine, défiant les Etats-Unis, ont organisé en Sibérie orientale, des
manœuvres militaires géantes «Vostok 2018», du 11 au 17 septembre 2018. Un signal
envoyé aux Américains en amont d'un règlement éventuel du conflit de la
péninsule coréenne qui secouera l'architecture géopolitique actuelle de l'Asie
du Sud et dénote également de la fin de la toute puissance américaine dans
cette partie du monde.
Les
Américains ont dépêché en hâte leur flottille composée de porte-avions, de sous
marins et autres navires de guerre, stationnée au Golfe Persique, vers le
Sud-Est asiatique. Washington ne sait pas où donner de la tête.
Comme
Richard Nixon, vers la fin de la guerre de Vietnam, il ne reste que les
hurlements de Donald Trump et de ses conseillers «néoconservateurs» et va-t-en-guerre, liés au complexe
militaro-industriels, pour «Make America
Great Again» ! Ainsi que les sanctions économiques envers l'Iran et la
Russie, soudainement suspectée d'empoisonnement des opposants Russes au Royaume
uni.
L'isolement
de Donald Trump au Conseil de sécurité des Nations unies le 26 septembre 2018,
face à un front uni entre l'Europe, la Russie et la Chine, en dit long sur les
modifications historiques des rapports de force en cours. En effet, la roue de
l'Histoire tourne en faveur de nouvelles forces émergentes.
Le
Moyen-Orient ressemble, à s'y méprendre, au deuxième Vietnam des Etats-Unis qui
ne sont qu'au début du reflux de leur puissance. L'Union européenne arrivera-t-elle
à saisir l'occasion dans le but de maintenir certaine influence économique et
politique au Moyen-Orient, en se détachant de l'emprise financière et politique
américaine ?
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