Paix et Justice au Moyen-Orient
STRASBOURG, le 29 juillet 2007
Quelle paix pour le Moyen-Orient ?
Au péril de leur vie, Abbas et Musharraf se plient à la «pax americana»
Lorsque les médias publient des plans de paix au Moyen-Orient, fussent-ils l’oeuvre de milieux colonialistes, le coeur de tout un chacun se remplit de joie. Malheureusement, depuis la naissance du conflit israélo-palestinien, les plans de paix se sont succédés, mais la paix n’arrive pas. C’est que les protagonistes ne partagent pas la même idée de la paix. Celle-ci signifie : «concorde, absence de conflit entre les personnes» (Dictionnaire HACHETTE).
Pour les Etats-Unis, la paix implique que les Palestiniens, en renonçant à la création de leur Etat, reconnaissent l’Etat d’Israël dans les limites des territoires et colonies annexés jusqu’à ce jour.
Pour Israël et les Etats-Unis, «concorde, absence de conflit entre les personnes» signifie que les intérêts israéliens et américains passent avant ceux des Palestiniens, qui sont invités à accepter «l’appel du président George Bush» du 16 juillet, proposant la tenue d’une réunion (et non pas d’une «grande conférence de paix») pour «essayer de trouver les moyens de construire des institutions fondamentales et essentielles pour les Palestiniens, qui vont leur permettre de s’administrer eux-mêmes et d’avoir une démocratie» (Le Monde du 21/07/07).
«S’administrer eux-mêmes» ne signifie nullement «s’administrer» au sein d’un Etat palestinien souverain. Par ailleurs, pour couper court à toute mauvaise interprétation de leurs plans, les Etats-Unis se sont opposés à la proposition des dix pays du sud de l’Europe (qui) s’étaient prononcés pour un élargissement du mandat de M. Blair, avec l’objectif de faciliter des «négociations sans préalables sur le statut final» des territoires palestiniens (LM du 21/07/07). En résumé, c’est en acceptant la «pax americana» que les Palestiniens, vivant dans une sorte de «bantoustan démocratique», muni d’«institutions fondamentales» acceptées par la «communauté internationale», sous l’égide du «Grand Israël», atteindront la «concorde» avec les Israéliens et que, ces derniers, pourront vivre dans un climat d’«absence de conflit entre les personnes».
Tout porte à croire que, poussée à bout par l’intimidation israélo-occidentale, l’extension des check- points, le développement de colonies israéliennes en Cisjordanie, la confiscation (le vol) par Israël des taxes et autres impôts impartis aux Palestiniens (600 million de dollars), l’emprisonnement de très nombreux Palestiniens (11000 prisonniers) et le développement de la misère, une fraction du Fatah, menée par Mahmoud Abbas, ait fini par accepter la «pax americana». Tandis que le Hamas (le mouvement de la résistance islamique) et une autre fraction du Fatah refusent cette vision de «paix» sous contrainte qui s’apparente à la capitulation.
Fait remarquable: le gouvernement d’urgence mis en place par Abbas n’arrive pas à obtenir le vote de confiance du «Conseil législatif», le parlement palestinien. Selon «Al Faraby- Aloufok» du 23 juillet 2007 (http://www.aloufok.net), «ce sont les partisans du Fatah et d’autres partis favorables à Abbas qui ont décidé de boycotter la séance (du Parlement), en signe de protestation et de lassitude.» Par ailleurs, en créant le «Fatah Yasser», le mouvement créé par Abou Hillal, l’ancien porte parole du ministère de l’intérieur, certains membres du Fatah se sont rapprochés du Hamas (LM du 21/07/07).
Malgré les soutiens (politique et financier) de la «communauté internationale» au Fatah de Mahmoud Abbas, ce dernier est-il en position de force en Cisjordanie? Ce n’est pas ce qui ressort du rapport de l’AFP et du Reuter, selon lesquels «les Etats-Unis et l’Union européenne souhaitent éviter un effondrement similaire (à la bande de Gaza) en Cisjordanie du Fatah»? (LM du 21/07/07).
Au Pakistan, l’alliance des militaires et des islamistes remonte aux années 1970, lorsque l’Occident, mené par les Etats-Unis, combattait la présence soviétique en Afghanistan.
Les partis politiques laïcs au pouvoir, y ont été évincés au profit de Pervez Musharraf, chef d’état major des armées, suite au coup d’état de 1999. Actuellement exigée par les Etats-Unis, la rupture de cette alliance est ressentie comme une trahison par les islamistes qui avaient soutenu Pervez Musharraf.
Pressés de fermer les «sanctuaires» pakistanais des talibans afghans, les Américains exercent des pressions et profèrent des menaces à l’encontre de Musharraf, prévoyant même de «retourner au Pakistan avec des troupes américaines» (Lee Hamilton, le coprésident du Groupe d’étude sur l’Irak- LM du 20/07/07). D’autant plus qu’une fraction de l’armée et des services de renseignements (ISI) sont de mèche avec les islamistes.
La réconciliation de Musharraf avec ses ex-ennemis laïcs, permettra, peut-être, aux Américains de prolonger leur présence en Afghanistan. Leurs donnera-t-elle la victoire militaire? Rien n’est moins sûr. Même chez l’«ami» Pakistanais «les journalistes, rédacteurs et présentateurs de télévision, qui représentent la classe moyenne, sont généralement hostiles à l’armée, à Musharraf, aux Occidentaux et aux Américains» (Najam Sethi- THE FRIDAY TIMES- cité par Courrier international du 19 au 25 juillet 2007).
Dans l’hypothèse d’une alliance forcée entre l’armée et les partis laïcs affairistes, peu soucieux du sort de la population, il est probable que les partis laïcs ne seront pas en mesure de faire des miracles dans un pays en prise à une agitation permanente, somme toute régionale. Même la Turquie laïque est touchée de plein fouet par la «vague islamiste», soit- disant modérée.
L’Iran n’a certes pas besoin d’«exporter» sa révolution islamique, en progression dans toute la région. L’intervention des anglo-américains ne fait que favoriser la contagion révolutionnaire.
L’avenir est plutôt terne pour les colonialistes atteints de myopie qui font, sinon leur examen de conscience, du moins leurs bagages, les uns après les autres. «Un pont aérien secret a permis au Danemark d’évacuer près de 200 civils irakiens, dont environ 80 interprètes qui avaient travaillé aux côtés des troupes danoises» (LM du 24/07/07). Les partis politiques canadiens, tels que le Parti libéral, principal parti d’opposition, et Le Nouveau Parti démocratique, exigent un repli immédiat des troupes canadiennes d’Afghanistan (LM du 10/07/07) ; alors que les Britanniques reprochent aux Français et aux Allemands de ne pas vouloir accroître leur présence militaire (LM du 20/07/07).
En phase avec la «pax americana», la constatation s’impose que les «soldats Abbas et Musharraf» font fausse route. Peut-on encore les sauver?
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