2.8.11

Analyse 9 (2011)

Paix et Justice au Moyen-Orient

STRASBOURG, le 2 août 2011

Syrie : silence, on massacre

La révolte syrienne dure depuis la mi-mars 2011 et la répression féroce de l’armée et de la police syriennes- faisant plus de 2000 morts- n’arrive pas à venir à bout de la révolte.

La dictature militaire en Syrie est au service d’une oligarchie représentée par la famille Al- Asaad qui assoit son autorité sur une dictature féroce de type fasciste. Elle s’oppose à toute expression démocratique : libertés de la presse, d’association, d’expression. Les élections sont une farce et la police politique veille en permanence sur les moindres faits et gestes de la population.

La révolte syrienne est la réaction normale de la population à des décennies d’injustice et de dictature militaire.

Pourquoi la «communauté internationale» n’arrive-t-elle pas à exercer, d’une manière ou d’une autre, des pressions suffisantes sur le pouvoir syrien afin qu’il arrête le massacre de la population désarmée et pacifiste? Après tant de répression, Moscou demande simplement à son allié syrien d’arrêter la violence. On n’entend pas la Chine et l’Iran se trouve sûrement aux côtés de la dictature syrienne.

Deux phénomènes -de nature interne et externe- peuvent expliquer le cas syrien. Sur le plan intérieur, la révolte syrienne n’est pas organisée, manque de projet de société et de leader(s) charismatique(s). La répression militaro-policière a empêché les démocrates syriens de mettre en place des organisations de masse -syndicats, associations- et des partis politiques à même de représenter différentes couches sociales.

Sur le plan extérieur, la Syrie fait partie de l’Orient en guerre permanente, depuis plus de deux siècles, avec l’Occident colonialiste (« le grand jeu »). Derrière la Syrie, se trouvent la Russie, la Chine et l’Iran, principaux acteurs de la «résistance orientale» qui façonne la géopolitique de l’Asie centrale et du Moyen-Orient depuis 1808. L’objectif de la Syrie et de ses amis: tenir bon et empêcher la chute de la famille Al-Asaad qui offrirait à l’Occident, une base dans une partie stratégique, ô combien névralgique, du «dispositif de défense orientale».

Il est à souligner qu’avec la destruction des blindés français au Sud Liban, un avertissement a été lancé en direction de la France qui, depuis son entrée au commandement de l’OTAN, mène une activité fébrile afin de s’adjuger une part importante du «gâteau» colonialiste en Asie centrale (l’Afghanistan), dans le Golfe persique (la base navale aux Emirats Arabes Unis), en Afrique (la Libye) et au Moyen-Orient (le Liban). Les bombes placées sur la route des blindés français ont rappelé à la France que ses militaires sont des «otages» au cas où la France s’aventurerait en Syrie, comme elle le fait en ce moment en Libye.

Le soutien apporté au régime syrien par ses amis russes, chinois et iraniens est d’autant plus important que le recul de l’influence américaine en Asie centrale et au Moyen-Orient fait saliver ses adversaires. Parallèlement au désengagement américain en Afghanistan et en Irak, l’Iran, ses amis et les anticolonialistes des pays envahis par les Etats-Unis ont redoublé d’activité. En juin, les présidents afghan et pakistanais ont été invités à Téhéran pour participer à une conférence sur le «terrorisme». Les attentats ont repris en Irak où le mois de juin fut le mois le plus meurtrier pour les militaires américains. L’Iran renforce sa marine de guerre, exige le départ des puissances étrangères et manifeste clairement son souhait d’assurer la «sécurité» du Golfe persique avec les pays riverains.

Dans une telle situation, sans une organisation efficace, expérimentée et solidement implantée au sein de la population, il est difficile pour l’opposition syrienne de renverser la dictature des Al-Asaad. Mais la puissance de la révolte est telle qu’il est raisonnable de penser que le peuple finira par trouver les moyens nécessaires à sa victoire.

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