Paix et Justice au
Moyen-Orient
STRASBOURG, le 21 juin 2018
geopolitique.mo67@gmail.com
L’administration
Trump : des nationalistes (antisystèmes)
et des militaristes
La Corée du Nord, une menace potentielle; l'Iran,
une menace réelle
«l'Amérique
d'abord» ou le repli nationaliste
C'est sur un projet de repli nationaliste que
Donald Trump a été élu 45e président des Etats-Unis en 2016.
Candidat «antisystème», se prétendant défenseur du «peuple» et des «oubliés»,
dont les ouvriers des industries délocalisées et des producteurs de produits agricoles
tels le soja, ainsi que des «nostalgiques
d'une Amérique blanche (…) les
citoyens les moins éduqués ou les moins informés» menacés de
déclassement ; Donald Trump «attise
la haine chez les plus aigris, ment aux plus crédules, exalte les aigreurs et
les passions.» (Dominique Simonnet et Nicole Bacharan - Défendons nos
valeurs - Le Monde du 20 janvier 2017).
«La haine
chez les plus aigris» se traduit par la haine du «système» et par celle des
migrants, des Latinos, des Noirs, etc., donc par le développement du racisme
aux Etats-Unis qui fracture encore et toujours ce pays connu pour ses pogroms
anti «Autre».
Le repli nationaliste c'est se retirer de tous les
accords internationaux et multilatéraux basés sur le respect mutuel des
intérêts des pays négociateurs. C'est ainsi que, depuis l'accession de Donald
Trump à la présidence des Etats-Unis, les Etats Unis bafouent les règles du
commerce mondial, mises en place ou soutenues par eux, qui menacent de taxer
les exportations d'acier ou d'aluminium produits dans l'Union européenne et au
Canada. La sortie des Etats-Unis de l'accord de Paris contre le réchauffement
climatique en est un autre exemple.
Le repli nationaliste c'est aussi déclencher, en
cette période de la mondialisation accélérée des échanges commerciaux, une
guerre commerciale, qui ne dit pas son nom, avec la Chine, premier partenaire
commercial des Etats-Unis, en taxant de milliards de dollars les produits
importés. La Chine ayant réagi immédiatement, les milieux politiques et
commerciaux américains estiment que les «droits
de douanes vont affecter les entreprises et les consommateurs de Chine et des
Etats-Unis et mettre en danger l'économie des deux pays.» Les fermiers
producteurs de soja, «le cœur de
l'Amérique pro-Trump», risquent de payer cher la taxe imposée par la Chine
sur le soja américain.
Etant donné l'interdépendance croissante des
économies américaine et chinoise, les deux pays sont condamnés à s'entendre.
Mais, le mal est fait et les Chinois ont projeté leur plan «Made in China 2025»
qui vise à assurer l'autonomie technologique de la Chine par rapport aux
Etats-Unis.
Le repli nationaliste c'est aussi la mise en place
d'une politique de migration drastique, matinée de racisme, de séparation des
familles. Il s'agit de placer les enfants des demandeurs d'asile en centre de
détention, pendant que leurs parents sont emprisonnés en attendant un jugement.
Cette politique rappelle le triste souvenir des politiques racistes de
l'Allemagne nazie et de la France pétainiste, pendant la seconde guerre
mondiale, envers leur propre population de confession juive. Sous la pression
de l'opinion publique mondiale, Trump a dû faire marche arrière.
Le repli nationaliste c'est refuser tout compromis
avec ses voisins ou des pays tiers afin d'imposer SON point de vue et imposer
SES intérêts nationaux par-dessus tout. Ainsi, les Etats-Unis décident de
quitter le Conseil des droits de l'homme de l'ONU, sous prétexte que ladite
instance (si imparfaite soit-elle), est partiale envers Israël, un pays qui ne
respecte aucune des résolutions des Nations unies, agresse ses voisins et mène
une politique de colonisation et d'apartheid envers la population
palestinienne.
Politiquement parlé, le repli nationaliste pratiqué
par l'administration Donald Trump représente la politique
nationaliste-xénophobe de l'aile droite extrême du parti Républicain.
Militaristes
américains et traité nucléaire avec l'Iran
Le repli nationaliste de l'administration Trump
n'empêche pas le «système» américain dont fait partie le Pentagone (le
ministère de la défense) d'œuvrer pour le maintien, voire le renforcement, de
l'hégémonie militaire planétaire des Etats-Unis ainsi que le maintien et le
développement de leurs bases militaires dans le monde.
C'est sous cet angle que nous pouvons analyser
l'hostilité viscérale de l'administration Trump envers le traité nucléaire
conclu le 14 juillet 2015 entre l'Iran et les 5 puissances membres du Conseil
de sécurité + l'Allemagne.
Pourtant, certains observateurs mettent ce retrait
sur le compte du repli nationaliste et du retrait américain de tous ses
engagements internationaux (accord de Paris sur le climat, taxation des
produits importés de l'Union européenne et de la Chine, etc.).
Le repli nationaliste ne représente qu'un versant
de la politique américaine envers l'accord nucléaire avec l'Iran. Combattre le
développement de l'influence iranienne au Proche et au Moyen-Orient représente
l'autre versant, le plus important, de la politique étrangère américaine envers
l'Iran, la puissance montante.
Tout le monde a observé la différence de traitement
des Etats-Unis de Trump envers l'Iran et la Corée du Nord. Comme nous l'avons
écrit dans l'Analyse 10 du 14 d'octobre 2017 : «Depuis l'émergence de l'Iran en
tant que puissance régionale, ce pays est devenu une épine pour la puissance
américaine au Moyen-Orient. En effet, l'hégémonie mondiale passe par
l'hégémonie sans partage du Moyen-Orient. Une hégémonie qui empêcherait la
Russie d'accéder aux «mers chaudes» et qui permettrait à la puissance
hégémonique de dominer les principales voies de communication (terrestre,
maritime et aérienne) au Moyen-Orient et, facteur
vital pour l'économie mondiale, de disposer de toutes les sources d'énergie
de la région.
C'est donc l'Iran, plus que la Corée du Nord, qui a
porté le coup fatal à l'hégémonie planétaire américaine, en empêchant la
victoire occidentale en Syrie, en sabotant le «remodelage» du Moyen-Orient, en facilitant l'accès de la Russie,
rivale incontestée des puissances militaires occidentales, aux «mers chaudes».
C'est la raison pour laquelle, «les faucons aux Etats-Unis veulent remettre
l'Iran dans sa boite». Oubliant au passage que si l'Iran est sorti de «sa boite», c'est grâce aux erreurs
stratégiques américaines et de leurs alliés régionaux (Israël ou l'Arabie
saoudite), lors de leurs interventions militaires en Afghanistan, en Irak, au
Liban, en Syrie et au Yémen !
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